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Accord de pêche UE/Maroc: le Front Polisario "consterné" par la décision du Conseil de l'UE

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Bruxelles, 4 déc 2018 (SPS) Le Front Polisario "a pris note sans surprise  mais avec consternation" de la décision du Conseil de l’Union européenne du  29 novembre 2018 adoptant l’accord de pêche UE/Maroc, qui inclut une  extension aux eaux adjacentes au territoire du Sahara occidental occupé, a  indiqué le membre du Secrétariat national du Front Polisario,  ministre délégué pour l'Europe, Mohamed Sidati.
"Le principe même de cet accord est inacceptable car il constitue une  violation flagrante de la souveraineté. Bien entendu, le Front Polisario  conteste les conditions de l’accord, ses modalités et ses contreparties  financières, mais il ne s’agit là que des conséquences de la question  principale: la violation de la souveraineté sahraouie", a ajouté M. Sidati.
Il a rappelé l'évidence que le peuple sahraoui a une histoire qui forge  son unité et son indépendance vis-à-vis de quiconque, comme l’a reconnu la  Cour Internationale de Justice dès 1975. Le Sahara occidental est inscrit  depuis 1962 sur la liste des territoires non autonomes, c’est-à-dire des  territoires à décoloniser, et l’ONU a toujours abordé la question sous  l’angle du droit international.
La réaction du Front Polisario fait suite à la décision du Conseil de l'UE qui a adopté, jeudi, l'accord de pêche conclu en juillet dernier avec le  Maroc. Le texte, qui inclut le Sahara occidental, doit encore être validé  par le Parlement européen.
En février dernier, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) avait  pourtant tranché que l'accord UE/Maroc violait le principe de  l'autodétermination du Sahara occidental. Dans son arrêt de 2016, la CJUE a  rappelé que le Maroc et le Sahara occidental étaient deux territoires distincts et séparés et que le Maroc, qui est puissance militaire occupante, ne peut y exercer aucun acte de souveraineté. Il ne peut y avoir  d’activités économiques, commerciales ou autres, sur le territoire qu’avec  le consentement du peuple du Sahara occidental.
Dans ces conditions, l’Union européenne "devait négocier directement avec  le Front Polisario, seul représentant du peuple sahraoui, a affirmé M.  Sidati, mais, a-t-il déploré, les responsables européens l’ont refusé, et  ils cherchent à contourner la décision de la CJUE". Le ministre sahraoui  délégué pour l'Europe souligne dans ce sens: "Pour contourner la décision  de justice, le Conseil de l'Union européenne et la Commission ont fomenté  un processus d’extension d’un accord international sur un autre territoire,  sans en avoir le moindre droit, car ce territoire relève exclusivement de  la souveraineté du peuple Sahraoui".
"Une telle extension, en effet, sans le consentement du peuple du Sahara  occidental est nulle de droit. Les pseudos arguments sur les bénéfices pour  les populations sont dénués de fondements, dès lors qu’il y a violation de  la souveraineté. Seul le peuple sahraoui peut dire ce qui est bon pour  lui", a-t-il rétorqué, avant d'assurer que "si le Parlement européen  entérine cette atteinte à la souveraineté, le Front Polisario exercera un  nouveau recours en annulation devant la juridiction européenne".
"C’est une question de principe, pas de modalités. Nous dénonçons vivement  les contreparties financières qui vont encore apporter plus de 52 millions  d’euros, par an, au Maroc pour financer la colonisation, asseoir son  occupation. Il s’agit autant de spoliations du peuple sahraoui, mais ce que  nous refusons d’abord c’est cette violation de notre souveraineté. Nos  interlocuteurs européens vont devoir apprendre à respecter la souveraineté  du peuple de Sahara Occidental et l’intégrité de son territoire", a encore  indiqué le diplomate sahraoui.
"Ne pas vouloir respecter ni faire respecter les décisions de ses propres  instances judiciaires est en soi une atteinte aux valeurs fondatrices de  l’Union Européenne et à sa crédibilité même", a-t-il poursuivi, soulignant  qu'"il existe aujourd’hui de grands efforts, avec la médiation de l’envoyé  personnel du Secrétaire General de l’ONU, Horst Kohler, pour parvenir à une  solution pacifique au long conflit du Sahara occidental".
"Il se trouve que l’UE qui souscrit du bout de lèvres à cette dynamique,  s’active fébrilement à imposer des accords avec le Maroc s’étendant  illégalement au Sahara occidental occupé. Ce qui est de nature à contrarier  le processus de paix mené par les Nations Unies au Sahara occidental",  a-t-il conclu. (SPS)
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