Chahid El-Hafedh (camps de réfugiés sahraouis), 28 fév 2019 (SPS) Des militants français des droits de l'Homme solidaires avec la cause du Sahara occidental ont appelé, jeudi au camp Chahid El-Hafedh des réfugiés sahraouis, la France à "assumer un rôle positif dans le règlement du conflit du Sahara Occidental au lieu d’être partie du problème".
Participant à un séminairee sur "La responsabilité et le rôle de la France dans le dénouement du conflit du Sahara occidental", ils ont relevé "le rôle négatif joué par la France à l’égard de la question du Sahara occidental et son processus au niveau de l’ONU, ainsi que lors du vote au parlement européen sur les accords illégaux avec le Maroc", avant d’appeler à "ne plus soutenir aveuglément le Maroc".
La militante française des droits de l’Homme, Claude Mangin -épouse de Naâma Asfari, prisonnier politique au Maroc-, a présenté un témoignage de son expérience avec les autorités marocaines qui lui avaient interdit de rendre visite à son époux, disant "être surprise de la mobilisation, par la France, de son corps diplomatique dans la défense du Maroc".
La représentante de l’association française "Camion-citerne", Joëlle Toutain, a, de son côté, condamné la "position négative" de la France qui soutient le royaume du Maroc et qui "exacerbe les souffrances du peuple sahraoui et contribue à la détérioration de la situation humanitaire dans les camps de la dignité et de la fierté et dans les territoires occupés", avant de réitérer le soutien de son association à la lutte du peuple sahraoui pour recouvrer son indépendance et sa liberté.
L’ambassadeur au ministère sahraoui des Affaires étrangères, Malainine Lakhal, a, dans son intervention, rappelé les causes historiques de la colonisation dans la région, l’intervention franco-espagnole dans le traçage et la délimitation des frontières du Sahara Occidental, ainsi que "l’intervention militaire directe de la France contre le front Polisario en tant que soutien à la Mauritanie et au Maroc et la poursuite de son soutien au conseil de sécurité de l’ONU et au niveau de l’Union européenne, à travers le renouvellement des accords illégaux entre le Maroc et l’UE pour exploiter les richesses du Sahara Occidental."
"A qui profite véritablement cette position négative manifestée par la France à l’égard du conflit du Sahara Occidental", s’est interrogé le diplomate sahraoui, qui n’a pas manqué de fustiger la contradiction de la France avec ses principes des Droits de l’Homme et des libertés "dont elle se vante".
Le président de l’association des familles et parents des détenus et disparus sahraouis, Abdessalem Ammar, a, pour sa part, estimé que "la question du Sahara Occidental ne peut être résolue sans mettre fin aux crimes de guerre et au génocide auxquels sont exposés les sahraouis sans défense dans les territoires occupés et, sans stopper les manœuvres orchestrées par l’Etat français à travers le soutien du royaume marocain pour poursuivre l’occupation et l’exploitation illégale des richesses sahraouies par le biais d’accords illégaux avec l’Union Européenne".
L’intervenant a appelé, à ce titre, l’ONU à "agir et à confier à la Minurso une mission positive dans la question des Droits de l’Homme, en tant qu’unique instance chargée de cette mission dans l’ordre international".
Le secrétaire général de l’association sahraouie pour l’échange culturel dans l’espace francophone, Mohamed Hamoud, a mis à profit cette occasion pour inviter la France à s’engager à rectifier ses positions envers le peuple sahraoui.
Dans leur communiqué final, les participants à cette rencontre ont appelé à déclarer "caduque tout accord concernant les richesses du Sahara Occidental, sans le consentement du peuple sahraoui à travers son représentant légitime le front Polisario, avant de dénoncer le manquement et la contradiction et, parfois, la conspiration contre les pratiques sur le terrain de l’UE."
Les participants ont estimé que le temps est venu pour que la France "assume une position positive et importante au conseil de sécurité et mette un terme à la dernière colonie en Afrique, et accompagne la nouvelle dynamique pilotée par l’envoyé personnel de l’ONU, Horst Kohler" pour permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination. (SPS)
020/090/700