Chahid ElHafed, 24 fév 2018 (SPS) Les Sahraouis ont franchi un pas dans leur combat pour se réapproprier leurs ressources naturelles et dans leur lutte pour leur droit à disposer d'eux-mêmes, à la faveur de la décision de la Haute Cour de justice d'Afrique du Sud concernant le phosphate importé illégalement du Sahara occidental occupé, qui a été accueillie avec soulagement par le gouvernement sahraoui.
Le gouvernement sahraoui a ainsi fait part de son soulagement après l'annonce vendredi de la décision de justice sud-africaine qui a statué que la République arabe sahraouie démocratique (RASD) est le propriétaire légal de la cargaison du navire "Nm Blossom Cherry", et que les sociétés relevant du Maroc ne sont pas autorisées à vendre le phosphate à la société "Ballance Agri-Nutrients Limited ".
L'exécutif sahraoui, qui s'est félicité des résultats de la requête introduite par Front Polisario devant la Haute cour de justice de l'Afrique du Sud, a réaffirmé que le Sahara occidental est sous occupation militaire, rendant de ce fait, illégale, l'exploitation de ses richesses naturelles.
Il a en outre averti, les armateurs, contre les risques des pratiques auxquelles ils s'adonnent à travers le transport des cargaisons contenant les ressources naturelles du Sahara occidental, et contre les grandes pertes auxquelles ils sont exposés, comme dans le cas de la cargaison du navire "Nm Blossom Cherry", qui a été saisie durant une période de 299 jours.
Réagissant à la décision de la juridiction sud-africaine, le coordonnateur sahraoui auprès de la MINURSO, M'hamed Kheddad, a estimé que cette affaire est le résultat des efforts fournis par le peuple sahraoui et qui tendent à recourir au droit international en vue de parvenir à mettre un terme à une occupation féroce et illégale et à protéger le droit de notre peuple à l'autodétermination.
"Nous continuerons à poursuivre ces gens et les intérêts des sociétés qui pillent les ressources du Sahara occidental", a indiqué M. Kheddad, affirmant que ce jugement est "final et catégorique".
Pour M. Khadad, le verdict vient également consolider l'arrêt de la Cour de justice européenne (CJUE), qui avait conclu que l'accord commercial de l'UE avec le Maroc ne s'applique pas aux territoires du Sahara occidental occupé.
Au niveau européen, le député Florent Marcellesi y voit une "nouvelle victoire", sur le plan juridique, pour le peuple du Sahara occidental. Une victoire obtenue, cette fois-ci, a-t-il dit, "grâce à la Haute Cour d'Afrique du Sud".
L'eurodéputé Marcellesi a estimé que la décision de la justice sud-africaine a "mis à nu" les violations du droit international par la Commission européenne qui "continue d'ignorer le principe de la souveraineté permanente des Sahraouis sur leurs ressources naturelles" en négociant avec le Maroc un accord commercial qui inclut les produits du Sahara occidental sans le consentement du peuple sahraoui.
Florent Marcellesi a exhorté, dans ce contexte, les dirigeants européens à "regarder en face la dure réalité des sociétés démocratiques où l'Etat de droit prime".
--Une "victoire majeure", selon le WSRW--
De son coté, l’observatoire des ressources du Sahara Occidental (WSRW) a indiqué que la confirmation de la justice sud-africaine que la cargaison de phosphate à bord du navire bloqué, NM Cherry Blossom, revient de droit au Sahara-Occidental est une "victoire majeure pour les Sahraouis".
Le verdict est "une victoire majeure pour les Sahraouis devant une Cour africaine", a estimé un communiqué de l’observatoire, relevant que l'importateur néo-zélandais "n'avait jamais" demandé au peuple sahraoui l'autorisation d'importer le phosphate de son territoire occupé, comme l’exige le droit international.
"Plusieurs tribunaux internationaux et nationaux, ainsi que l'ONU, ont clairement indiqué que le peuple du Sahara occidental doit donner son consentement à toute exploitation de ses ressources", rappelle l’observatoire.
En juillet dernier, la justice sud-africaine avait confirmé l'immobilisation de la cargaison de phosphate destinée à la Nouvelle-Zélande en réponse à la requête du Front Polisario. Le bateau a demeuré immobilisé à Algoa Bay, dans l'attente du jugement prononcé vendredi.
Le cargo en question a quitté El-Aaiun (Territoire du Sahara occidental occupé) le 13 avril 2017 et a pris la route du Cap de Bonne Espérance et s’est arrêté à Port Elizabeth afin de s'approvisionner en fuel.
Le Navire transportant 50.000 tonnes de phosphates extraits illégalement du Sahara occidental, destinées à la Nouvelle Zélande, a été arraisonné en mai 2017 en Afrique du Sud à la demande du seul représentant du peuple sahraoui, le Front Polisario. (SPS)
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