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Entre diffamation et répression : un militant sahraoui dénonce le silence systématique du Maroc sur la dissidence

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Entre diffamation et répression : un militant sahraoui dénonce le silence systématique du Maroc sur la dissidence

Rome(Italie), 19 jan 2025 (SPS) Le journal italien El Manifesto a publié aujourd’hui un article du défenseur sahraoui des droits de l’homme, Mohamed Dihani, qui met en lumière l’intersection entre la diffamation et la répression au Maroc et au Sahara occidental.

Dihani, un ex prisonnier politique et victime d’années de torture et de persécution dans les prisons secrètes marocaines, révèle comment les autorités marocaines ont utilisé la diffamation et l’espionnage numérique comme arme pour réprimer la dissidence et faire taire les voix critiques à l’égard du régime colonialiste et corrompu marocain.

L’article se concentre sur le cas d’Aziz Ghali, président de l’Association marocaine des droits de l’homme, qui est devenu la cible d’une intense campagne de diffamation pour s’être exprimé sur le Sahara occidental, un territoire considéré comme « occupé » par les Nations Unies.

Selon Dihani, le gouvernement marocain a mobilisé les médias alignés sur l’État et les « trolls » en ligne pour accuser Ghali de trahison, menaçant directement sa sécurité physique et discréditant son plaidoyer en faveur des droits humains.

Dihani soutient que la diffamation est devenue un outil clé dans l’arsenal répressif de l’État marocain, visant les militants, les journalistes et les personnalités publiques qui remettent en cause la position du régime sur des questions sensibles, notamment la corruption, la monarchie et l’occupation continue du Sahara occidental.

Il détaille comment des milliers de sites Internet et de comptes de médias sociaux, dont beaucoup sont liés à l’appareil sécuritaire marocain, attaquent les militants et les journalistes sahraouis et marocains, conduisant souvent à leur emprisonnement.

Un exemple de ce type est l’affaire Gdeim Izik, où 19 militants et journalistes sahraouis ont été condamnés à de lourdes peines, dont la réclusion à perpétuité, après avoir participé à une manifestation pacifique en 2010.

Ces actions, soutient Dihani, représentent une extension de la répression systématique du Maroc, qui est désormais renforcée par des technologies de surveillance avancées telles que le logiciel espion Pegasus de fabrication israélienne.

Les rapports d’Amnesty International et de Human Rights Watch confirment que Pegasus a été utilisé pour surveiller non seulement des journalistes et des militants marocains, mais aussi des personnalités internationales de premier plan, dont le président français Emmanuel Macron et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, a indiqué Dihani.

L’article met également en lumière le sort du journaliste Soulaiman Raissouni, emprisonné pendant cinq ans après avoir fait l’objet d’une avalanche d’attaques diffamatoires pour ses reportages sur la lutte contre la corruption. Bien qu’il ait récemment été libéré grâce à une grâce royale, Raissouni continue de faire l’objet de menaces et de harcèlement, ce qui souligne la précarité de la liberté de la presse au Maroc.

Les journalistes Omar Radi et Taoufik Bouachrine ont connu des sorts similaires, ce qui démontre une fois de plus comment la presse indépendante est devenue une cible privilégiée de la répression étatique.

Selon Dihani, les campagnes de diffamation au Maroc ne sont pas des actes aléatoires de médias voyous, mais une stratégie approuvée par l’État conçue pour intimider les critiques, diffuser de fausses informations et éroder la confiance du public dans le journalisme.

Ces mesures rappellent les « années de plomb », l’ère brutale de répression sous le roi Hassan II. Malgré les espoirs initiaux des Marocains de réformes sous le roi Mohammed VI, Dihani affirme que le régime actuel a intensifié son contrôle, recourant à la surveillance numérique et à la propagande pour étouffer plus efficacement la dissidence.

Dihani conclut en déplorant la situation désastreuse à laquelle sont confrontés les militants et les journalistes au Maroc et au Sahara occidental, dont beaucoup ont fui vers l’Europe pour demander l’asile.

En tant qu’exilé sahraoui lui-même, il reste dans l’incertitude, en attente d’une protection internationale tout en continuant d’attirer l’attention sur les abus subis par son peuple.

Le récit de Dihani est un rappel édifiant des défis auxquels sont confrontés ceux qui osent dénoncer l’oppression et souligne le besoin urgent d’une action mondiale pour soutenir les défenseurs des droits humains au Maroc et au Sahara occidental. (SPS)