New York, 19 fév 2013 (SPS) Le Front Polisario a appelé mardi le Conseil de sécurité de l’ONU à intervenir pour demander l’annulation du verdit prononcé dimanche dernier par le tribunal militaire de Rabat à l’encontre du groupe de prisonniers politiques sahraouis de Gdeim Izik.
Ce tribunal a condamné neuf prévenus sahraouis de ce groupe à la réclusion à perpétuité, quatre autres à 30 ans de prison, huit à 25 ans, deux à 20 ans d’emprisonnement et deux autres à la peine correspondant à la durée de la détention préventive, à savoir 27 mois.
Les mis en cause avaient été emprisonnés depuis les évènements du camp de Gdeim Izik, proche d’El Aaiun dans le Sahara occidental occupé où ils avaient participé en novembre 2010 à l’organisation d’un camp de protestation pacifique.
"Le Front Polisario appelle le Conseil de sécurité à intervenir dans les plus brefs délais pour demander l’annulation des décisions arbitraires prises par le tribunal militaire du Maroc, et la libération de tous les détenus politiques sahraouis qui croupissent dans les prisons marocaines", a souligné le représentant du Front Polisario à l’ONU, Boukhari Ahmed, dans sa lettre adressée au président du Conseil de sécurité, Kim Sook.
"Tel qu’il était attendu dans le contexte d’un procès politique, le tribunal militaire marocain a prononcé, le 16 février, un ensemble de jugements terriblement graves et inacceptables à l’encontre des prisonniers politiques sahraouis", a mentionné le représentant sahraoui dans sa lettre transmise à l’organe de décision de l’ONU.
Pourtant, a-t-il poursuivi, "les accusés ont déclaré à plusieurs reprises, lors de leurs deux années de détention provisoire, qu’ils avaient été régulièrement soumis à la torture, dont la violence sexuelle, afin de les contraindre à faire de faux aveux".
Un procès injuste et très loin des normes internationales
Par ailleurs, "l’absence de preuves pour étayer les accusations contre les détenus politiques sahraouis et les pratiques de torture rapportées par ces derniers ont été considérées par de nombreux observateurs internationaux indépendants et des organisations de défense des droits de l’homme comme une indication d’un procès qui est très loin des normes internationales, et d’une violation par le Maroc de ses obligations internationales en matière des droits de l’homme".
Dans ce sens, il a rappelé que le directeur d’Amnesty International pour le Moyen-Orient et Afrique du Nord, Philip Luther, avait déclaré, le 1er février, au sujet de cette affaire que ‘‘le procès de civils devant un tribunal militaire ne répond pas aux normes internationalement reconnues d’un procès équitable’‘.
Les allégations de torture rapportées par les détenus doivent être examinées et toute preuve obtenue sous la torture doit être rejetée par le tribunal. Les autorités marocaines doivent également engager une enquête indépendante et impartiale sur les événements de Gdeim Izik.
Dans le même contexte, M. Boukhari a également fait savoir que les autorités marocaines ont délibérément ignoré la recommandation du Comité des Nations unies contre la torture de décembre 2011 en vertu de laquelle elles devaient mettre en place "des mesures plus fortes pour assurer, sans délai, des enquêtes approfondies, impartiales et efficaces sur la violence et les morts qui ont eu lieu au moment du démantèlement du camp de Gdeim Izik".
Un mécanisme onusien de surveillance des droits de l’homme plus urgent que jamais
En conséquence, lit-on dans cette lettre, "cette nouvelle démonstration de la politique marocaine de répression systématique contre la population sahraouie souligne le besoin urgent pour l’ONU d’agir immédiatement pour mettre en place le mécanisme de surveillance des droits de l’homme au sein de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO)".
Dans ce sens, le représentant du Front Polisario à l’ONU a souligné au président du Conseil de sécurité que ce mécanisme était "la seule façon de garantir des réponses rapides à des situations nouvelles sur le terrain, et de faciliter une communication directe et précise avec les membres de l’ONU conformément aux obligations de l’ONU et en vertu de la Charte des Nations Unies et des résolutions successives du Conseil de sécurité qui consacrent l’instauration des conditions d’un référendum pour le peuple du Sahara occidental".
"Qui plus est, les libertés d’expression, d’association politique et de rassemblement, qui ont été toutes violées au camp de Gdeim Izik par les autorités marocaines, sont au cœur de tout processus d’autodétermination qui constitue l’expression libre et authentique de la volonté politique du peuple, et doivent donc être respectées et protégées au Sahara occidental", a encore insisté M. Boukhari.
La crédibilité du système des Nations Unies "se trouve ternie tant que la MINURSO continue d’être la seule opération de maintien de la paix de l’ONU qui fonctionne sans y intégrer la capacité de surveillance des droits de l’homme", a regretté le représentant sahraoui.
Le Conseil de sécurité doit agir pour la tenue d’un référendum d’autodétermination
Abordant plus généralement la question du Sahara occidental qui reste la dernière colonie en Afrique, M. Boukhari a noté à M. Sook que le Conseil de sécurité avait, pourtant, reconnu que "le statu quo est inacceptable", lui rappelant également que l’Union africaine avait adopté une décision en janvier dernier demandant à la Commission de l’UA de ‘‘prendre toutes les mesures nécessaires pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination du peuple du Sahara occidental conformément aux décisions pertinentes de l’UA et des résolutions des Nations Unies’‘.
Tout en demandant instamment au Conseil de sécurité de "veiller à ce que l’ONU fasse tout son possible pour garantir le respect des droits de l’homme au Sahara occidental", le représentant sahraoui l’a aussi exhorté à "agir rapidement pour remplir la promesse de longue date de la tenue d’un référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui". (SPS)
020/090/700 191955 FEV 013 SPS