ROME, 21 mars 2013 (SPS) Abderahmane Zayou, l'un des deux militants sahraouis condamnés dans le procès des 25 (dit groupe de Gdeim Izik), et libérés pour avoir déjà purgé leur peine, témoigne sur la situation des droits de l'homme au Sahara occidental, son arrestation, les conditions de détention et l'avenir de la résistance, dans le journal online italien, Osservatorio.
"Ce qui est arrivé à Gdeim Izik et la façon dont a agi le Maroc a renforcé l'opposition des Sahraouis, y compris ceux qui sont à la solde du gouvernement de Rabat", souligne Abderahmane Zayou.
"En ces jours, au cours de la propagation de la violence, le royaume alaouite a attaqué tout le monde, sans distinction", raconte Zayou, affirmant que parmi les victimes de la répression figurent des familles pro-monarchistes, qui n'ont pas été épargnées pour autant.
"Comme en 1975, lors de la "marche verte", les autorités d'occupation voulaient s'imposer à tous et à tout prix, même en sacrifiant des vies humaines", ajoute le militant sahraoui.
A propos de son arrestation, il précise que sa participation à la manifestation de Gdeim Izik "était limitée à l'aide humanitaire aux familles du camp après l'embargo imposé par les forces marocaines".
"La vraie raison de l'arrestation était mon entretien à la chaîne Al-Jazeera le 8 novembre 2010, le jour du démantèlement du camp, dans lequel j'avais dénoncé ouvertement la politique autoritaire du Maroc et la gravité de l’intervention contre les civils innocents", explique-t-il.
"J'étais à l'aéroport alors que je devais me rendre à Las Palmas (Les îles Canaries), 14 jours après le démantèlement du camp de Gdeim Izik, lorsque la police marocaine m'avait arrêté et enfermé pendant deux jours dans une caserne", poursuit-il.
"Après l'interrogatoire, concentré sur ma relation avec le Front Polisario et mon militantisme en faveur des droits humains et civils, on m'avait transféré à Rabat, où le juge d'instruction chargé de l'affaire avait validé l'accusation d'incitation à la violence et de responsabilité morale sur ce qui s'est passé à Al Aaiun", précise-il.
"Je n'ai jamais fait mystère de mon militantisme, en particulier à partir de la fin des années 1990, quand j'étais membre du mouvement étudiant et quand j'avais par la suite, coordonné les activités d'un groupe d'intellectuels opposés aux autorités de Rabat", ajoute Zayou.
Sur les conditions de détention, il affirme qu'en prison, ils avaient subi des violences, des tortures et toutes sortes de harcèlement, "pour nous pousser, explique-t-il, "à trahir notre droit à l'autodétermination".
"Les condamnations infligées aux nôtres sont exclusivement politiques, et visent à faire pression sur les dirigeants du Polisario pour cesser la lutte en faveur de la liberté au Sahara occidental", précise ce militant sahraoui.
Pour lui, ces pratiques des autorités d'occupation ne réussiront pas à imposer le silence au peuple sahraoui.
"Alors que je suis libéré, je me sens déchiré et rempli de responsabilité. Je dois continuer à me battre pour mes camarades encore en prison. Nous ne savons pas pourquoi, deux d'entre nous ont été libérés, tandis que les autres sont encore en prison", indique le militant, affirmant: "notre combat, en particulier le mien, ne s'arrête pas là".
Zayou ajoute que sa sortie de prison n'était pas son but, mais qu'il allait exploiter cette occasion "pour poursuivre la résistance pacifique, dans l'espoir de voir les générations futures vivent dans un pays libéré de la haine et de la répression".
"Ma liberté ne sera effective que lorsque je verrai le drapeau sahraoui flotter au Sahara occidental et mon peuple récupérer ce qui lui a été volé, il y a quelques décennies, sa liberté", souligne-t-il, affirmant que "si, au lieu d'être libéré, j'ai été condamné à la prison à vie, et qu'on laisse sortir pour une journée, je prendrai le drapeau du Front Polisario et je marcherai à Rabat".
Au sujet de l'avenir de la lutte dans les territoires occupés, il indique que "nous n'allons pas attendre longtemps pour mettre au point d'autres formes de protestations semblables à celle de Gdeim Izik, toujours pacifiques, qui montreront au monde notre horreur des pratiques dégradantes que le Maroc nous inflige".
"Nous ne pouvons oublier les générations qui ont lutté avant nous et qui ont donné leur vie pour l'autodétermination du peuple sahraoui. Ils nous ont laissé un grand héritage que nous devons garder vivant dans la conscience de notre peuple", dit-il. (SPS).
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