Alger, 07 mars 2022 (SPS) Les femmes sahraouies célèbrent cette année la Journée du 8 mars sur fond de victoires diplomatiques et de succès militaires que remporte le Sahara occidental jour après jour, défiant la politique d'anéantissement de l’occupant marocain et le silence du monde face aux violations des droits de l’homme dans les territoires occupés.
La femme sahraouie, devenue incontestablement l'icône de la lutte de l’ère moderne, était, d’abord, engagée dans la révolution contre l’occupant espagnol dans les années 70, puis contre l'occupation marocaine qui se poursuit toujours en violation de la légalité internationale. Elle a également marqué sa présence distinguée dans la bataille politique, diplomatique et médiatique pour le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Son nom est évoqué aussi dans l'édification des institutions de la République sahraouie, membre fondateur de l’Union africaine.
L’héroïne Sultana Sid Ibrahim Khaya, injustement placée depuis novembre 2020 en résidence surveillée par les autorités marocaines à Boujdour occupée, est l'une des icônes de la lutte de la femme sahraouie pour le droit du peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination. Sa résistance et sa résilience ont pu être documentées par des médias internationaux malgré le black-out imposé par l'occupant marocain sur les territoires occupés.
La militante des droits de l'homme subit des attaques récurrentes au cours desquelles elle a été battue, sa main droite fracturée et son œil crevé.
Elle raconte à l'APS comment sa maison est transformée en "une prison dépourvue de conditions de vie minimales" (coupures d'eau et d'électricité, incursions à des heures tardives de la nuit, jets de pierres et d’objets sales devant la porte et à travers les fenêtres de la maison). Ceci en sus du harcèlement sexuel, verbal et physique, et le viol dont sa sœur et elle ont été victimes en présence de sa mère.
Le silence de la communauté internationale dénoncé
Sultana Khaya affirme avoir fait l'objet d'une tentative de liquidation physique par les forces de sécurité marocaines, qui lui ont injecté des substances d'origine inconnue, et qui l'ont privée de soins après avoir été infectée par le Covid-19. Elle ajoute que toute personne qui tentait de lui rendre visite par solidarité est prise à partie, dénonçant les fausses informations colportées par les médias du Makhzen concernant la situation des droits de l'homme dans la partie occupée du Sahara occidental.
A cet effet, elle dénonce le silence de la communauté internationale face aux violations commises contre le peuple sahraoui et les Sahraouies en particulier dans les villes occupées, à un moment où les femmes du monde entier célèbrent leur Journée internationale.
Par la même occasion, Sultana Khaya lance un appel à toutes les "consciences vivantes" à travers le monde pour sauver le peuple sahraoui, soulignant que "les femmes et les combattantes sahraouies continueront de lutter pour rétablir la souveraineté de la République sahraouie sur toutes ses terres occupées".
Sur cette lancée, Mina Abba Ali, membre de la l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM) appelle la communauté internationale à intervenir pour mettre fin aux souffrances des femmes sahraouies, "dont la dignité et l'honneur sont bafoués", dénonçant le silence de l'ONU et du Conseil de sécurité face aux crimes de l'occupant marocain, qui continue de transgresser le droit international humanitaire au Sahara occidental.
La militante sahraouie a tenu à partager son témoignage sur l'"enlèvement et les déplacements forcés" qu'elle a subis depuis les années 90, alors qu'elle n'avait que 16 ans à l'époque. Elle avait été assignée à résidence dans la ville marocaine de Tan-Tan située au sud d'Agadir. Après son retour dans sa ville de Laâyoune occupée, le Makhzen l'a de nouveau enlevée pour avoir hissé, avec un groupe d'étudiants, des drapeaux sahraouis et écrit sur les murs des slogans glorifiant le Front Polisario et dénonçant l'occupation marocaine.
Récemment encore, elle a été agressée à deux reprises, le 18 février dernier et le 27 du même mois, alors qu'elle s’apprêtait à effectuer une visite de solidarité, en compagnie d’autres militants sahraouis, à Sultana Khaya.
Avant de conclure, elle a dénoncé le maintien du mur de sable (ou mur de la "honte") qui sépare encore les familles sahraouies au 21e siècle. (SPS)
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