Rabat, 14 mai 2017 (SPS) Le procès en appel des prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik se poursuivra lundi à Salé (Maroc) dans un contexte de répression accrue contre les journalistes sahraouis, les défenseurs des droits de l'homme et les familles des détenus, et au moment où des détenus menacent d'entamer les 15 et 16 mai, une grève de la faim en guise de protestation contre les conditions "déplorables" dans lesquelles se déroulait leur procès.
La Chambre criminelle près l'annexe de la Cour d'appel à Salé qui a repris, lundi 8 mai, le procès de 24 prisonniers politiques sahraouis du groupe Gdeim Izik, poursuit lundi ses audiences qui ne se démarquent pas des précédentes, émaillées de répression et d'un black-out médiatique.
Lors de ce 4e round, la Cour a eu à examiner les rapports de la commission médicale chargée de l’expertise médicale pratiquée sur les détenus. Les rapports médicaux concernent 16 prisonniers, 5 autres ayant refusé de se soumettre à cette expertise.
Ces derniers, en effet, ont rejeté le fait d'en charger une commission marocaine, estimant que cela est contraire au protocole d'Istanbul qui stipule qu'un acte de ce genre (expertise) doit être impartial.
Après avoir interrogé les détenus lors des audiences précédentes, la Cour a auditionné également les témoins, auxquels la justice marocaine a eu recours, dont des officiers ayant rédigé les procès verbaux de l'audition des détenus ainsi que d'autres personnes ayant assisté à l'opération des services de sécurité marocains ayant visé le démantèlement du camp de Gdeim Izik en novembre 2010.
Par ailleurs, les détenus politiques sahraouis ont fait part de leur intention d'entamer une grève de la faim lundi et mardi. Il s'agit d'"une action d'avertissement" pour dénoncer la décision de la direction pénitentiaire de leur interdire de recevoir des visites dans la prison.
Une décision de marchander le droit de visite, a été prise, comme l'expliquent les familles des détenus dans un communiqué, "en vengeance aux détenus ayant exprimé clairement leurs positions et convictions politiques devant des missions diplomatiques étrangères, des observateurs internationaux et leur rejet pour toute tentative de dénaturer leurs activités politiques".
De ce fait, les détenus politiques, dans leur avis de grève, ont prévenu qu'ils ne se présenteraient pas lors des audiences du 15 et 16 mai pour des raisons de santé et les complications que la grève de la faim pourraient entraîner chez eux.
Répression à grande échelle contre les journalistes sahraouis
Dans un communiqué rendu publique, le réseau "Akhbar Al Sahara", a lancé un appel aux organisations de protection de la liberté d'expression de protéger les journalistes sahraouis à Sallé (Maroc) où se déroulait le procès "politique" du groupe Gdeim Izik "dépourvu de toute équité".
En effet, selon des médias sahraouis, les autorités marocaines mobilisent depuis le début du procès, lundi 8 mai, des dizaines d'individus (marocains) sans appartenance politique ni penchant idéologique + des repris de justice pour leur majorité + devant le siège de la Cour pour juste perturber le bon déroulement des actions de soutien en faveur des détenus.
Le 11 mai dernier, Fatou Aaza, envoyée spéciale de la Télévision sahraouie (RasdTV), a été agressée pendant qu'elle assurait la couverture du procès, et ce, en présence des autorités marocaines, a-t-on rapporté.
Ces mêmes autorités avaient, quelques jours plus tôt, interdit aux familles des détenus et à des militants des droits de l'homme, de s'approcher du siège où se tenait le procès, comme elles avaient empêché d'autres journalistes sahraouis de couvrir les audiences. On citera si besoin est, le cas de Hamdi Bachr (membre du groupe de journalistes chargés de couvrir le procès) et celui de Mohamed Hodei (correspondant de RasdTV), dans un précédent dangereux qui dépasse la répression, mais qui met en danger l'intégrité physique des personnes, commente-t-on.
Après 27 mois de détention préventive, les 24 militants sahraouis ont été condamnés par un tribunal militaire marocain à de lourdes peines d'emprisonnement allant de 20 ans de prison à la perpétuité.
Détenus depuis, les prisonniers de Gdeim Izik exigent la poursuite et le jugement "des geôliers et des responsables des enlèvements, des détentions arbitraires, ainsi que les responsables de toutes les formes de tortures physiques et psychologiques dans des postes de police et de gendarmerie d'El Aâyoun occupée, dans la prison locale Salé 2 et Salé 1 et dans la prison locale Aarjat".
Le 27 juillet 2016, la Cour de cassation marocaine avait annulé, sous la pression d'organisations internationales de défense de droits de l'homme et de juristes militants, la condamnation injuste prononcée par un tribunal militaire à l'encontre de ces militants sahraouis. Le procès a repris le 26 décembre 2016, à raison de 30 auditions par jour. (SPS)
020/090/700