Chahid ElHafedh, 27 déc 2020 (SPS) En 2020, la question sahraouie a fait son retour sur le devant de la scène internationale dans la foulée de l'agression marocaine en violation du cessez-le-feu de 1991, qui a donné au demeurant un nouveau souffle au processus de règlement onusien accompagné d’un élan de solidarité mondiale avec le peuple sahraoui plus que jamais déterminé à recouvrer son indépendance.
L'agression marocaine, du 13 novembre, contre des civils sahraouis à El Guegruerat (sud-ouest du Sahara occidental) où ils manifestaient pacifiquement pour réclamer la fermeture définitive de la brèche illégale dans la zone tampon, a permis à la question sahraouie de rompre avec "l'immobilisme" qu’elle a connu durant plusieurs mois en raison, notamment, de la lenteur dans la nomination d’un nouvel émissaire, poste vacant depuis la démission de Horst Kohler en mai 2019.
En violant le cessez-le-feu signé en 1991 avec le Front Polisario, représentant légitime du peuple sahraoui, le Maroc n'a laissé d'autres choix à ce dernier que de renouer avec la lutte armée comme dernier recours, compte tenu de l'absence de perspectives de négociations politiques sérieuses en vue d’un règlement politique du conflit du Sahara occidental.
Contrairement à ce à quoi s’attendait certains, particulièrement le régime marocain, ces développements ont donné lieu à l’affirmation de l’engagement des peuples du monde en faveur de la question sahraouie. ONG, associations, partis politiques, députés, personnalités et militants des droits de l'Homme se sont mobilisés à travers différents capitales pour défendre le droit du peuple sahraoui à exercer son droit à l'autodétermination.
Cet élan a été appuyé par les Etats d'Afrique et d'Amérique latine ainsi que les instances juridiques et politiques à travers le monde, appelant à un dialogue devant conduire à une solution qui respecte la volonté du peuple sahraoui.
Face à l'évolution dangereuse à El Guerguerat, l'Algérie a affirmé lors du 14e Sommet extraordinaire des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine (UA), que le projet "faire taire les armes" ne pourrait aboutir sans l'éradication des résidus du colonialisme en Afrique conformément à la Déclaration des Chefs d'Etat et de Gouvernement de mai 2013 et de l'Agenda continental 2063. Jamais donc, sans la décolonisation du Sahara occidental.
Pour l'Algérie, pays voisin des parties au conflit, les derniers développements constituent un "réel motif de préoccupation et d'inquiétude". A cet effet, le gouvernement algérien a appelé à la "relance du processus de règlement politique en accélérant la nomination d'un Représentant personnel du Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies (ONU) et la reprise des négociations entre les deux parties au conflit".
Au niveau de l'Union africaine (UA , il a été décidé de réinscrire la question du Sahara occidental dans l’agenda du Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l'UA pour donner un nouveau souffle à ce dossier.
La décision jette la lumière sur les derniers développements survenus en République sahraouie suite à l’agression marocaine et intervient pour mettre un terme aux tentatives du Maroc d’écarter l’organisation panafricaine des efforts visant à trouver une solution au conflit au Sahara occidental.
Au plan onusien, le soutien à la cause sahraouie a été renforcé également par l'adoption récemment, sans vote, par l'Assemblée générale d'une résolution dans laquelle elle appuie la solution garantissant au peuple du Sahara occidental son droit à l'autodétermination, la tache pour laquelle a été créée, il y a 30 ans, la Mission des Nations Unies pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara occidental (Minurso), dont le mandat été renouvelé fin octobre pour un an.
Il se trouve qu'en dépit des rapports accablant sur la situation des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, le mandat de la Minurso a été prolongé sans intégrer dans son mandat la surveillance des droits de l’homme.
Alors que s'achève l'année 2020, le président sortant américain, Donald Trump, a pris tout le monde de court, y compris ses concitoyens, en annonçant via Twitter sa décision de reconnaître la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental en contrepartie d'une normalisation des relations entre le Maroc et l'entité sioniste.
Cette décision a été vivement condamnée à l’échelle internationale, mais aussi par la classe politique américaine, la considérant "sans valeur légale".
Aussitôt annoncée, le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a souligné que le règlement du conflit du Sahara occidental ne dépendait pas de la "reconnaissance individuelle des Etats", mais plutôt de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité. Dans une autre réponse ferme à cette décision, l'Assemblée générale de l'ONU a approuvé, sans vote, une liste dans laquelle elle affirmait son soutien à une solution politique juste et durable qui garantirait au peuple sahraoui son droit à l'autodétermination.
En réaction à ce "troc" négocié par Trump, le SG de l'ONU a prié le Comité spécial chargé de la mise en œuvre de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, de continuer à suivre la situation au Sahara occidental avec un rapport sur la question lors de la 76e session de l'Assemblée générale. (SPS)
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