Alger, 12 juin 2019 (SPS) L'enfant sahraoui vit dans des conditions qualifiées "d'inhumaines" sous le joug de l'occupation marocaine, marquées par "de graves violations des droits de l'enfant, des intimidations, des arrestations arbitraires et des disparitions forcées", des pratiques ayant été dénoncées, mercredi, par les participants au "Forum de la mémoire" organisé à Alger par le quotidien El Moudjahid, à l'occasion de la célébration de la journée de l'enfant africain.
Lors de cette rencontre organisée par l'Association Machâal Echahid, les participants ont évoqué "les souffrances de l'enfant sahraoui", à travers les faits et témoignages recueillis au Sahara Occidental occupé, dernière colonie en Afrique, dénonçant, ainsi, "la violation continue par l'Etat marocain des droits de cette frange de la société sahraouie", en dépit de la clarté de l'acte constitutif de l'Union africaine (UA), de la qualité de membre à part entière de l'Etat sahraoui au sein de l'UA et des dispositions du droit international pertinentes.
Les intervenants ont cité, en outre, "les différentes formes de torture psychologique, physique et verbale, les détentions arbitraires, les disparitions forcées et les arrestations systématiques" que subissent les enfants sahraouis, des pratiques allant à l'encontre des chartes internationales qui appellent à la protection de l'enfance et de ses droits.
S'exprimant lors de ce forum organisé en présence d'enfants et de femmes sahraouis, ainsi que d'enfants algériens et représentants de la société civile, venus en solidarité avec leurs frères sahraouis, l'ambassadeur de la République sahraouie à Alger, M. Abdelkader Taleb Omar a indiqué que la célébration de la journée de l'enfant africain intervient au moment où "l'enfant sahraoui continue de souffrir sous l'occupation marocaine, comme ce fut le cas pour les enfants africains ayant souffert du joug colonial et de la discrimination raciale. L'enfant sahraoui continue de souffrir aux côtés de sa famille et de son peuple des séparations, de l'exode forcé et de la vie de refugié".
Après avoir félicité l'Afrique pour l'institution et la célébration de cette journée, M. Taleb Omar a affirmé que cet anniversaire annuel constituait "un engagement pour défendre les droits de l'enfant et lui réunir les conditions d'une vie décente", exposant les efforts de la RASD qui "n'a jamais lésiné sur ses efforts en vue d'atténuer les effets négatifs de la guerre et de la vie dans les camps de réfugiés sur les enfants dans les camps des réfugiés sahraouis et dans les territoires sahraouis libérés".
Il a cité à cet égard la construction d'écoles, de garderies, de centres de prévention et d'hôpitaux, expliquant que l'enfant était la première victime des guerres, "les répercussions de telles situations ne se limitant pas au présent mais s'étendent aux générations futures", a-t-il dit.
Le diplomate sahraoui a ajouté que les grandes souffrances étaient endurées en particulier dans les territoires occupés où "des enfants sont emprisonnés et torturés pour le simple fait d'avoir scandé des slogans appelant à la libération de leurs parents ou frères détenus dans les geôles marocaines".
Abordant la souffrance endurée par l'enfant sahraoui dans les territoires occupés, M. Taleb Omar a dénoncé la politique de déplacement pratiquée par le Maroc à l'encontre des enfants éloignés et séparés de leurs familles, outre les pratiques consistant à monter les étudiants marocains contre les Sahraouis dans les écoles et les universités, et les prisonniers de droit commun contre les détenus politiques sahraouis dans les prisons marocaines .
M. Taleb Omar a également évoqué dans son intervention le fléau de la drogue, révélant, dans ce sens, que "le Maroc, connu pour être le premier producteur et exportateur de drogue notamment du cannabis, encourage la consommation de ces substances dans les territoires sahraouis et les distribuent aux jeunes sahraouis pour les pousser à l'exile, dans une tentative de modifier la composition démographique de la région".
L'ambassadeur sahraoui a abordé une autre pratique exercée par les autorités marocaines consistant à "enfermer les élèves sahraouis dans les établissements scolaires, devenus des centres pour les éléments de la Sûreté marocaine, et ce après que les élèves sahraouis aient organisé des manifestations lors desquelles ils ont scandé des slogans et soulevé le drapeau du Front Polisario".
Il a évoqué l'enlèvement, la torture et la détention de plusieurs élèves, soulignant que les éléments de la police marocaine squattaient l'intérieur des établissements de l'éducation et parfois des classes pour procéder à la fouille des élèves sahraouis, ce qui a contraint plusieurs d'entre-eux à arrêter leurs études et à immigrer clandestinement.
L'ancienne secrétaire générale (SG) de l'Union des femmes sahraouies, Fatma Al-Mehdi, figurant parmi les membres de la délégation sahraouie présente, avait prononcé une allocution, en sa qualité de "maman", et passé en revue "la situation critique des droits de l'homme dans les territoires sahraouis occupés, notamment les droits de l'enfant".
Elle a salué la position de l'Algérie en faveur du droit du peuple sahraoui à l'autodétermination, mettant en avant les mouvements de solidarité à travers le monde, notamment en Europe, en faveur du peuple sahraoui et de ses enfants.
Mme Fatma Al-Mehdi a exprimé sa solidarité avec tous les enfants souffrant de violence et d'extrémisme, précisant que la souffrance de l'enfant sahraoui "est multidimensionnelle".
A cette occasion, une fille sahraouie "a adressé un message à tous les enfants du monde et aux organisations de défense des droits de l'enfant à se tenir aux côtés des enfants sahraouis jusqu'à l'obtention de l'indépendance nationale".
Pour rappel, l'UA a institué le 16 juin journée de l'enfant africain, coïncidant avec le souvenir douloureux du massacre d'enfants et d'élèves sud-africains de "Soweto", qui ont manifesté pour réclamer leurs droits.
Des manifestations réprimées par l'Apartheid le 16 juin 1976 qui ont fait des milliers de morts et de blessés parmi ces enfants. (SPS)
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