Paris, 21 fév 2017 (SPS) Le Maroc a laissé passer des centaines de migrants issus de pays africains dans l’enclave espagnole de Ceuta pour faire pression sur l’Union européenne (UE) après la décision de la Cour de justice de l’UE excluant le Sahara occidental de l’accord agricole entre l'UE et le Maroc, a indiqué mardi Le Figaro.
"Un différend commercial mettant en cause le Sahara occidental a conduit Rabat à laisser passer des centaines de migrants africains dans l’enclave espagnole de Ceuta, pour faire pression sur l’Union européenne", a écrit le quotidien français, soulignant dans le titre de l’article que "le Maroc joue les migrants contre l’UE".
Le journal rappelle que la décision de la Cour de justice de l’Union européenne d’exclure le Sahara occidental d’un accord agricole entre l’UE et le Maroc "avait suscité des menaces implicites de Rabat", reprenant les propos du spécialiste espagnol du monde arabe, Haizan Amirah Fernandez qui a estimé qu’il n’y a "pas de hasard dans cette affaire".
Pour le chercheur espagnol, analyste en chef de Real Instituto Elcano, "il s’agit d’un avertissement explicité", expliquant que la collaboration dans le domaine de l’immigration clandestine "est liée à la satisfaction de certaines attentes du Maroc.
"Ce n’est pas la première fois que le relâchement des contrôles aux frontières coïncide avec une frustration politique de Rabat", a-t-il indiqué, rappelant qu’en août 1994, plus de 900 migrants africains traversaient Gilbraltar sur des embarcations de fortune et débarquaient sur les plages andalouses.
Amirah Fernandez a expliqué que le problème "n’est pas en soi l’accord sur l’agriculture" car, dit-il, l’agriculture du Sahara occidental est "quantité négligeable", mais "cela risque d’être un précédent à des accords beaucoup plus importants, notamment sur la pêche".
L’accord de pêche avec l’UE permet au Maroc de vendre des permis de pêche dans les eaux territoriales du Sahara occidental, un pays occupé par le Maroc et que l’Onu a déclaré territoire non autonome, donc éligible à l’autodétermination.
Le dernier accord de pêche, signé en 2013 pour une durée de 4 ans, autorise l’activité de 126 bateaux européens, dont 100 espagnols, contre le paiement de 40 millions d’euros.
Sur un autre plan, le Commissaire européen chargé de l'action pour le climat et de l'énergie, Miguel Arias Canete, a déclaré récemment que l’UE tiendra désormais compte, selon le droit international, du statut "distinct et séparé" du territoire du Sahara occidental dans ses échanges avec le Maroc en matière d'énergie renouvelable.(SPS)
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