Washington, 17 jan 2019 (SPS) L’ONG Human Rights Watch (HRW) a dénoncé jeudi l’interdiction par le Maroc des rassemblements en faveur de l'autodétermination ainsi que l’obstruction imposée au travail des ONG dans les territoires occupés du Sahara occidental.
"Les autorités marocaines ont systématiquement empêché les rassemblements en faveur de l'autodétermination, et ont fait obstruction au travail de certaines ONG locales des droits humains ", souligne l’ONG américaine dans son rapport 2019 sur la situation des droits de l’homme dans le monde, présenté jeudi à Berlin.
En 2018, les violations commises contre les militants sahraouis ont persisté. Les autorités marocaines ont battu des activistes et des journalistes, en détention ou dans les rues, décrie l’ONG.
Le 28 juin, des militants politiques sahraouis ont organisé "une manifestation à El-Ayoun à l'occasion de la visite de l'envoyé de l'ONU. La police a battu au moins sept militants, dont des membres de l'Association sahraouie des victimes de graves violations des droits humains commises par l'Etat marocain (ASVDH)", précise HRW.
HRW précise qu’aucune enquête n’a été ouverte sur ces violations
Ce rapport, qui couvre l’année 2018, constate que le processus de négociation sous l'égide des Nations Unies entre le Maroc et le Front Polisario en vue de l'autodétermination du Sahara occidental, est "resté bloqué " l’année écoulée malgré les visites dans la région de l’émissaire onusien, Horst Kohler.
"Le Maroc propose une certaine autonomie sous sa domination mais rejette un référendum sur l'indépendance", s’indigne l’ONG, dont le siège se trouve à Washington.
HRW, qui a documenté les violations dans les territoires occupés, précise que pendant plusieurs semaines en mars et en avril, puis de nouveau entre septembre et novembre, trois prisonniers politiques sahraouis condamnés à la prison à vie et un autre condamné à une peine de 30 ans, tous membres du groupe "Gdeim Izik" ont mené une grève de la faim dans la prison de Kenitra.
Les prisonniers sahraouis ont demandé à être transférés dans des prisons plus proches de leurs familles au Sahara occidental, à environ 1.200 kilomètres au sud.
"Leur demande n'était pas encore satisfaite au moment de la rédaction du présent document de même qu’une vingtaine de leurs co-accusés", affirme l’ONG.
Human Rights Watch rappelle que "les trois hommes ont été condamnés à l'issue de procès inéquitables en 2013 et 2017" pour accusation de responsabilité dans la mort de 11 membres des forces de sécurité lors d'affrontements ayant éclaté après le démantèlement forcé par les autorités d'occupation marocaines d'un vaste camp de manifestants à Gdeim Izik, en 2010.
"Les deux tribunaux se sont fondés presque entièrement sur leurs aveux à la police pour les condamner, même si les accusés ont désavoué ces aveux et affirmé les avoir signés sous la torture sans avoir été autorisés à les lire", dénonce encore l’ONG.
Le 25 juin, Mohamed Salem Mayara et Mohamed El Joumayi, deux journalistes du site Web Smara News et correspondants de la chaîne de télévision RASD TV, ont été accusés d'avoir jeté des pierres et bloqué une rue.
Les accusations ont été portées plusieurs mois après la publication de photos d'un policier brandissant son arme dans la ville de Smara, au Sahara occidental, précise HRW.
"La police a arrêté Mayara et El Joumayi le 27 mars à Smara, puis le même policier les a battus dans une camionnette alors qu'ils se rendaient à El-Ayoune", selon l’ONG qui cite les déclarations de leur avocat, Mohamed Aboukhaled.
Au moment de la rédaction du présent document, ils étaient toujours en détention tandis que leur procès se poursuivait. (SPS)
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