Chahid ElHafedh, 17 nov 2021 (SPS) La militante sahraouie pour les droits de l'Homme, Sultana Sidi Brahim Khaya, assignée à résidence depuis une année dans la ville de Boujdour occupée, fait face à une injustice et une oppression accrue, devant le silence honteux de la communauté internationale qui a échoué à protéger les Sahraouis des pratiques inhumaines de la tyrannie marocaine.
Selon des associations sahraouies, les violations des droits de l'Homme et les actes de répression se sont multipliés et durcis depuis la reprise de la lutte armée, le 13 novembre 2020 entre le Front Polisario et le Maroc, suite à l'agression militaire de ce dernier contre des civils sahraouis à El-Guerguerat.
Depuis, les forces d'occupation marocaines mènent une campagne massive de répression contre les défenseurs des droits de l'Homme, les journalistes et les prisonniers politiques, ainsi que contre les civils sahraouis pour les intimider et les dissuader d'exercer leurs droits à la liberté d'expression et d'association.
L'assignation à résidence arbitraire en cours de la défenseuse des droits humains Sultana Khaya et de sa soeur Luara constitue l'un des exemples et symboles les plus graves de la répression menée dans les territoires occupés du Sahara occidental.
Elle et les membres de sa famille sont depuis le 19 novembre 2020, assignés à résidence de manière arbitraire par les forces d'occupation marocaines, et subissent systématiquement des violences physiques, psychologiques et sexuelles.
Le 10 mai, le domicile a été saccagé et trois militants qui vivaient avec la famille ont été arrêtés. Les agents marocains ont battu Sultana et sa soeur, détruit des meubles et volé des documents, de l'argent, des ordinateurs et des objets de valeur. Deux jours après, les deux soeurs ont été violées et les agents ont versé un liquide toxique et nauséabond dans toute la maison, qui a rendu la famille Khaya malade.
Nouvelle agression marocaine "ignoble" contre Sultana Khaya
Le 22 août, ces mêmes agents ont à nouveau fait irruption dans la maison et agressé sexuellement les deux femmes et ont exposé de force Sultana au Covid-19. Elle a été testée positive au coronavirus le 1er septembre.
Jusqu'à ce jour, l'assignation à résidence se poursuit avec la même force, se manifestant par deux agressions physiques et sexuelles ce mois de novembre. Sultana s'est également vu injecter une substance inconnue, la laissant dans un état de santé critique, en plus de causer des dégâts à la maison, qu'ils ont aspergée avec de l'eau de mouffette, utilisée dans les attaques israéliennes contre les Palestiniens.
La Commission sahraouie des droits de l'Homme (CONASADH) et l'Instance sahraouie contre l'occupation marocaine (ISACOM) ont condamné cette agression ignoble et lâche contre la famille Khaya, imputant ce "crime contre l'humanité" à l'ONU et au Comité international de la Croix-Rouge (CICR), "qui jouent un rôle honteux et incompréhensible, car ils n'ont rien fait pour protéger les civils (sahraouis) dans le cadre de leur mandat de mettre en œuvre les dispositions des Conventions de Genève".
Silence honteux de la communauté internationale
Durant ce temps, l'occupation marocaine n'a pas acquiescé à l'appel des Sahraouis et de la communauté internationale d'arrêter les souffrances du peuple sahraoui dans les territoires occupés.
Les forces d'occupation ont avorté toute tentative de visite à la militante ou même de s'approcher de son domicile. Une délégation espagnole composée de médecins et d'avocats a d'ailleurs été expulsée le mois dernier par les autorités marocaines de l'aéroport de Laâyoune occupée.
Dans ce sens, plusieurs ONG et associations de défense des droits de l'Homme locales et internationales comme Amnesty International ont dénoncé l'assignation à domicile et la surveillance arbitraire de Sultana Khaya et saisi les différentes institutions des Nations unies, de l'Union africaine et de l'Union européenne pour faire pression sur le régime du Makhzen marocain afin qu'il cesse son agression contre les civils sahraouis, libérer les détenus politiques et envoyer des missions internationales pour les droits de l'Homme dans les territoires occupés.
Le 10 novembre dernier, l'eurodéputé Miguel Urban a demandé à la commission des droits de l'Homme du Parlement européen d'intervenir pour assurer la sécurité de la militante sahraouie, dont l'état de santé a été affecté après la dernière agression des forces d'occupation marocaines.
Le CICR a été appelé pour prendre des mesures urgentes afin d'assurer la sécurité des citoyens sahraouis sans défense, et à travailler à l'envoi d'urgence d'une mission médicale dans la ville de Boujdour occupée pour enquêter sur les violations du droit humain international et des Conventions de Genève contre la famille de Sultana Khaya.
Dans cet élan de solidarité, le Comité national sahraoui des droits humains organisera vendredi prochain un colloque en visioconférence avec la participation d'acteurs internationaux et sahraouis des droits de l'Homme.
En outre, une campagne nationale a été lancée par un groupe de jeunes sahraouis, sous la tutelle du ministère de la Jeunesse et des Sports, en coopération avec l'Union des femmes sahraouies pour soutenir les femmes devenues icônes de la lutte contre l'oppression.
"Les femmes sahraouies des terres occupées se sont hissées au premier rang pour affronter les forces d'occupation. Elles ont résisté à toutes les formes d'abus", avait écrit le journaliste sahraoui Lahcen Boulsan. (SPS)
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