Bruxelles, 11 oct 2016 (SPS) Une vingtaine de parlementaires européens ont appelé mardi la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini à faire pression sur le Maroc pour mettre fin à la "détention illégale" des prisonniers politiques sahraouis du groupe "Gdeim Izik" et pour "l'annulation" de toutes les accusations portées à l'encontre des membres de ce groupe, jugés devant un tribunal militaire marocain.
"Nous, en tant que membres du Parlement européen (...), nous demandons votre intervention pour veiller à ce que toutes les accusations portées à l'encontre du groupe (Gdeim Izik) soient levées et leur procès militaire annulé, mettant fin à leur détention illégale", ont écrit, dans une lettre adressée à Mogherini, 23 eurodéputés appartenant aux cinq plus grands groupes politiques du Parlement européens.
Exprimant leur "solidarité" avec les prisonniers sahraouis du groupe "GdeimIzik", les signataires de la lettre adressée à la Haute représentante de l'Union européenne (UE) pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité, demandent à cette dernière de faire pression sur le Maroc pour que " les observateurs internationaux soient autorisés à accéder aux prisons où sont détenus les prisonniers politiques sahraouis afin de s'assurer du respect du droit international par le Maroc".
Les eurodéputés exhortent, en outre, la première responsable de la diplomatie européenne à intervenir pour que "les prisonniers du groupe Gdeim Izik soient immédiatement transférés dans une prison d’El Aaiun ou tout autre ville dans les territoires occupés du Sahara occidental où ils pourront recevoir les visites de leurs familles et de leurs avocats et où les droits des prisonniers politiques sont respectés".
Rappelant que la Cour de Cassation marocaine a annoncé, fin juillet dernier, la cassation du jugement des 23 condamnés du groupe de Gdeim Izik et le renvoi de l’affaire devant une juridiction pénale de droit commun de Rabat, les eurodéputés soulignent que cette décision a été prise suite à la campagne internationale menée par les organisations de défense des droits de l'homme en faveur d'un procès civil équitable pour ces militants sahraouis, condamnés à de lourdes peines pour avoir revendiquer le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination.
Les eurodéputés ont dénoncé, par ailleurs, le transfert, le 31 août dernier, des prisonniers du groupe "Gdeim Izik" de la prison de Salé vers une autre prison (Elaarjat) située à plus de 1.200 km du lieu de résidence de leurs familles et ce sans informer, au préalable, leurs avocats.
"Cela constitue une violation de leurs droits fondamentaux en tant que prisonniers politiques", ont déploré ces eurodéputés qui se sont insurgés contre les pratiques des autorités marocaines d'occupation qui "ont placé les prisonniers politiques sahraouis avec les autres prisonniers de droit commun".
"Privés de tous leurs biens, de nourriture et de soins médicaux appropriés, les prisonniers sahraouis souffrent d'une détérioration rapide de leur santé", ont souligné, dans leur lettre, les eurodéputés qui font état également des mauvais traitements que subissent ces prisonniers, citant le cas de Houcein Zaoui, Hassanna Dah, Deich Daf, Bourial Mohamed et Mohamed Khouna Babeit.
Dans une question écrite adressée à Mogherini, l'eurodéputée espagnole, Paloma Lopez, a interpellé la Commission européenne sur la torture et les mauvais traitements que subit le prisonnier sahraoui Mohamed Daoudi depuis son incarcération le 5 octobre dernier, exhortant l'UE à forcer le Maroc à accepter l'envoi d'observateurs internationaux dans les prisons marocaines, les postes de police et dans les territoires occupés du Sahara occidental.
En novembre 2010, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental, lorsque les forces de sécurité marocaines ont démantelé un camp sahraoui à Gdeim Izik où des milliers de Sahraouis manifestaient pour revendiquer leurs droits socio-économiques.
Des centaines de Sahraouis ont été arrêtés et 25 d'entre eux ont été condamnés par un tribunal militaire, dont 21 sont encore en prison. Ils purgent de lourdes peines d'emprisonnement allant de 20 ans à la perpétuité. Les prisonniers politiques sahraouis avaient mené plusieurs fois, des grèves de la faim pour protester contre leur incarcération arbitraire et leur jugement inéquitable.
Des organisations internationales, ainsi que les familles des prisonniers avaient, à plusieurs occasions, demandé un autre procès, appelant à l'application du droit international dans ce dossier, puisqu’il s'agit de détenus politiques liés à la question sahraouie qui est gérée par l'Organisation des Nations unies (ONU). (SPS)
020/090/700 111531 OCT 016 SPS