Chahid El Hafed (camps des réfugiés sahraouis), 8 déc 2013 (SPS) En dépit des tentatives du Maroc de retarder la reconnaissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) par l'Afrique du Sud, le soutien du parti de la patrie de Nelson Mandela à la cause sahraouie est demeuré "constant" et est allé en "s'accroissant", a affirmé dimanche le Premier ministre sahraoui, Abdelkader
Taleb Omar.
"Mandela avait l'intention de reconnaître la RASD au lendemain de sa sortie de prison, mais le Maroc avait tout fait, en recourant à des parties étrangères tierces, en vue de retarder cette reconnaissance, laquelle a eu lieu sous la présidence de son prédécesseur, Thabo M'Beki", a déclaré M. Taleb Omar dans un entretien à l'APS.
Il a ajouté, à ce propos, que des rencontres entre le défunt Mandela et les dirigeants sahraouis avaient ponctué la période précédant la reconnaissance, alors que le soutien "politique" de l'Afrique du Sud pour le droit des Sahraouis à l'autodétermination s'est "poursuivi en s'accroissant", a-t-il souligné.
Ce soutien "indéfectible" s'est traduit à travers de multiples opportunités diplomatiques et autres tribunes internationales, et n'est "nullement surprenant" venant d'un pays dont le peuple a longtemps milité pour que soit enfin reconnu son droit à "l'égalité" et à la "dignité", a poursuivi le responsable sahraoui.
"L'Afrique du Sud a de tout temps été à l'avant garde des défenseurs de la cause sahraouie car, au même titre que l'Algérie, elle mesure mieux que d'autres le sens de la liberté et de la justice", a-t-il encore relevé.
Evoquant la collaboration "étroite" ayant existé entre le Front Polisario et le Congrès national africain (ANC), le Premier ministre sahraoui a rappelé que le soutien du parti Sud-africain au représentant du peuple sahraoui a été "hautement diplomatique et politique dans le sens où il n'a eu de cesse de porter notre combat dans les résolutions internationales".
La collaboration a pris également la forme d'échanges d'informations et "aurait pu être militaire et logistique n'étaient-ce la difficulté de la situation de l'époque ainsi que l'éloignement géographique", a-t-il, par ailleurs, commenté avant de rappeler le voyage effectué dans les territoires libérés du Sahara occidental par Thabo M'Beki, durant sa mandature à la tête de l'Afrique du Sud.
"Cette visite lui avait permis de prendre connaissance de visu de quelques armes utilisées par le Maroc et en provenance de son pays, étant donné que Hassan II avait conclu des contrats d'achat d'armes avec le régime de l'Apartheid à Pretoria", a-t-il affirmé, à ce propos.
Tout en rappelant que son pays a observé un deuil national de trois jours à la suite du décès du héros de la lutte anti-apartheid, le Premier ministre sahraoui a noté que c'est Mandela qui a "tracé la voie" pour le gouvernement Sud-africain et dont "l'attachement aux principes" a donné lieu à une "position constante" de soutien" à la cause sahraouie.
Un Mandela "intransigeant"
Celui qui fût le premier président noir de l'Afrique du Sud était connu pour être "intransigeant" sur les questions impliquant les valeurs et les principes de "justice", de "liberté", et d'"égalité", s'accordent à relever les témoignages le concernant.
C'est donc, sans "surprise" que l'icône de la lutte anti-Apartheid avait signifié au défunt roi du Maroc, Hassan II, que "ne pas reconnaître la RASD, c'est devenir un complice de la négation du droit à l'autodétermination du peuple du Sahara occidental".
A la réponse du Maroc au plan de paix de l'ONU, Mandela avait fait remarquer au Roi ceci: "Vous devez convenir Majesté, que ceci, constitue une tentative non déguisée de nier le droit à l'autodétermination que l'ONU et sa charte sont tenues de défendre et de faire progresser".
Mandela avait ajouté, alors, en sa qualité de Président de la "Nation arc en ciel" au souverain marocain: "Cela constituerait une trahison grave et inacceptable de notre propre lutte, de la solidarité que le Maroc nous a apportée et de notre engagement à respecter la Charte des Nations unies et l'acte constitutif de l'Union africaine".
L'Afrique du Sud a reconnu la RASD le 15 septembre 2004, faisant ainsi partie de plus de 80 nations à avoir admis le droit du peuple sahraoui à l'autodétermination et à décider en toute souveraineté de sa destinée. (SPS)
020/090/700 091000 DEC 013 SPS