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Le Front Polisario appelle le Parlement européen à revenir sur son accord de pêche avec le Maroc

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Bruxelles,10 décembre 2013(SPS) Le Front Polisario a appelé mardi le Parlement européen à revenir sur son accord de pêche avec le Maroc, qu’il considère "en porte-à-faux" avec ses principes fondés sur la justice, la liberté et le respect des droits de l’Homme.

"Nous lançons un appel solennel à l’adresse de l’UE, lui demandant de revenir sur cet accord (de pêche avec le Maroc, approuvé ce mardi par le Parlement européen) en porte-à-faux avec ses principes fondateurs", a indiqué le représentant sahraoui auprès de l’Union européenne (UE), Mohamed Sidati, qui a rappelé que l’UE "ne doit pas entériner" l’occupation de Sahara occidental.

Selon lui, ce protocole "donnera également une forme de légitimation à l’occupation marocaine du territoire, contribuant ainsi à prolonger les souffrances du peuple sahraoui".

"Au contraire, l’UE doit joindre ses efforts à ceux des Nations unies pour que soit parachevée le processus de décolonisation au Sahara occidental, processus en butte à la politique d’occupation, d’oppression et de répression des autorités marocaines", a-t-il souligné.

Il appartient à l’UE, a-t-il dit, de "contribuer à la fin de la politique du fait accompli, politique dangereuse pour la paix et la sécurité dans la région, et totalement préjudiciable pour les relations euromaghrébines".

Epuiser toutes les voies de recours...

M. Sidati a affirmé que le gouvernement sahraoui et le Front Polisario "useront de tous les recours possibles pour obtenir l’invalidation d’un tel accord pour que réparations soient données à notre peuple spolié de ses richesses".

"Un tel accord est contraire aux droits et intérêts du peuple sahraoui et aux principes pertinents du droit international applicables au Sahara occidental en tant que Territoire non autonome", a-t-il encore dénoncé.

"S’il est mis en oeuvre, l’accord déstabilisera une situation déjà passablement explosive dans la région, sapant les efforts des Nations unies pour trouver une solution pacifique et durable au conflit", a-t-il mis en garde.

Le nouvel accord de pêche UE-Maroc, a rappelé M. Sidati, "n’exclut pas les eaux territoriales sahraouies, alors qu’aux yeux de l’ONU le Sahara occidental est un territoire non autonome, dont le peuple n’a pu encore exercer son droit à l’autodétermination, et sur lequel le Maroc n’a aucune autorité légitime".

Selon l’avis consultatif de la Cour internationale de justice de 1975 et l’avis juridique donné en 2002 par le sous-secrétaire général aux Affaires juridiques de l’ONU, le Maroc n’exerce ni souveraineté ni administration légale au Sahara occidental. Il s’agit d’une puissance occupante, qui a envahi les territoires sahraouis militairement il y a 38 ans.

"A ce titre, il n’a aucun droit à conclure des accords avec des pays tiers pour l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental, sur lequel seul le peuple sahraoui dispose d’une souveraineté permanente. Il est donc tout à fait inacceptable que l’UE signe un accord de pêche avec le Maroc incluant, sans le dire, les eaux sahraouies", a-t-il soutenu.

Des positions européennes à saluer...

Le représentant de la RASD auprès de l’UE a tenu, toutefois, à salué les eurodéputés qui ont vote contre cet accord et pour le respect de la légalité internationale et du droit du peuple sahraoui de disposer de ses richesses. "Il y a lieu ici d’exprimer une reconnaissance particulière aux eurodéputés qui ont fait connaître par leur vote le rejet de cet accord inacceptable", a-t-il dit, saluant, dans ce contexte, "les positions des gouvernements de la Suède, Danemark, Royaume-Uni, Pays-Bas et de la Finlande, qui tous ont refusé de cautionner un tel accord, par respect des règles du droit international".

M. Sidati a, dans le même contexte, dénoncé la position de l’Espagne, ancien occupant du Sahara occidental, et son rôle dans l’aboutissement de ce nouvel accord de pêche.

"L’Etat espagnol, ancienne puissance coloniale, a réédité sa politique de trahison et d’abandon de 1975 vis-à-vis du Sahara occidental, se déployant sans compter pour obtenir l’approbation de cet accord de pêche illégal", a-t-il déploré, ajoutant que "l’Espagne contribue ainsi à prolonger les souffrances du peuple sahraoui, à contrarier les efforts en cours de l’ONU, et à entretenir davantage la tension et l’instabilité dans le Maghreb, une région pourtant si proche de l’UE".

Troquer principes contre intérêts...

Concernant les violations des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, M. Sidati a rappelé que "le récent rapport de Charles Tannock, relatif à la région du Sahel et au Sahara occidental, approuvé par le Parlement européen, le 22 octobre 2013, reconnaît que les autorités marocaines ont arrêté des personnes sur des bases politiques, qu’elles ont soumis des prisonniers sahraouis à la torture et au viol".

Le même rapport révèle également que les autorités marocaines "ont kidnappé des manifestants puis les ont abandonnés dans le désert pour les intimider, qu’elles ont délibérément et fréquemment ciblé des militants pro indépendance, les poursuivant jusque dans leur maison". Ce rapport exprime, en outre, le souhait que l’UE ne reconduise pas d’accord de pêche avec le Maroc "tant que la question du Sahara occidental ne sera pas résolue".

"Il y a juste deux ans, le Parlement européen a voté contre un semblable Protocole d’accord de partenariat de pêche UE-Maroc", a rappelé M. Sidati.

"Cette question de l’accord de pêche est décisive, car tant que le Maroc tirera profit de l’occupation de notre territoire, il n’ y aura pas de compromis possible pour régler le problème sahraoui", a-t-il ajouté. "L’approbation de cet accord a envoyé le mauvais message au Maroc : elle sera interprétée comme un signal de soutien à ses prétentions illégales sur notre territoire", a encore estimé le responsable sahraoui.

Ce mardi (10 décembre) coïncidant avec la Journée internationale des droits de l’Homme, et au terme d’un débat âpres entre partisans de la légalité et du droit international et tenants de l’exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental sans le consentement de son peuple, le Parlement européen réuni, en séance plénière, a voté le nouveau protocole d’accord de partenariat de pêche UE-Maroc.(SPS)

 

093/090/TRD