Bruxelles, 17 mars 2022 (SPS) Plusieurs experts et députés européens ont dénoncé mercredi la politique économique et commerciale "contradictoire" de l'Union européenne (UE) vis-à-vis des territoires occupés comme le Sahara occidental, soulignant la nécessité d'avoir une "réponse cohérente et uniforme" fondée sur les principes établis du droit international.
Lors d'un débat de la Commission européenne sur le "lien entre les droits de l'Homme et le commerce dans le contexte des territoires non-autonomes et occupés", le politicien et expert du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord du Conseil européen des relations étrangères, Hugh Lovatt, a relevé que sur une douzaine de territoires occupés et annexés, les positions de l'UE ont varié et les règles ne sont pas toujours appliquées aux mêmes territoires.
Dans son intervention, M. Lovatt a indiqué que "l'UE devrait avoir une approche plus cohérente et plus rigoureuse en matière de politique commerciale sur les territoires occupés, ça doit s'appliquer de manière égale aux ennemis, aux amis et à l'UE".
"Ce manque de cohérence a compromis l'intégrité du marché intérieur de l'UE et sa crédibilité. Il faut prendre ça au sérieux. Dans un monde de plus en plus dominé par les intérêts géopolitiques, cette cohérence est importante", a-t-il affirmé.
Alors qu'une initiative citoyenne exhortant l'UE à arrêter les échanges commerciaux incluant les territoires des pays occupés ou annexés a été lancée, M. Lovatt a appelé à la soutenir et défendre les entreprises qui choisissent de ne pas violer les lois internationales.
Pour sa part, François Dubuisson, professeur et expert en droit international, a souligné l'importance d'avoir une "réponse uniforme et cohérente" par rapport à toutes ces situations illégales, dénonçant la politique commerciale contradictoire de l'UE vis-à-vis de ses échanges avec le Maroc.
M.Dubuisson a déploré la réaction "différente" de l'UE envers le Maroc, avec lequel elle a conclu des accords pour favoriser le commerce et l'exportation des ressources naturelles du Sahara occidental occupé, sans le consentement du peuple sahraoui, tandis que les mesures prises envers la Russie étaient plus sévères compte tenu du contexte actuel.
"Il est temps que les positions de l'UE soient fondées de manière cohérente sur les principes établis du droit international", a-t-il soutenu.
De son côté, Gilles Devers, l'avocat spécialiste en droit international, a estimé que l'étiquetage des produits provenant des territoires occupés ne résolut pas la situation et que la "solution consiste en l'interdiction du commerce incluant les territoires occupés".
Pour sa part, le député européen et membre du parti espagnol Podemos, Miguel Urban Crespo, a affirmé dans son intervention que la politique commerciale européenne devait être "cohérente, elle doit défendre les traités européens et internationaux, sinon c'est une politique injuste, incohérente et illégale" .
Il y a eu une décision "historique" du Tribunal européen "annulant les accords commerciaux (agricole et de pêche) entre l'UE et le Maroc parce que c'est une exploitation illégale des ressources appartenant au Sahara occidental. Cet arrêt montre clairement l'incohérence qui existe entre la politique commerciale de l'UE et les droits humains. C'est une honte", s'est-il indigné. (SPS)
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