Strasbourg, 12 fev 2019 (SPS) Nous voilà au terme d’un processus déclenché par l’UE, où la Commission, le Conseil, et le Parlement sont impliqués. Ce processus aboutit à l’adoption d’accords commerciaux UE-Maroc entachés d’illégalité, et culmine avec l’accord de pêche, voté aujourd’hui par le Parlement. La boucle est bouclée.
Le forcing a duré de longs mois. Tout débat serein sur ces accords a été empêché au Parlement, de même que la proposition de les soumettre à l’examen de la Cour de justice de l’UE a été rejetée, comme cela a été le cas aujourd’hui pour l’accord de pêche.
Il est vrai que la Cour avait bien établi qu’aucun accord UE-Maroc ne pouvait concerner le Sahara occidental, sauf à obtenir le consentement clairement exprimé du peuple sahraoui à travers son représentant reconnu par l’ONU, le Front Polisario. Et c’est un échafaudage de fausses consultations que la Commission a tenté de substituer au vrai consentement du peuple sahraoui!
Dans sa lettre aux euro-députés, l’éminente ONG américaine Human Right Watch n’écrit-elle pas que « cet accord ne répond pas aux exigences du droit international, y compris du droit international humanitaire », soulignant que « le Sahara occidental est un territoire non-autonome sur lequel le Maroc n’a aucune souveraineté reconnue. »
Même après que tout le monde a su que la rapporteure de la commission INTA et d’autres eurodéputés étaient impliqués jusqu’au cou dans des conflits d’intérêts et agissaient ouvertement en faveur des desseins marocains, n’a-t-on pas vu Pierre Moscovici, le Commissaire européen aux affaires économiques et monétaires, à la Fiscalité et à l’Union douanière, courir les couloirs du Parlement pour forcer le vote de l’accord agricole ?
La perfidie est allée jusqu’à changer au dernier moment les dates de vote dûment inscrites à l’ordre du jour du PE pour hâter – par peur ou par cynisme? – l’adoption de tel accord ou de tel autre.
Le pire a été atteint avec le vote annoncé de l’accord de pêche, car il est de notoriété publique que celui-ci concerne quasi exclusivement les eaux sahraouies. L’avocat général de la CJUE, Melchior Wathelet, ne précisait-il pas déjà en janvier 2018 que 91,5 % des prises des bateaux européens étaient faites dans les eaux du Sahara occidental ?
Et l’on apprend que la visite du roi et de la reine d’Espagne au Maroc, repoussée de multiples fois, aura finalement lieu les 13 et 14 février. Difficile de ne pas voir dans cette visite, avec l’accord de pêche en cadeau, comme un pourboire royal pour la violation des droits humains du peuple sahraoui, et pour le pillage effréné des ressources naturelles de son territoire.
L’UE, on le voit bien, fait fi des arrêts de sa propre Cour de justice, et viole le droit nternational, enfreignant ce droit essentiel, imprescriptible et inaliénable que constitue le droit à l’autodétermination, qui implique la souveraineté de notre peuple sur ses ressources naturelles.
L’attitude de l’UE fait prévaloir la logique de la force, au détriment des principes qui ont résidé à sa fondation.
Nous dénonçons de tels accords qui constituent des opérations de brigandage et de spoliation des richesses de notre pays. La responsabilité de l’UE, sous la houlette de l’Espagne et de la France, y est grande. Ce n’est pas à son honneur.
On le comprendra, le peuple sahraoui et le Front Polisario s’opposeront de toutes leurs forces la mise en application de ces accords iniques. Il nous incombe de protéger notre territoire comme ses ressources des convoitises et des pillages organisés par le tandem UE-Maroc.
Nous adressons ce message à l’opinion publique européenne et à la communauté internationale afin qu’elles sachent combien, avec ces accords qui encouragent l’occupation marocaine de notre pays et la violation du droit fondamental de notre peuple à l’autodétermination, l’UE alimente la poursuite du conflit du Sahara occidental au prix de l’instabilité et de l’insécurité de toute la région. En outre, en entretenant par ricochet l’intransigeance marocaine à l’ONU, elle hypothèque la mission de paix de l’Envoyé personnel du Secrétaire Général, M. Horst Köhler.
L’UE, par sa complicité avec le Maroc, est comptable d’une situation grave. N’eût été cette complicité, le problème du Sahara occidental aurait été réglé depuis longtemps par la communauté internationale.
Encore une fois, le peuple sahraoui et son représentant légal le Front Polisario ne se laisseront pas faire, ils s’opposeront par tous les moyens à ces accords devant les instances judiciaires et internationales. Tant il est vrai qu’ils n’ont aucun fondement juridique ni moral . (SPS)
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