Bruxelles, , 20 jan 2018 (SPS)Les députés européens Bodil Valero et Florent Marcellesi ont exhorté l'Office européen des statistiques (Eurostat) à corriger sur sa base de données sur le commerce intra et extra-communautaire (Comext) une carte géographique mondiale qui limite les frontières du Sahara occidental aux territoires libérés par le Front Polisario.
Sur cette base de données (Comext), on trouve également une carte du Maroc qui présente d’un seul tenant un territoire allant du nord de ce pays au sud du Sahara occidental, relégué au rang de province du sud marocain.
"Nous vous écrivons à propos d'une représentation en ligne erronée du Maroc (...) et nous espérons que vous prendrez des mesures correctives urgentes", ont-ils écrit dans une lettre adressée à la direction générale d'Eurostat qui relève de la Commission européenne.
Faisant remarquer que cette carte mondiale, actuellement accessible sur Comext, représente le Sahara occidental comme couvrant seulement la partie du territoire contrôlé par le Front Polisario, les eurodéputés ont souligné que le Sahara occidental englobe également les territoires à l'Ouest, occupés par le Maroc, conformément à la description retenue par l'organisation des Nations unies lorsqu'elle a inscrit le Sahara occidental sur sa liste de territoires non autonomes.
Bodil Valero et Florent Marcellesi ont tenu, à ce titre, à rappeler que ni l'UE et ses Etats membres, ni aucun autre pays dans le monde n'a reconnu la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
Pour ces eurodéputés, la carte géographique sur le site Eurostat "n'est pas conforme" à l'arrêt de la Cour européenne de justice (CJUE) du 21 décembre 2016 qui a conclu que le Sahara occidental et le Maroc sont deux territoires "séparés et distincts" et que les accords d'association et de libéralisation UE-Maroc ne s'appliquent pas au Sahara occidental.
Les députés européens se sont dits "très préoccupés" par cette "manipulation" des frontières territoriales du Maroc par Eurostat qui, ont-ils poursuivi, pourrait affecter la collecte de données concernant les flux commerciaux entre le Sahara occidental et l'UE et "induire en erreur les opérateurs économiques".
Ils ont rappelé, à ce propos, que la Commissaire européenne en charge du Commerce, Cecilia Malmstrom a reconnu dans une correspondance adressée au président de la commission INTA du Parlement européen qui sollicitait des données statistiques sur les échanges de l'UE avec le Sahara occidental, que les produits importés dans l'UE du Sahara Occidental avant l'arrêt de la CJUE sont entrés dans le marché communautaire sous le code ISO MA, bénéficiant ainsi des tarifs préférentiels prévus dans l'accord d'association UE-Maroc.
Conséquence de l'étiquetage frauduleux des produits du Sahara occidental, "les statistiques collectées par les Etats membres de l'UE et compilées par Eurostat ont sous-estimé le volume des échanges commerciaux entre l'UE et le Sahara occidental", ont soutenu les eurodéputés.
"Cela soulève des doutes importants quant à la fiabilité des statistiques sur les échanges commerciaux de l'UE avec le Maroc et le Sahara occidental, collectées par Eurostat depuis la décision de la CJUE", ont-ils ajouté.
Suite à l'arrêt de la CJUE, ont-ils poursuivi, tous les produits originaires du Sahara occidental doivent donc porter le code ISO EH à leur entrée sur le marché communautaire européen.
"Nous vous exhortons à apporter les modifications nécessaires afin de s'assurer que le territoire du Sahara occidental englobe la partie ouest, actuellement sous occupation marocaine, que le code ISO approprié est appliqué aux produits originaires du Sahara occidental, et que vos services soient sensibilisés à cette question afin d'assurer une collecte fiable de données sur le commerce avec le Sahara occidental", ont-ils conclu. (SPS)
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