Genève, 29 avr 2021 (SPS) Les experts des droits humains de l'ONU ont confirmé les violations systématiques et généralisées perpétrées par le régime marocain au Sahara Occidental occupé, pointant un "environnement hostile" au travail de défense des droits de l'homme dans ce territoire non autonome.
Dans une communication conjointe adressée au gouvernement marocain, quatre procédures spéciales du Conseil des droits de l'homme expriment de sérieuses préoccupations concernant une multitude d'abus commis contre huit éminents défenseurs sahraouis des droits de l'homme, selon un communiqué du Groupe de soutien de Genève pour la protection et la promotion des droits humains au Sahara occidental.
Dans une forte réprimande au gouvernement marocain, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les défenseurs des droits de l'homme, le Rapporteur spécial sur la liberté d'expression, le Rapporteur spécial sur la torture et le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire ont publié une communication conjointe adressée au Royaume du Maroc exprimant de sérieuses préoccupations sur les violations des droits de l'homme commises à l’encontre du peuple sahraoui dans les territoires occupés du Sahara Occidental, en se concentrant sur les cas de huit victimes.
Les victimes mentionnées dans la communication conjointe sont des activistes sahraouis bien connus du territoire occupé qui ont soumis des plaintes de droits de l'homme à l'ONU.
Les victimes, toutes des défenseurs des droits de l'homme, comprennent des citoyens journalistes, des avocats bien connus et des étudiants activistes, et parmi eux se trouvent deux prisonniers politiques.
Il s'agit de Naziha El Khalidi, Aminatou Haidar, Mahfouda Bamba Lafgir, Yahya Mohamed Elhafed Iaazza, Al-Hussein Al-Bashir Ibrahim, Mohamed Radi Ellili, Ali Saadouni et Nour Eddin El Aargoubi.
Alors que la communication de l'ONU aborde spécifiquement les violations commises contre les huit victimes, elle mentionne également la préoccupation plus large que ces cas représentent la pointe de l'iceberg et que le Maroc mène une intimidation systématique généralisée contre les défenseurs des droits de l'homme sahraouis afin de les décourager de mener à bien leur travail et de limiter leur droit à la liberté d'association et d'expression.
"Nous sommes préoccupés par ce qui semble attester d’un manque de sécurité et d'un environnement hostile envers défenseurs et défenseuse des droits de l'homme au Maroc et au Sahara occidental ", indique l'ONU au Maroc, cité dans le communiqué du groupe de Genève.
Pour les rapporteurs spéciaux de l'ONU, "la criminalisation des défenseurs et défenseuses des droits humains entrave sérieusement leur capacité à poursuivre leur important travail en faveur des droits de l'homme".
"Les actes de torture, les poursuites judiciaires, les menaces et la surveillance constante constituent une autre attaque grave contre les organisations et les défenseurs et défenseuses des droits humains. Ces actes ont un effet paralysant sur la société civile et dissuadent d'autres personnes de travailler dans le domaine des droits de l'homme", affirment-ils.
Selon l'ONU, "les allégations de violations flagrantes et systématiques des droits de l'homme commises par le Royaume du Maroc dans les territoires occupés du Sahara Occidental comprennent des menaces de mort, une surveillance généralisée, des assignations à résidence, des campagnes de diffamation, des représailles économiques, des détentions arbitraires, des détentions prolongées, des tortures et des disparitions forcées effectives contre les activistes sahraouis.
Toutes les affaires concernent des incidents de persécution par les autorités marocaines de militants sahraouis en réponse à leur soutien au droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental, un territoire non autonome en attente de décolonisation qui est occupé par le Royaume du Maroc depuis 1975, souligne l'ONU.
La communication conjointe des rapporteurs demande également au Royaume du Maroc quelles mesures spécifiques ont été prises pour enquêter sur les violations et pour juger les responsables de leurs actions.
En exprimant leurs graves préoccupations, les Procédures Spéciales ont placé le Front Polisario, reconnu depuis 1979 par l'ONU comme le seul représentant du peuple du Sahara Occidental, en copie de la lettre envoyée au Royaume du Maroc. " C'est la première fois que le Front Polisario est placé en copie d'une lettre envoyée au Royaume du Maroc, attestant de la position du mécanisme des droits de l'homme de l'ONU en accord avec le droit international", relève le groupe de Genève.
Les autorités marocaines ont répondu avec colère à la communication de l'ONU mais n'ont répondu à aucune des allégations.
Dans le même contexte, les rapporteurs onusiens affirment que "le Maroc a également militarisé le Covid-19, en utilisant abusivement les restrictions sanitaires de diverses manières contre les Sahraouis". (SPS)
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