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Le conflit au Sahara occidental s'ancre dans l’histoire des luttes pour la décolonisation

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Genève, 29 nov 2020 (SPS) Le conflit au Sahara occidental, où les affrontements entre le Front Polisario et le Maroc ont repris, "s’ancre dans l’histoire des luttes pour la décolonisation, sur fond d’importants intérêts économiques", a soutenu Xavier Dupret, économiste belge, dans un éclairage publié par le quotidien suisse Le Courrier.
"Il existe une autre caractéristique coloniale dans l’occupation de la terre des Sahraouis: la spoliation. Le Sahara occidental n’est pas un désert économique. Le phosphate y abonde", a précisé l'économiste. Or, explique-t-il, "la dépendance de l’Union européenne à l’égard de cette matière première, vitale pour la fabrication d’engrais, constitue une donnée structurelle".
Dans cette analyse, Xavier Dupret a précisé que les réserves finlandaises, les plus importantes d’Europe, ne représentent que 1,5% des réserves mondiales. C’est pourquoi la troisième liste des matières premières critiques dressée en 2017 par l’Union européenne reprend la roche de phosphate.
Dans sa contribution, M. Dupret, a souligné qu'un "cessez-le-feu est conclu en 1991. A cette époque, l’ONU met sur pied une Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso).
Il a indiqué que "les initiatives visant à organiser un référendum se sont, depuis, heurtées au refus systématique de la part de Rabat de considérer l’indépendance du Sahara occidental comme une issue au conflit".
"Ce blocage explique pourquoi l’accord de cessez-le-feu a été rompu récemment. En l’espèce, le Maroc a agressé des militants sahraouis dans la zone tampon d'El-Guerguerat", a t-il ajouté.
En outre, souligne l'expert, la pêche représente 70% de l’activité économique du Sahara occidental. "Dans un contexte de baisse des ressources halieutiques en Europe, l’accord de libéralisation des produits agricoles et de la pêche conclu en 2012 entre l’Union européenne et le Maroc incluait, comme par hasard, le Sahara occidental dans son champ d’application", a t-il souligné.
De ce point de vue, ajoute-t-il, la Cour de Justice européenne fut saisie. Elle statua en 2018 que l’accord de 2012 enfreignait "plusieurs règles de droit international applicables dans les relations entre l’Union et le Royaume du Maroc, notamment le principe d’autodétermination". En dépit de cet Arrêt, un nouvel accord de pêche a été conclu entre l’UE et le Maroc pour une durée de quatre ans. Il s’applique illégalement à nouveau aux eaux adjacentes au Sahara occidental.
L'économiste est revenu sur "le soutien inconditionnel qu’apporte la France au Maroc qui ne risque pas de diminuer à court terme", soulignant que "Rabat aura grand besoin d’exploiter les ressources du Sahara occidental à l’avenir. La dette extérieure marocaine représentait en 2019 (donc avant la crise de la Covid-19) 45% du PIB et 160% des exportations du pays". "Ces données inquiètent les milieux financiers", a-t-il souligné.
L’agence d’évaluation financière Fitch Ratings a baissé, à la fin du mois d’octobre, la notation de la dette marocaine, aujourd’hui considérée comme un actif spéculatif. L’attrait pour le Sahara occidental va donc perdurer et la lutte du Front Polisario s’inscrit déjà dans la continuité des grands combats qui, de la guerre d’Algérie à la lutte contre l’apartheid, ont forgé l’histoire de l’Afrique, a affirmé M. Dupret. (SPS)
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