Chahid El-Hafed (camps des réfugiés sahraouis), 19 novembre 2013 (SPS) Le Maroc tente vaille que vaille de couper le "lien fort qui lie le Front Polisario au peuple sahraoui", a déclaré le ministre des territoires occupés et des communautéssahraouies établies à l'étranger, Mohamed El-wali Akik, dans un entretien accordé à l'APS.
"Le Maroc tente vaille que vaille de couper le lien fort qui lie le Front Polisario au peuple sahraoui et utilise "d'autres moyens de répression que militaires et ceux classiquement privilégiés" en vue de mettre à genoux la population sahraouie qui revendique son droit à l'indépendance et à la dignité, a affirmé Mohamed El-wali Akik.
Le premier responsable du secteur, en charge du suivi de la situation des Sahraouis dans les territoires occupés et à l'étranger, évoque, entre autres méthodes recourues par le Maroc, le fait "de manipuler le nombre des Sahraouis en vue de perturber le corps électoral".
Il cite, à ce propos, les multiples formes de répression policière des libertés individuelles et collectives dont celles d'empêcher les Sahraouis à "revendiquer pacifiquement" le libre choix de leur destinée.
Pour le ministre sahraoui, la violation des droits de l'homme dans les territoires occupés "n'est plus un secret" tant le Maroc est de plus en plus "accablé" par les rapports d'Organisations internationales de défense des droits de l'homme et autres associations de solidarité avec le peuple sahraoui qui font état de violations "dans tous les domaines".
Il a mis l'accent à ce sujet les discriminations multiformes auxquelles sont confrontés les Sahraouis des territoires occupés, s'agissant du droit à l'éducation, aux soins et au travail notamment.
"En 40 ans d'occupation, seul un médecin sahraoui a été formé par ses propres moyens, alors que nous comptons 300 médecins et autres personnels de la santé instruits dans les camps des réfugiés", a-t-il précisé.
Un seul médecin sahraoui formé en 40 ans d'occupation
Mohamed El-wali Akik évoque, en outre, une autre privation vécue plus particulièrement par les détenus politiques sahraouis: la difficulté d'accès au courrier qui leur est destiné et les intimidations auxquelles sont soumis leurs proches lors des visites.
"Les Sahraouis peuvent accéder à tous les droits à condition d'afficher leur adhésion au projet marocain d'autonomie. Pour les chômeurs, il est délivré une carte qui leur ouvre droit à une pension, mais qui est tributaire de leur assujettissement au projet défendu par le Maroc", a-t-il mentionné.
Le représentant du gouvernement sahraoui déplore le "soutien inébranlable" de la France pour le Maroc, lequel a été, rappelle-t-il, à l'origine du blocage du vote de la proposition d'élargissement du mandat de la Minurso à la protection des droits de l'homme dans les territoires occupés.
Il en est de même s'agissant de la position de l'Espagne officielle, laquelle est "vacillante", qu'elle soit dans l'opposition ou au pouvoir:" En réalité, les politiques ne font semblant de soutenir notre cause que sous la pression de leur société civile et des organisations qui nous sont acquis, mais au final, ils s'alignent sur la position dominante qui est favorable au Maroc", a-t-il souligné.
"Il est temps que les Nations Unies tiennent compte des violations humaines de plus en plus répertoriées par les organisations internationales, même l'Union africaine s'est prononcée contre ces atteintes qui démontrent à quel point le Maroc est l'un des principaux pays qui ne respectent pas les principes universels élémentaires et qui, de surcroît, a été élu au Conseil des droits de l'homme de l'ONU", déplore le ministre sahraoui.
Il a relevé que le Maroc "fait preuve d'une grande agitation face aux multiples dénonciations internationales dont il est accusé". Il en veut pour preuve la campagne menée contre l'Algérie pour "détourner l'attention de l'opinion locale et internationale de ses attitudes répressives dans les territoires occupés".
Pour les besoins de la propagande étrangère, soutient Mohamed El-wali Akik , le Royaume s'emploie à "présenter "une belle vitrine composée des valeurs de démocratie et de libertés, alors qu'au plan interne, il se comporte comme une dictature et un régime policier, ce qui le place dans une incroyable contradiction".
Le ministre sahraoui estime, par conséquent, que le "défi essentiel" du Front Polisario consiste à "briser l'étau qui encercle les Sahraouis des territoires occupés afin que l'opinion internationale prenne connaissance de leur endurance et de leurs privations".
"En dépit de toutes les pressions exercées sur eux, les Sahraouis des territoires occupés sont convaincus que quelle que soit la répression qui s'abat sur eux, ils ne pourront jamais accepter de vivre sous la tutelle marocaine", observe le ministre sahraoui, notant que le projet de développement du sud du Maroc ne peut "leurrer" personne, encore moins ses concitoyens considérés par le Royaume comme des citoyens de seconde zone".
"Les Sahraouis savent que ce ne sont que des promesses creuses et leur seule revendication est de reconquérir leur territoire et d'y vivre librement", conclut Mohamed El-wali Akik. (SPS)
093/090/700