Madrid, 16 nov 2014 (SPS) Des milliers de manifestants ont réclamé dimanche à Madrid un vote sur l'indépendance du Sahara occidental, occupé depuis 1975 par le Maroc.
Les manifestants sont descendus dans la rue pour "demander au gouvernement espagnol d'intervenir pour aider les Sahraouis à être en mesure de voter afin de décider" de leur statut, a expliqué à l'AFP Jose Taboada, président de la coordination des associations espagnoles de solidarité avec le Sahara occidental, qui a organisé la manifestation.
Une manifestation en faveur du peuple du Sahara Occidental avait réuni des centaines de personnes en octobre dernier devant le siège du ministère espagnol des Affaires étrangères, à Madrid, dénonçant les autorités marocaines qui "continuent de violer les droits de l'homme des populations sahraouies vivant sous occupation militaire", et appelant le gouvernement espagnol à "assumer ses responsabilités dans ce conflit".
La manifestation d'aujourd"hui était organisée en parallèle à la Conférence européenne de soutien et de solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO), présidée par Pierre Galand, qui a exhorté, samedi à Madrid, la communauté internationale à adopter une politique "cohérente" vis-à-vis de la question sahraouie et permettre au peuple sahraoui d'exercer son droit à l'autodétermination.
Il a notamment fustigé l'Union européenne (UE) pour son "attentisme" et sa politique de "deux poids deux mesures" concernant le conflit sahraoui, marqué par le refus du Maroc de respecter la légalité internationale.
Les participants à la conférence ont relevé pour leur part la nécessité d'une solution juste et définitive au conflit du Sahara Occidental, tout en soutenant que le vaste mouvement de solidarité international avec le peuple sahraoui réuni ces deux jours à Madrid "réaffirme avec force sa solidarité avec sa lutte de 40 années pour son indépendance sous la conduite du Front Polisario, son unique et légitime représentant".
L'ambassadeur sahraoui en Algérie, Brahim Ghali, a pour sa part appelé, en marge de la conférence, le Conseil de sécurité des Nations unies à agir "vite" et avec "détermination" pour la décolonisation du Sahara occidental, dernière colonie d'Afrique.
"L'ONU est lassée par les atermoiements répétitifs du Maroc et ses entraves aux efforts de règlement du conflit au Sahara occidental", a-t-il relevé, insistant sur la nécessité d'entreprendre des actions pour que la situation ne perdure pas encore.
Il a souligné que "dans son prochain rapport, le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, devra attirer l'attention du Conseil de sécurité pour revoir sa méthode de gestion de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) en vue de la décolonisation du Sahara occidental".
Le diplomate sahraoui a relevé que cette 39ème édition de l'EUCOCO intervenait dans une conjoncture "particulière marquée par l'entêtement du souverain marocain (Mohammed VI) face à la légalité internationale, réitérant son appel à l'ONU à assumer ses responsabilités de parachever rapidement la décolonisation du Sahara occidental.
Le chef de la diplomatie algérienne, Ramtane Lamamra, a récemment souligné que "notre région a besoin également que s'accomplisse la mission de décolonisation du Sahara occidental qui incombe à l'ONU, en application des résolutions de l'Assemblée générale et du Conseil de sécurité des Nations unies et à la veille du quarantenaire de l'avis de Cour internationale de justice qui a consacré l'autodétermination comme passage obligé de la solution à promouvoir au bénéficie du peuple de ce territoire".
Inscrit depuis 1966 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l'application de la résolution 1514 de l'Assemblée générale de l'ONU portant déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc avec le soutien de la France.
Pour la militante sahraouie des Droits de l'homme, Aminatou Haidar, la situation actuelle marquée par le blocage du processus de négociations et la désobéissance du Maroc à la légalité internationale risque de pousser les jeunes sahraouis à penser à agir par d'autres moyens, telle que la violence, pour attirer l'attention de la communauté internationale.
Le président de la République, Mohamed Abdelaziz, avait déjà mis en garde vendredi contre la politique menée par le Maroc qui "encourage le retour à la guerre" à travers son opposition" à la légalité internationale et son "refus" du dialogue pour le règlement du conflit du Sahara occidental, rappelle-t-on.(SPS)
020/090/700 171008 NOV 014 SPS