Madrid, 03 avr 2022 (SPS) L'expert espagnol en droit international et droit constitutionnel, Carlos Ruiz Miguel a indiqué que le revirement de l'Espagne sur la question du Sahara occidental, exprimé par le Premier ministre Pedro Sanchez, constituait une "grave erreur sur le fond et la forme".
"Ce qui s'est passé est profondément répréhensible et extrêmement grave, sur le fond et la forme", a affirmé Carlos Ruiz Miguel dans une interview accordée au journal espagnol "El Debate", notant que ce changement de position a été fait en violation de l'article 97 de la Constitution qui stipule que le gouvernement, représenté par le Conseil des ministres, dirige la politique étrangère.
"La décision n'a pas été prise par le gouvernement. Sanchez et le ministre des Affaires étrangères, José Manuel Albares, l'ont prise dans le dos du reste des membres du Conseil des ministres", a-t-il soutenu, relevant que les deux responsables espagnols se sont attribué une prérogative que la Constitution ne leur confère pas.
L'expert espagnol, qui est aussi le directeur du Centre d'études sur le Sahara occidental, a insisté sur le fait qu'en Espagne, la politique étrangère n'est pas dirigée par le Premier ministre, "mais par le gouvernement, qui est un organe collégial où il faut discuter et voter au sein du Conseil des ministres".
Il a évoqué, en outre, la responsabilité historique de l'Espagne en tant que puissance administrante au Sahara occidental, notant que ce pays a "des obligations du point de vue juridique" pour "faciliter la décolonisation dans ce territoire" occupé.
"L'Espagne a soutenu l'une des parties belligérantes, le Maroc, qui est l'occupant et l'agresseur. C'est-à-dire que l'Espagne, au lieu de faciliter le respect de ses obligations internationales, s'aligne sur une position qui empêche la décolonisation", a-t-il déploré.
L'expert a estimé qu'à travers son revirement sur la question du Sahara occidental, l'Espagne n'a "absolument rien gagné", soulignant que la position exprimée par Sanchez est "une reddition déguisée en échange".
Cela, a-t-il ajouté, "ne peut s'expliquer que par une politique profondément défaitiste de la part du gouvernement espagnol" qui a cédé aux menaces du Maroc "contre l'intégrité territoriale de l'Espagne à Ceuta, Melilla et les îles Canaries, ce qui d'emblée nous révèle déjà que ce n'est pas un pays ami".
L'expert en droit international a expliqué que l'Espagne a cédé face aux chantages du Maroc sans aucune contrepartie, relevant que ce revirement n'est qu'une "déclaration unilatérale" de Madrid et qu'il n'y a aucune déclaration de Rabat disant respecter l'intégrité territoriale de l'Espagne. (SPS)
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