New York, 24 oct 2012 (SPS) Le Rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, M. Juan Mendez, a réaffirmé que les autorités marocaines recourent à la torture contre les Sahraouis, soulignant que le Maroc "est loin de pouvoir affirmer qu'il a éliminé la torture".
M. Mendez a fait cette déclaration lors d’une conférence de presse au siège de l’ONU à l’issue de la présentation, devant la 3ème commission onusienne chargée des questions humanitaires, d’un rapport sur la torture dans plusieurs pays dont le Maroc où il s’était rendu, ainsi qu’au Sahara occidental, du 15 au 22 septembre dernier.
Il présentera ses observations et ses recommandations au Conseil de l'ONU pour les droits de l'homme à Genève en mars 2013.
En évoquant la torture contre les Marocains et les Sahraouis au Maroc ou au Sahara occidental, ce haut responsable de l’ONU a affirmé avoir trouvé des "preuves attestant du même mauvais traitement lors des interrogatoires", tout en relevant que "l’usage excessif de la force lors de manifestations est le même au Sahara occidental qu’au Maroc".
Et d’ajouter: "A chaque fois qu'il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires. Il est difficile de dire si c'est très répandu ou si c'est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l'ignorer".
A ce propos, il a fortement critiqué la forte présence policière et militaire au Sahara occidental et de "nombreux cas de brutalités policières" contre des manifestants sahraouis pacifiques.
Quant à la question relative à l’élargissement du mandat de la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO) à la surveillance des droits de l’homme, M. Mendez a avancé que pour l’instant, il ne dispose pas d’une opinion arrêtée sur ce dossier mais il a considéré que "la surveillance permanente est toujours plus utile qu’une visite du Rapporteur spécial".
Il est à rappeler qu’à l’issue de sa visite effectuée en septembre dernier au Maroc et au Sahara occidental, M. Mendez avait déclaré sur place avoir recueilli des preuves de torture infligée aux personnes enfermées dans les centres de détention du Sahara occidental, sous contrôle du Maroc.
"La torture semble être plus cruelle, violente et systématique quand il s'agit de la sécurité nationale", avait-il rapporté.
Dans ce sens, il avait appelé le Maroc à ratifier au plus tôt le protocole optionnel de la convention contre la torture (Opcat) qui vise à prévenir les mauvais traitements des personnes en détention.
La violation des droits de l’homme des Sahraouis par le Maroc préoccupe de plus en plus la communauté internationale dont les ONG mondiales chargées de la question telles Amnesty International, Human Rights Watch et le centre Robert F. Kennedy qui ont dénoncé, dans plusieurs de leurs rapports, les exécutions arbitraires, la torture, les disparitions forcées, les viols de femmes et autres destructions de biens par les autorités marocaines.
La gravité de cette situation a même suscité une forte réaction au sein du Congrès américain au point qu'il a été amené à élaborer et adopter en décembre 2011 une loi qui exige, désormais, du département d’Etat de s’assurer du respect des droits de l’homme au Sahara occidental par les autorités marocaines avant l’octroi de toute aide financière militaire au Maroc.
Dans son rapport établi spécialement pour se mettre en conformité avec cette loi, le département d’Etat a lui aussi dénoncé, tout récemment, la violation des droits de l’homme des Sahraouis, affirmant que la situation soulève de sérieuses inquiétudes.
"La situation générale des droits de l’homme dans les territoires sahraouis soulèvent un certain nombre de sérieuses inquiétudes, à travers les limitations à la liberté d'expression et de réunion, le recours à la détention arbitraire et les abus physiques et verbaux contre les détenus lors des arrestations et emprisonnements", a confirmé le département de Hillary Clinton. (SPS)
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