Chahid ElHafedh, 10 mai 2021 (SPS) Le Front Polisario célèbre lundi le 48 ème anniversaire de sa création dans un contexte particulier qui a contraint le mouvement pour la Libération de la Seguiet et Hamra et du Rio de Oro à reprendre la lutte armée pour libérer ses territoires occupés par le Maroc après l'arrêt du processus de paix et le blocage de la voie diplomatique.
Quarante huit ans auparavant, plus exactement le 10 mai 1973, naissait le mouvement Front Polisario (acronyme abrégé de l'espagnol Front populaire pour la Libération de la Seguiet et Hamra et du Rio de Oro).
Le mouvement s'était constitué par la rencontre de deux groupes de militants nationalistes. Il s'agit d'étudiants sahraouis à Rabat, dont Mohamed El Ouali Ould As-Sayed (surnommé Lulei) et des nationalistes sahraouis réfugiés à Zouérate après les incidents de Laâyoune de juin 1970.
Le 10 mai 1973, le Front Polisario tient son congrès constitutif à Ain-Bentili pour réclamer l'indépendance du Sahara espagnol, s'opposant à son rattachement au Maroc ou à la Mauritanie.
Dans le bref manifeste politique rédigé à cette occasion le Polisario affirme, entre autres, qu'il optait pour la " lutte armée", pour que le peuple sahraoui "puisse recouvrer sa liberté totale et déjouer les manœuvres du colonialisme espagnol".
Dans la foulée de sa création le Polisario devenu par la suite le seul représentant légitime du peuple sahraoui, entama la lutte armée dès le 20 mai de la même année, avec l'attaque et l'occupation d'un poste militaire espagnol à Khanga (près de la frontière marocaine) suivi par d'autres actions, notamment à Tifariti et Bir Lahlou.
Le deuxième congrès du Front Polisario organisé du 25 au 31 août 1974 a permis l'adoption d'un manifeste politique et un programme d'action nationale qui insistaient sur le rôle des masses et se prononçait pour l'indépendance complète du territoire sahraoui.
Entre temps, et conformément à la demande de l'Assemblée générale de l'ONU, le comité de décolonisation a décidé, le 27 mars 1975 d'envoyer une mission de visite au Sahara occidental et dans les pays voisins pour faire des propositions pour la décolonisation du Sahara occidental.
Après la publication du rapport de cette mission, la Cour internationale de Justice a conclu qu'il n'y avait aucun lien de souveraineté territoriale entre le Sahara occidental et le Maroc ou l'ensemble mauritanien.
Immédiatement après l'avis consultatif de la CIJ, le Maroc a décidé de lancer une marche de 350.000 personnes pour annexer le Sahara Occidental, malgré les diverses interventions de l'ONU. Le 14 novembre 1975, le Maroc et la Mauritanie ont conclu un accord à Madrid pour s'emparer de ce territoire non autonome.
L'invasion militaire du territoire s'était alors heurté à une vive résistance de la part du Front Polisario.
Entre la fin de l'année 1975 et le début de l'année 1976, le Front pour la Libération de la Seguiet et Hamra et du Rio de Oro a mené plusieurs combats contre le Maroc et la Mauritanie.
Le 21 janvier 1976, le Front Polisario a notamment abattu un avion F-5 de l'armée de l'air marocaine grâce à un missile SAM-6 de fabrication soviétique au dessus de la Mauritanie qui s'est soldé par le capture du pilote marocain.
Dans ce contexte, la question sahraouie est devenue célèbre au sein des instances continentales et internationales, le succès du Front Polisario ayant atteint son paroxysme après l'annonce de la création de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en 1976, suite au retrait de l'occupant espagnol, alors que l'assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution 34/37 du 21 novembre 1979 reconnaissant entre autres, le Front Polisario comme représentant légitime du peuple sahraoui.
L'une des réalisations de la diplomatie sahraouie, a d'ailleurs été la consécration de la RASD en tant que membre à part entière et fondateur de l'Union africaine (UA), participant à toutes les réunions et sommets de l'UA aux côtés d'autres Etats du continent.
Après 16 ans de lutte armée, les prémices d'une solution pacifique se sont cristallisés à la faveur de la signature d'un accord de cessez-le-feu en 1991 ouvrant la voie à l'organisation d'un référendum d'autodétermination parrainé par l'ONU.
Mais après trente ans de cessez-le-feu, le Front Polisario a repris la lutte armée, se retrouvant en situation de légitime défense face aux violations de l'accord de cessez-le-feu par le Maroc le 13 novembre 2020 après l'agression de civils sahraouis qui manifestaient pacifiquement contre l’ouverture par le Maroc de la brèche illégale dans la zone tampon d'El Guerguerat au sud-ouest du Sahara Occidental. (SPS)
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