Genève, 10 sept 2020 (SPS) Le Front Polisario a déclaré jeudi à Genève que le référendum d'autodétermination au Sahara Occidental Occupé s'imposait avec urgence, appelant l'Assemblée générale des Nations Unies à fixer une date pour la tenue de ce scrutin qui continue jusqu'à présent à être ajourné.
"Tout retard dans l’exécution du plan de règlement, ONU/OUA devant permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit inaliénable à l'autodétermination et à l'indépendance ne fera que compliquer la situation sur le terrain et risquerait de déstabiliser la région", alerte le Front Polisario dans un Mémorandum signé par sa représentante en Suisse, Mme Omeima Abdeslam.
"Il est donc impératif que l'Assemblée générale de l’ONU fixe une date pour la tenue du référendum d'autodétermination conformément à la Charte des Nations Unies relative à la décolonisation ", insiste la diplomate sahraouie.
Depuis son invasion du Sahara occidental en 1975, le Maroc y agit au mépris de la Charte des Nations Unies, de l'Acte constitutif de l'UA et des principes fondamentaux du Droit international, mais aussi de l’avis de la Cour internationale de justice(CIJ), qui avait statué la même année que Rabat n'avait pas de titre souverain sur le territoire du Sahara occidental, rappelle la représentation sahraouie.
Par conséquent, l’ONU et ses membres sont appelés à prendre les décisions et mesures nécessaires, individuellement et collectivement, pour contraindre le Maroc à mettre fin à son occupation illégale du Sahara occidental, d'autant plus, note le Mémorandum, "le Maroc n'est pas disposé à choisir la voie pacifique et démocratique dans le règlement de la question sahraouie".
L’Organisation des Nations Unies qui a commémoré cette année son 75e anniversaire de sa création, avait solennellement proclamé en 1960 la nécessité de mettre un terme rapide et inconditionnel au colonialisme sous toutes les formes.
Toutefois, alors que la troisième Décennie internationale pour l'élimination du colonialisme touche à sa fin, il reste 17 territoires non autonomes dont les peuples n'ont pas encore exercé leur droit à l'autodétermination, dont le Sahara occidental inscrit à la liste des territoires non autonomes de l'ONU depuis 1963.
Vingt-neuf (29) ans se sont écoulés depuis la création de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), et jusqu’à présent, les Nations Unies ont échoué dans leur mission d’organiser un référendum via lequel le peuple du Sahara occidental pourrait s’exprimer librement de son avenir.
Depuis la démission de l’ancien Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Horst Kohler, en mai 2019, " le Conseil de sécurité n’a rien fait pour réactiver le processus de paix au Sahara occidental", regrette la Représentation du Front Polisario.
En conséquence, "le retard dans la nomination d'un nouvel Envoyé personnel ne fait qu'aggraver l'état de paralysie", note le document.
Pendant cela, " le Maroc, puissance occupante, s'est ouvertement engagé dans une série d'actions déstabilisatrices et provocatrices, entre autres, l'ouverture illégale de prétendus consulats" dans les zones occupées du Sahara occidental, dénonce le Front Polisario.
La Représentation sahraouie, fait état également de violations massives des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés. Les civils sahraouis sont constamment soumis à des arrestations arbitraires, des tortures, des détentions illégales, des exécutions extrajudiciaires et des disparitions forcées, et ce, à l'abri du contrôle international, en raison du strict black-out médiatique et du blocus militaire imposé par le Maroc aux territoires occupés sahraouis".
Malgré les appels répétés des défenseurs internationaux des droits de l'homme et du peuple sahraoui, le Conseil de sécurité n'a pas autorisé la Minurso à surveiller les violations des droits de l'homme au Sahara occidental, s'indigne la représentation.
Le Front Polisario n’a pas manqué également d’évoquer l’autre triste facette de l’occupation marocaine, à savoir, l'exploitation et le pillage persistants des ressources naturelles sahraouies en violation du droit international, comme l'avait confirmé en 2016 la Cour européenne de justice (CJCE) qui a conclu que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires "distincts et séparés".
Alors que le processus de l'ONU est au point mort, l'Union africaine (UA) a fait preuve d'un leadership croissant sur la question du Sahara occidental, dans un effort pour libérer la dernière colonie en Afrique.
L'admission en 2017 du Maroc à l'UA, après avoir signé et ratifié l'Acte constitutif de l’organisation sans aucune réserve, avait été accueillie avec espoir, et perçue comme un moyen pouvant contribuer à la recherche d’une solution durable au conflit du Sahara occidental, relève la représentation. Toutefois, " l'occupation militaire illégale par le Maroc et son obstruction continue aux efforts de paix de l'ONU et de l'UA ont miné les chances de progrès vers une solution durable du conflit", déplore-t-elle. (SPS)
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