Rabat, 19 mai 2015 (SPS) Les coups, le maintien dans des positions douloureuses, l’asphyxie, les simulacres de noyade, ainsi que les violences psychologiques ou sexuelles font partie des méthodes de torture employées par les forces marocaines de sécurité afin d’extorquer des "aveux", de réduire des militants au silence et d’étouffer la dissidence, a regretté Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public mardi.
Ce rapport intitulé : ‘’L’ombre de l’impunité’’, affirme que la torture au Maroc et dans les territoires occupés au Sahara occidental, ‘’révèle une réalité plus sombre que l’image d’ouverture présentée par les dirigeants marocains…’’.
"Les responsables marocains renvoient l’image d’un pays ouvert, respectueux des droits humains. Mais tant que la menace de la torture planera sur les détenus et les voix dissidentes, cette image ne sera qu’un mirage", a déclaré Salil Shetty, secrétaire général d’Amnesty International, citée dans le rapport.
"Sous des apparences trompeuses, la torture est utilisée pour étouffer la contestation et entache certaines condamnations prononcées par la justice.
Que vous remettiez les inégalités en question ou exprimiez vos convictions, vous courez le risque d’être victime de violences et d’actes de torture", a-t-il ajouté.
Le rapport se fonde sur 173 cas de torture et autres mauvais traitements infligés à des hommes, des femmes et des mineurs par des policiers et des membres des forces de sécurité entre 2010 et 2014.
Figurent parmi les victimes de la torture des étudiants, des militants politiques de tendance de gauche ou islamiste, des partisans de l’auto-détermination du Sahara occidental occupé, ainsi que des personnes soupçonnées de terrorisme ou d’infractions de droit commun.
Le rapport montre que certaines personnes risquent la torture dès leur arrestation et tout au long de leur garde à vue. Trop souvent, les tribunaux ignorent les plaintes et continuent à s’appuyer sur des éléments de preuve obtenus sous la torture pour prononcer des jugements.
Certaines personnes qui osent porter plainte et demander justice sont même poursuivies pour "dénonciation calomnieuse" et "fausse dénonciation d’une infraction", conclut le rapport, qui constate que l’impunité perdure au Maroc. (SPS)
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