Rabat - Les habitants de la région du Rif marocain ont décidé d'entamer, à partir de jeudi, une grève générale et d'organiser une marche "d'un million de personnes" en guise de protestation contre les déclarations qualifiées de "provocatrices" et d'"irresponsables" des dirigeants de l'Alliance gouvernementale et contre leurs "calomnies et mensonges" sur le mouvement populaire qui secoue la région depuis six mois.
Un mouvement, suite au décès du vendeur de poisson, Mohcine Fikri, broyé dans une benne à ordure dans la ville d'Al-Hoceïma (Nord). Selon plusieurs sources médiatiques, le leader de la contestation populaire dans le Rif marocain, Nasser Zefzafi a appelé à une grève générale à partir de jeudi à travers toute la région du Rif, ainsi qu'à l'organisation d'une marche d'un million de personnes dans la ville d'Al-Hoceïma, pour réaffirmer que les revendications ont trait à "l'amélioration des conditions socio-économiques et au développement de la région loin de toute intention séparatiste comme le prétend le Gouvernement marocain.
Le porte-voix de ce mouvement de protestation a affirmé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux que cette action "intervient en réponse aux accusations des autorités marocaines contre les activistes du Rif d'être des séparatistes et des agents à la solde de parties étrangères".
"Il s'agit d'une question de droits de l'Homme englobant des revendications socio-économiques primordiales loin de tout appel séparatiste comme le prétendent les autorités marocaines", a-t-il plaidé, dénonçant le désintérêt total des responsables marocains à l'égard du fondement de la protestation, en l'occurrence, a-t-il dit "le mépris et la marginalisation systématique de cette région à tous les niveaux".
Les activistes rifains ont appelé, en outre, à la libération immédiate de tous les détenus du mouvement du 26 mars dernier, et l'arrestation et la présentation à la justice des responsables communaux de Bni Jamil et et Bni Bou Ferah pour leurs agissement, qualifiés de "barbares", d'"indignes" et "d'inhumains" envers les populations locales.
Selon la même source, les autorités marocaines ont déployé des dizaines de véhicules sécuritaires et militaires dans la ville d'Al-Hoceïma et implanté des camps militaires moins de 24 heures après des accusations du chef du gouvernement, Saad-Eddine Al-Othmani et de responsables des parties de la majorité contre les initiateurs de ce mouvement d'agir pour le compte de parties étrangères pour porter atteinte à l'intégrité territoriale.
=Des soutiens du mouvement fustigent "l'approche répressive" de l'Etat à l'égard des revendications des Amazighs du Rif=
Six mois après l'assassinat abominable du vendeur de poissons, Mouhcine Fikri, broyé par une benne à ordures à Al-Hoceima (nord du Maroc), les contestations dans cette région ont pris l'appellation de "Mouvement populaire dans la région du Rif", un mouvement qui gagne en soutien tant à l'intérieur qu'à l'extérieur du Maroc.
Critiquant "la passivité" de l'Etat marocain vis-à-vis de la protestation "légitime des Amazighs du Rif", le parti politique Al-Nahdj Dimocrati (la Voie démocratique) a dénoncé "toutes les mesures politiques et sécuritaires ainsi que le recrutement de voyous pour contrer le mouvement et la campagne douteuse orchestrée par les chefs de la majorité visant à discréditer les militants du mouvement"
Le parti a appelé, en outre, à mettre terme à "l'injustice et à l'exclusion subies par toutes les régions marginalisées et leur permettre de bénéficier des richesses de leur patrie, pillées par les clans
mafieux au pouvoir" estimant que cette politique "régressive ne peut que renforcer leur attachement aux revendications légitimes et à leurs valeurs de solidarité, de résilience et de cohésion, comme l'ont été leurs ancêtres".
"Al-Nahdj Dimocrati" a condamné avec force "l'approche répressive de l'Etat" à l'égard des revendications des populations rifaines, affirmant que "l'Etat s'obstine dans son traitement sécuritaire répressive des revendications du Mouvement". Il s'agit d'une politique "basée sur le tout militaire et l'intimidation des citoyens qui sortent dans des manifestations pacifiques et civilisées pour revendiquer leurs droits légitimes" a-t-il ajouté.
Par ailleurs, le Comité préparatoire de coordination européenne de soutien au mouvement rifain a exhorté l'ensemble des comités à travers l'Espagne, la France, la Belgique, l'Italie, les Pays-Bas, la Suède et le Norvège à organiser, le samedi 20 mai, des manifestations devant les consulats et ambassades du Maroc en protestation contre les déclarations des chefs de la majorité dans le Gouvernement marocain vis-à-vis du mouvement du Rif.