Rabat, 10 fév 2014 (SPS) L’ONG américaine de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) a appelé lundi le gouvernement marocain à mettre fin à "l’usage d’une force excessive" à l’encontre des migrants subsahariens et "aux retours et expulsion de force des migrants sans procédure régulière", affirmant que les forces de sécurité marocaines violaient leurs droits.
Dans un rapport de 79 pages, focalisé sur la région de l’Oriental (nord-est du Maroc), intitulé "Abus et expulsions: les mauvais traitements infligés aux migrants d’Afrique subsaharienne au Maroc" et rendu public à Rabat, HRW a souligné que le Maroc "ne devrait pas se livrer à des traitements cruels, inhumains ou dégradants envers les migrants".
"Alors que le Maroc a le droit de surveiller ses frontières et de faire appliquer les dispositions légales pour contrôler l’immigration, ce pays ne devrait pas se livrer à des traitements cruels, inhumains ou dégradants envers les migrants, en les frappant, leur volant leurs possessions et en détruisant de façon expéditive leur abris de fortune", a affirmé l’ONG
Elle a souligné que "le Maroc n’a pas le droit d’expulser les migrants sans procédure régulière".
Dans son rapport établi à fin octobre 2013, HRW a indiqué qu’elle s’est entretenue notamment avec 67 migrants subsahariens vivant dans les camps non officiels autour des villes d’Oujda et Nador qui ont décrit "ce qu’ils ont appelé des descentes de police fréquentes".
Selon l’ONG, certaines de ces personnes interrogées "ont raconté que lors de ces descentes, la police a arrêté des migrants de sexe masculin sans chef d’inculpation, a détruit les abris et les biens personnels des migrants, et a parfois volé des objets de valeur appartenant aux migrants".
Après avoir noté que "le gouvernement marocain maintient que la police ne faisait qu’appliquer la politique d’immigration nationale et a nié que la police ait perpétré des violences envers ces migrants", l’ONG a affirmé que "les déclarations des migrants, corroborées par d’autres sources, tendent à indiquer l’existence de nombreux cas d’abus commis à l’encontre d’Africains subsahariens au Maroc".
Le gouvernement marocain a annoncé, en septembre 2013, qu’il mettait en œuvre une nouvelle politique d’immigration et d’asile, basée sur un ensemble de recommandations formulées par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) contenues dans un rapport dans lequel il a souligné les atteintes aux droits humains à l’encontre des migrants, des demandeurs d’asile et des réfugiés au Maroc, a rappelé l’ONG.
Le CNDH avait appelé le gouvernement à respecter la constitution du Maroc et ses engagements internationaux en matière de droits des réfugiés et des demandeurs d’asile, des migrants et des victimes de la traite des êtres humains, a encore rappelé HRW.
L'ONG américaine estime à 25.000 le nombre de Subsahariens entrés illégalement au Maroc mais il n'y a pas de "recensement exact" de ces migrants. (SPS)
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