New York, 01 mai 2019 (SPS) Le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination est un paramètre de base pour le règlement du conflit du Sahara Occidental, réaffirment la Russie et l’Afrique du Sud, évoquant une "dilution" de ce principe visant à influer sur le processus onusien.
Moscou et Pretoria qui se sont abstenus mardi de voter la résolution prorogeant le mandat de la Minurso de six mois, ont mis en garde le Conseil de sécurité contre la modification de ce principe établi comme "paramètre de base" dans le conflit du Sahara occidental.
Les deux pays reprochent aux Etats-Unis d’avoir opté dans cette résolution pour un "langage vague et ambigu" qui peut être interprété comme une volonté "d’influer sur la direction du processus politique".
La résolution adoptée par le Conseil de sécurité mentionne le principe de l'autodétermination à deux reprises dans le préambule et les clauses. Une troisième référence à cette notion, proposée par la Russie, a été rejetée lors des tractations sur le mandat de la Minurso.
Le Conseil de sécurité "réaffirme sa volonté d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable, basée sur le compromis, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental", souligne l’instance suprême des Nations dans le préambule de la résolution.
L’ambassadeur sud-africain, Jerry Matthews Matjila, ne cache pas la préoccupation de son pays quant à l’utilisation d’expressions et de références tels que " compromis " et " réalisme" dans la résolution.
"On ne saisit pas clairement ce qui est entendu par ces expressions car le principe de l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental est bien établi dans de nombreuses résolutions de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité ", déplore le représentant sud africain, à l’issue de l’adoption de la résolution.
"Nous ne souhaitons aucunement diluer ce principe par le biais d’un libellé ambiguë et peu clair. Ce conseil doit réaffirmer son attachement et sans réserve au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination", exige l’ambassadeur Matjila.
L’Afrique du Sud affirme que "la résolution ne doit pas chercher à influencer de façon indue la direction du processus politique", regrettant que le Conseil de sécurité continue de résister à la demande d’élargir le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme.
L’ambassadeur Matjila réaffirme "l’appui claire et ferme" de l’Afrique du Sud à la Minurso, tenant à rappeler que "cette mission a été principalement créée pour faciliter la tenue d’un référendum au Sahara Occidental ".
De son côté, la Russie souligne que "le remplacement des principes de base du processus par des généralités sur la nécessité de trouver des solutions réalistes ou des compromis ne fait que créer des ambigüités et sapent la confiance vis-à-vis du Conseil de sécurité, assombrissant ainsi les perspectives du processus politique".
"Nous ne pouvons accepter la dilution de paramètres déjà convenus et qui sont définis par les parties au conflit de façon à parvenir à une solution mutuellement acceptable garantissant l’autodétermination au peuple sahraoui", réitère à ce propos le représentant russe.
"Nous sommes contre certains libellés et pour ce renouvellement comme pour les précédents, notre avis n’a pas été pris en compte, alors que nous voulions tout simplement le retour des libellés agréés par le Conseil", précise-t-il.
La Russie rappelle qu’elle avait rejeté ces amendements lors des derniers renouvellements du mandat de la Minurso et qu’elle avait "exprimé sans ambages son refus d’une résolution qui remet en cause ces paramètres.
Moscou, regrette que les arguments qu’elle a présenté cette fois-ci " pour rectifier le tir soient ignorés ".
Dans le fond, les délégations russe et sud-africaine soulèvent l’opacité qui entoure l’élaboration des résolutions sur la Minurso, souvent marquées par l’empreinte de la France qui s’oppose à l’autodétermination du peuple sahraoui.
Les projets de résolution sur la Minurso continuent d’être traités dans l’opacité, en excluant les autres membres du Conseil de sécurité, dénonce l’Afrique du Sud qui critique les méthodes de travail dont est chargé un "Groupe des Amis du Sahara Occidental", non représentatif puisqu’aucun pays africain n’y siège.
Pour la délégation russe, cette situation met en lumière le rôle du porte-plume qui a introduit des concepts qui créent l’ambiguïté et sapent le travail même du Conseil de sécurité.
Réagissant à l’adoption de cette résolution, le Front Polisario réaffirme que la seule solution réaliste et réalisable est celle qui accorde au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination.
"Le Front Polisario réaffirme que la seule solution réalisable, réaliste et durable est celle qui accorde à notre peuple le droit inaliénable de décider de son propre destin de façon libre, démocratique et sans conditions préalables", souligne-t-il dans un communiqué relayé mardi à New YorK.
Par 13 voix pour et deux abstentions (la Russie et l’Afrique du Sud), l’instance suprême des Nations Unies a adopté un projet de résolution appelant les parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc, à reprendre les négociations sous les auspices des Nations Unies sans pré-conditions et de bonne foi.
La résolution demande aux parties au conflit de coopérer pleinement avec la Minurso, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interagir avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir une totale liberté de circulation au personnel des Nations Unies dans les territoires sahraouis.
L’émissaire onusien n’a pas pu accéder aux interlocuteurs sahraouis dans les territoires occupés ce qui a limité, selon le secrétaire général, sa capacité d’évaluer en toute indépendance la situation dans les territoires occupés du Sahara occidental. (SPS)
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