Casablanca (Maroc), 11 août 2011 (SPS)- Les avocats de la défense ont réclamé
jeudi la liberté provisoire pour le directeur du journal arabophone Al Massae,
Rachid Nini, condamné début juin à un an de prison ferme pour "désinformation".
A l'ouverture du procès en appel devant le tribunal de Casablanca, la défense a motivé cette requête par le fait que le journaliste n'était pas un criminel et disposait des garanties suffisantes pour bénéficier de cette liberté.
Les deux avocats du prévenu, Khalid Sefiani et Moustapha Ramid, ont demandé à la cour de réparer "l'erreur commise" par le tribunal de première instance qui a poursuivi M. Nini sur la base du code pénal au lieu du code de la presse. La Cour a décidé de mettre en délibéré à jeudi prochain la requête de liberté provisoire, tout en fixant au 25 août la poursuite du procès.
Rachid Nini avait été condamné à un an de prison ferme et à une amende de 1000 dirhams (environ 87 euros) pour "désinformation" contre des membres des services de sécurité marocains, "atteinte à des corps constitués" et "atteintes à des personnalités publiques".
En détention depuis le 28 avril dernier, il a été poursuivi en vertu d'articles du Code pénal et non du code la presse, ce qui a été dénoncé par "la commission nationale de solidarité avec Rachid Nini" estimant que "les conditions d'un jugement équitable faisaient défaut dans cette affaire".
Le Syndicat national de la presse marocaine (SNPM) a réitéré fin juillet son appel à la libération de M. Nini, et déclaré suivre avec "une profonde inquiétude" la poursuite de la détention du journaliste Amnesty international, Reporters sans frontières, la société civile et politique ainsi que le mouvement "Jeunes du 20 février" qui réclame des changements démocratiques au Maroc avaient lancé des appels à sa libération sans conditions.
Plus de 500 avocats avaient signé une pétition de soutien et de solidarité avec le directeur d'Al Massae, un des plus forts tirages de la presse marocaine (113.400 exemplaires par jour, selon l'Organisme de justification de la diffusion (OJD).
Dans un rapport sur la situation des droits de l'homme, Amnesty avait souligné que "la détention de Rachid Nini va totalement à l'encontre des promesses de réforme que le roi Mohammed VI a faites, lorsqu'il a promis de consolider le respect des droits humains. Il s'agit d'une grave attaque contre la liberté d'expression".(SPS)