Chahid Elhafed, 2 mars 2018 (SPS) Les perspectives de la relance des pourparlers pour le règlement du conflit du Sahara occidental se sont précisées davantage depuis la désignation de l'allemand, Horst Kohler, comme Envoyé personnel du secrétaire général de l'Onu, et qui poursuit un cycle de rencontres avec les parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) ainsi que les deux pays observateurs, l'Algérie et la Mauritanie.
La démarche de M. Kohler, qui a tenu des séances de travail avec ses interlocuteurs, à l’exception du Maroc qui n’est pas encore allé à la rencontre de l’émissaire onusien mais qui se trouve dans l’obligation de le faire, s'inscrit dans l'esprit des différentes résolutions du Conseil de sécurité de l'Onu, appelant à la reprise des négociations en vue de parvenir à une solution durable à un conflit vieux de 42 ans, et qui soit "conforme à la lettre et à l'esprit des décisions pertinentes" de l'Organisation de l’Unité africaine (OUA) devenue Union africaine (UA) et des Nations unies (ONU).
Malgré le fait que toutes les résolutions demandent des négociations sans condition préalables, les négociations n’ont pas pu avancer, pour la seule raison que le Maroc bloque le processus en posant toujours le préalable exigeant que son plan d’"autonomie" soit la seule base de négociation, alors que le Front Polisario est toujours disposé à discuter toutes les propositions, et resté ouvert à tout négocier dans un referendum d’autodétermination à travers lequel toutes les options soient possible +indépendance, autonomie ,intégration+).
Toutefois, le Maroc refuse de discuter l’option indépendance, et c’est ce préalable qui empêche les discussions et entrave les négociations.
La dernière résolution du Conseil de sécurité relative au Conflit, remonte à avril 2017, lorsque il a prorogé, à l'unanimité de ses 15 membres, d'un an, le mandat de la mission de l'Onu pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental, demandant au Maroc et le Front Polisario de continuer de "faire preuve de volonté politique et de travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de reprendre les négociations et leur garantir le succès".
A la même occasion, nombreux parmi les membres du Conseil de sécurité se sont félicités des efforts de M. Guterres et son Envoyé personnel pour relancer le processus de négociations avec "une nouvelle dynamique dans un nouvel esprit" qui déboucheront sur la reprise du processus politique pour parvenir à une solution qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental.
Les actions du Conseil de sécurité constituent une suite sur le chemin d'un processus de règlement enclenché effectivement le 20 juin 1991 avec la signature, à l'initiative de l'ex OUA (actuellement UA) et l'ONU, d'un cessez-le-feu entre l'occupant marocain et le Front Polisario, unique et légitime représentant du peuple sahraoui. L'accord de cessez-le-feu est assorti d'un plan de paix qui prévoit la tenue d'un référendum d'autodétermination en 1992 (résolution 690).
== Obstination de l'occupant marocain, un déni de la légalité internationale ==
Toutefois, le référendum en question a été à chaque fois, depuis 1992, repoussé, en raison du non respect par le Maroc de ses engagements pris devant la communauté internationale, alors que le Conseil de sécurité continuait la prise en charge de la question, en adoptant pas moins d'une vingtaine de résolutions.
En plus de la prorogation répétitive du mandat de la Minurso, il y est demandé aux parties au conflit notamment, entre autres, de "continuer de faire preuve de volonté politique, de travailler dans une atmosphère propice au dialogue, d'engager des négociations permettant l'application de ces résolutions" sous les auspices du secrétaire général de l'Onu.
Mais la dernière fois où le Front Polisario et le Maroc s'étaient rencontrés autour de la même table de négociations remonte à mars 2012 à Manhasset aux Etats-Unis.
Depuis le processus de paix lancé par l’ONU se trouve dans l’impasse en raison des entraves dressées par le Maroc pour empêcher le règlement du conflit sur la base des principes de la légitimité internationale qui garantissent le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.
Dans la perspective du règlement, à l’invitation de l’ancien Envoyé personnel du SG de l'Onu, Christopher Ross, les délégations du Maroc et du Front Polisario avaient participé, en mars 2012, pour la dernière fois à des pourparlers informels à Greentee, Manhasset aux Etats-Unis. Les discussions s'étaient déroulées dans le cadre de la Résolution de l’Onu (3437 de novembre 1979)
L'Algérie représentée par une délégation avec celle de la Mauritanie, avaient également pris part à ces discussions dans le but de trouver une solution politique "juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental".
Cependant, malgré le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés de l'Onu, les deux parties n'ont pas réussi à s'entendre, en raison de l’obstination de l’occupant marocain à poursuivre le déni flagrant de la légalité internationale.
Les parties avaient également discuté, lors des assises de Manhasset, sur le déminage, les ressources naturelles et l’environnement, sans préjudice au statut définitif du territoire.
Historiquement, l'amorce du processus du règlement n'était pas un fait du hasard mais il avait été précédé par des rencontres et discussions secrètes entre le Maroc et le Front Polisario dont le premier contact direct a eu lieu en 1979 à Bamako (Mali), puis la rencontre en 1989 à Marrakech entre le roi Hassan II et une délégation du Polisario, en passant par Alger 1983, Genève (1996), Londres (1997), Wyoming en 2001 aux Etats unis d’Amérique, sous les auspices de James Backer, Durnshtain (Autriche 2009), Westchester (USA 2010), Long Island (USA 2010 -deux rencontres- et 2011), Mellieha (Malte 2011), arrivant à Manhasset (USA -deux rencontres en 2011- et 2012).
Pour ce qui est des négociations directes sous les auspices de l'Onu, la première réunion entre délégations Maroc-Front Polisario s"était tenue en 1993 à Al aâyoun occupée, suivie par la rencontre de celle de Londres (juillet 1997), puis Lisbonne (août 1997), avant Houston (septembre 1997), Genève (juillet 2000, sur le programme de mesures de confiance), Berlin (septembre 2000), et Manhasset (Juin et août 2007, Janvier et mars 2008).
De cette chronologie ressort la reconnaissance, par le Maroc, du Front Polisario comme représentant unique et légitime du peuple sahraoui, l'accord sur le plan du règlement menant au référendum autodétermination, alors que les accords conjoints d'Houston, restent un tournant décisif, pour avoir relancer l'opération de recensement des réfugiés, annoncé le début de la mise en œuvre du plan de règlement, gelé les opérations militaires et décidé la libération des prisonniers politiques. (SPS)
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