Paris, 6 mars 2019 (SPS) Le Front Polisario a condamné mercredi l'annulation du concert de l'artiste-interprète sahraouie Aziza Brahim programmé le 10 mars à l'Institut de monde arabe (IMA) dans le cadre du festival de musique Arabofolies.
La décision de l'annulation de ce concert a été annulée, selon un communiqué de la représentation du Front Polisario en France, "suite aux pressions publiques et privées émanant du Maroc".
"Le directeur de l’IMA n’a semble-t-il pas été en mesure de résister à ces fortes pressions marocaines à la fois politiques et financières", a expliqué le communiqué, soulignant que les responsables l'IMA "sont pourtant porteurs d’exigences culturelles comme de la défense de la liberté d’expression et de création".
"A sa place spécifique, cette institution culturelle est chargée de promouvoir les échanges, les passages culturels entre le peuple français et les peuples du monde arabe", rappelle le Front de Polisario en s'interrogeant : "Sur pression d’un Etat étranger, comment l’IMA a-t-elle pu compromettre ce rôle éminent et unique ?"
Pour lui, cette annulation jette un voile sur cette institution "incapable de défendre son indépendance culturelle, qui aura beaucoup de mal à s’effacer", soutenant que derrière l’ambassade du Maroc à Paris, des acteurs culturels privés marocains ou proches du Maroc, "se sont donc mis au service du Mahkzen et de ses va-t-en-guerre pour empêcher une expression culturelle sahraouie".
"Comment ne pas s’étonner, qu’un pays comme la France, qui a construit sa modernité sur les libertés d’expression, de conscience, tolère de telles pressions", s'est-il encore interrogé, soulignant que l'annulation du concert "contredit la promotion de la culture et de la paix".
"Elle souligne que de telles pressions manifestant intransigeance et violence sont exercées alors que l’envoyé personnel des Nations unies pour le Sahara occidental, est en train de préparer un deuxième round de rencontres entre le Front Polisario et le Maroc, avec le soutien du Conseil de sécurité pour tracer les chemins d’une solution politique respectueuse du droit international", a-t-on ajouté.
La décision de l’IMA a été précédée, rappelle-t-on, par une autre décision du centre Georges-Pompidou qui avait annulé une présentation culturelle et artistique évoquant le Sahara occidental et son peuple.
"Nous ne sommes pas loin de ce qu’on pourrait appeler une politique de +chasse aux sorcières+, pratiquée par plusieurs institutions culturelles françaises empêchant tout ce qui peut faire connaître en France le Sahara occidental, son peuple, sa culture", a estimé la représentation du Front Polisario en France, s'interrogeant sur le prix de "l’amitié" ou des "intérêts" que la France entretient avec le Maroc.(SPS)
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