Londres, 30 nov 2016 (SPS) L’Observatoire des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW) a dénoncé, mardi, l’exploitation illégale de l’énergie éolienne et solaire du Sahara occidental par le Maroc, et son intention de l’exporter vers les pays de l’UE, pour son propre compte.
L’ONG rapporte que le Maroc s’est engagé avec l'Allemagne, la France, l'Espagne et le Portugal pour l’exportation de son énergie renouvelable à l'Union européenne (UE), soulignant qu’une bonne partie des projets envisagés pour le développement de cette énergie est prévue sur les territoires occupés du Sahara occidental.
Il est souligné qu’un mémorandum d’entente a été signé entre les deux parties pour "un commerce durable en énergie renouvelable" lors de la COP22 à Marrakech, le 17 novembre, et qu’un accord pour sa mise en œuvre devrait être signé lors de la COP23.
L'Union européenne ambitionne de combiner 27% de ses ressources énergétiques d’ici 2030 avec l’énergie renouvelable. Le Maroc affiche plus d'ambition en fixant l'objectif à 52% d'ici 2030 comme prévu dans son plan national des énergies renouvelables, est-il précisé.
"Une intégration progressive des marchés de l'énergie renouvelable pourrait aider l'UE à atteindre son objectif, ce qui expliquerait la raison de la conclusion du document", relève l’ONG.
Elle souligne toutefois que ce que le mémorandum d’entente "semble omettre, c'est qu'une partie importante des projets marocains qui doivent être mis en œuvre pour atteindre l’objectif de 52% sera réalisée dans le Sahara occidental, un territoire que le Maroc a brutalement envahi en 1975 et maintenu sous son joug", dénonce WSRW.
L’ONG affirme que si les projets marocains dans l’énergie renouvelable se concrétisent, "plus d'un quart de sa capacité éolienne et solaire sera tirée du Sahara occidental d'ici à 2020".
Elle rappelle que la dernière colonie de l'Afrique, le Sahara occidental, est considérée, par l’ONU comme un territoire non autonome qui relève du champ d'application de sa résolution portant sur l'exercice du droit à l'autodétermination par les peuples coloniaux.
"Aucun Etat au monde ne reconnaît la revendication du Maroc sur le territoire du Sahara occidental", affirme WSRW, appuyant sur le droit du peuple du Sahara occidental à l'autodétermination, et sur ses ressources qui ne devraient donc pas être exploitées par l’occupant, tel que stipulé par le droit international.
Il est également relevé qu’il y a tout juste un mois, le Comité des droits de l'homme de l'ONU a rappelé le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et a réitéré la nécessité du consentement préalable du peuple sahraoui dans tout projet de développement et d'exploitation de ses ressources naturelles.
Début novembre, WSRW avait publié un rapport sur les projets énergétiques éoliens du Maroc au Sahara occidental.
Des investisseurs européens, telle que la Banque européenne d'investissement, se sont abstenus de financer les projets prévus dans les territoires non marocains, ce qui a poussé la monarchie à chercher d’autres investisseurs pour ses deux centrales solaires qu’elle envisage de construire au Sahara occidental, avait souligné l’ONG.
Actuellement, deux affaires ont été engagées devant la Cour de justice de l’UE par les autorités sahraouies, contre l'inclusion du territoire du Sahara occidental dans l'accord commercial UE-Maroc et dans l'accord de pêche entre les deux parties.
Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non-autonomes, donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupée depuis 1975 par le Maroc, soutenu par la France.(SPS)
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