Ottawa, 22 avr 2021 (SPS) Le processus de paix des Nations unies au Sahara occidental n'a pas atteint ses objectifs car les alliés du Maroc, à savoir la France, l'Espagne et les Etats-Unis, ont fait passer leurs intérêts avant le droit des Sahraouis à l'indépendance, assure Vivan Solana, professeur d'anthropologie à l'université d'Ottawa, au Canada.
"L'inefficacité systématique du processus de paix des Nations unies au Sahara occidental peut être expliqué en examinant ce que les alliés du Maroc (spécialement la France, l'Espagne et les Etats-Unis) considèrent comme opportunités et profits à tirer à travers l'occupation du Sahara occidental", soutient l'universitaire dans une tribune publiée dernièrement sur le site du Middle East Research and information Project (MERIP), un groupe de recherche qui s'intéresse, notamment aux conflits en cours dans la région du Moyen-Orient.
D'après elle, des firmes nord-américaines et européennes ont investi au Sahara occidental, dans le cadre d'accords économiques avec le Maroc, pour exploiter les ressources des territoires occupés en dépit de l'illégalité de ce genre d'investissement. Le phosphate, les ressources halieutiques, les produits agricoles, le pétrole sont autant de ressources qui intéressent les alliés occidentaux du Maroc.
Autant de motivations, selon l'auteur de la tribune, qui "poussent les Occidentaux à accorder la priorité à leurs relations avec le Maroc plutôt qu'aux droits politiques du peuple sahraoui et au détriment du respect du droit international".
Selon Vivian Solana, la France a utilisé, plusieurs fois, son droit de véto, à l'ONU (Organisation des Nations unies) contre les résolutions proposant de doter la Minurso (Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental) d'un mandat pour s'assurer du respect des droits de l'Homme dans les territoires sahraoui occupés.
L'universitaire estime, par ailleurs, que le processus de paix des Nations unies au Sahara occidental a assuré au Maroc un certain nombre d'avantages pour consolider sa présence dans les territoires occupés. Il lui a également permis de gagner du temps en attendant d'obtenir un soutien politique de ses alliés, ce qui a eu lieu avec la proclamation faite par l'ancien président américain, Donald Trump le 10 décembre 2020 au sujet de sa reconnaissance de la prétendue souveraineté marocaine sur le Sahara occidental.
En revenant à la lutte armée en novembre dernier, le Front Polisario a exprimé son refus de continuer à se plier à un processus de paix qui "a plus servi l'occupation que la paix elle-même", poursuit l'auteur.
D'après elle, il y a une "volonté d'occulter la guerre qui se déroule dans les territoires occupés afin de protéger ce statu quo bénéfique pour le Maroc et ses puissants alliés". (SPS)
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