Dakhla (Camps des réfugiés sahraouis), 3 mai 2014 (SPS) Le film documentaire "Dirty Wars" (Les guerres sales), projeté vendredi à Dakhla au Festival international du film du Sahara occidental (FISahara), a fait forte impression en abordant avec audace les opérations militaires secrètes menées à travers le monde par l'Administration américaine.
D'une durée de 90mn, ce documentaire réalisé en 2013 par l'Américain Richard Rowley, raconte les investigations menées par le journaliste Jeremy Scahill à propos du "Joint Special Operations Command" (JSOC, commandement des forces spéciales américaines), une unité secrète aux larges prérogatives placée sous les ordres directs du Président des Etats-Unis.
En s'attachant à suivre les traces laissées par les opérations du JSOC, le journaliste va à la rencontre des victimes en Afghanistan, au Yémen ou en Somalie, tout en interrogeant des responsables américains sur cette organisation secrète.
Le documentaire débute dans un village afghan où une unité du JSOC a attaqué une famille pendant qu'elle fêtait une naissance, tuant de sang froid deux femmes enceintes et un homme.
Le journaliste va à la rencontre des survivants de cette famille endeuillée et restitue des témoignages poignants dont ceux du grand-père pour qui les Etats-Unis d'Amérique, à ses yeux, "ne valent rien" devant la perte de ses enfants et petits enfants assassinés, ou encore celui de la petite "Tamana" qui énumère les noms des victimes tout en affichant un sourire face caméra.
Jeremy Scahill rencontre également un des combattants de cette unité -créé en 1980 et considérée comme la plus secrète des organisations spéciales-, qui avoue que le drame survenu dans ce village afghan "se reproduit des dizaines de fois chaque nuit".
Cet élément du JSOC confie aussi ne pas comprendre que son unité ait pu faire "trois mille victimes en si peu de temps": Une "réalité inquiétante" aux "détails sordides", qu'un responsable américain refuse de livrer au journaliste, tout en concédant qu' "il semble y avoir deux lois aux Etats-Unis, une officielle et autre officieuse".
L'enquête d'investigation va ensuite mener le journaliste au Yémen et en Somalie où des opérations similaires (bombardements, assassinats) ont également fait des victimes.
Le documentaire revient également sur le rôle du JSOC dans la mort (en 2011) du chef d'Al-Qaida Oussama Ben Laden, en montrant le numéro deux de l'unité, assis aux côtés du Président Obama dans la salle des opérations, pendant que son chef se chargeait de la conduite de l'assaut sur le terrain.
Avec une technique cinématographique relativement simple mais efficace grâce à la force des commentaires en voix-off, le réalisateur a réussi, de l'avis des participants au Festival, à faire passer sa condamnation de la face agressive cachée de la politique étrangère américaine.
Ouverte mercredi dernier, la 11e édition du FISahara est organisée sous le thème "le cinéma au service des droits de l'Homme" avec la participation de 24 oeuvres cinématographiques.(SPS)
020/090/700 040950 MAI 014 SPS