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"Le gouvernement marocain sera le responsable directe de toutes conséquences tragiques que seraient advenus" aux sahraouis (lettre)

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Bir Lahlou, 17 juin 2011 (SPS).- Le président de la République, Secrétaire Général du Front Polisario, Mohamed Abdelaziz, a adressé une lettre à Mme. Navanethem Pillay, Haut-Commissaire des Nations Unies aux Droits de l’Homme, pour demander son intervention afin de sauver les vies des sahraouis qui mènent une grève de la faim depuis plus de 65 jours.

Texte de la lettre:

République Arabe Sahraouie Démocratique
Présidence
Bir Lahlou
Le 14 juin 2011

Mme. Navanethem Pillay
Haut-Commissaire des Nations Unies
aux Droits de l’Homme
Palais des Nations
CH-1211 GENEVE 10

Madame le Haut Commissaire,

Le gouvernement marocain continue d’ignorer la situation, chaque fois plus grave, des prisonniers politiques sahraouis, malgré leur état de santé désastreux suite à des grèves de la faim de plus de deux mois.
Ces prisonniers politiques souffrent de l’indifférence et de l’absence des conditions minimales auxquelles a droit tout détenu politique.

La situation de ces détenus s’est détériorée au fil des jours. Ils souffrent de certaines maladies tels le diabète, l’asthme, les reins, la toux sévère comme c’est le cas de Debch Daf, Bani Mohamed, Zeyou Abderrahman. Ils subissent aussi les provocations et les menaces au quotidien.

A titre d’exemple, Abdallah Lekhfaouni a été mis de force dans le compartiment frigorifique de la prison et Brahim Al Ismaili s’est vu confiné dans une cellule individuelle.

Dans la prison de Salé, un groupe de six détenus sahraouis poursuivent encore une grève de la faim illimitée suite à l’agression sauvage dont ils étaient victimes de la part de la police et des gardiens marocains de la prison. Ils entendaient par là protester contre le déplacement abusif de deux de leurs camarades: Moustapha Abd Daim et Mahmoud Abou Al Qassim. Ces derniers avaient été transférés, les yeux bandés et les mains ligotées, vers la prison de Salé. Un peu avant leur transfert, ils ont été victimes de traitements inhumains et dégradants, au même titre que les autres détenus sahraouis qui se trouvaient avec eux.

La situation de ce groupe, composé de Mahjoub Aillal, Lehmam Salama, El Moujahid Mayyara, Moulay Eli Bouamoud, Brahim El Khalil Mgheimima, El Berkaoui Mohamed, Mohamed Essalmi, est une situation qui risque de se transformer en une véritable tragédie, eu égard à leur état de santé dégradé, consécutif d’une grève de la faim qui perdure depuis le 6 juin.

Ils souffrent de maux d’estomac, des problèmes de reins et d’articulations. Ils sont régulièrement menacés par l’autorité pénitentiaire qui leur coupe parfois l’eau potable et incite les prisonniers du droit commun contre eux.

Deux autres prisonniers politiques sahraouis vivent une situation similaire: Bachri Ben Taleb et Cheikh Ameidan. Comme leurs camarades, ils avaient été transférés brutalement de la prison Lakhel de El Aaiun vers la prison de Aït Melloul, à l’intérieur du Maroc. Ils mènent actuellement une grève de la faim qui dure depuis 22 jours. Leur poids a gravement baissé et ils souffrent de plusieurs maladies.

Dans la ville de Guelmim, au sud du Maroc, un groupe de sahraouis continuent leur sit-in et mènent une grève de la faim qui dure depuis 62 jours, en protestation contre leurs conditions de vie misérables. Plusieurs d’entre eux se sont trouvés dans des états comateux, d’autres souffrent de nombreuses maladie telles l’hypertension, douleurs aigüs au cœur, à l’estomac, au dos, aux reins, à la tête avec perte significative de poids. Parmi les personnes souffrantes, citons les exemples de: Beriaz Abdellah, Idriss Zekrar, Daoudi Omar, Mohamed Ahchach, Brahim Rafiki, Mokhtar Lechhab.

Madame le Haut Commissaire,

Les mots ne peuvent pas décrire de manière exacte la situation si tragique de ces citoyens sahraouis et le pire peut arriver à tout moment. Ces citoyens n’ont commis aucun crime et n’ont fait qu’exprimer pacifiquement leurs droits légaux et légitimes.

Le gouvernement marocain, en répondant par l’indifférence à cette grave situation, commet un acte ignoble dont l’objectif est de taire la voix du peuple sahraoui et d’empêcher les sahraouis de revendiquer l’application de la Charte et des résolutions de l’ONU ainsi que l’application du droit international et du droit humanitaire.

Le gouvernement marocain sera le responsable directe de toutes conséquences tragiques que seraient advenus suite à une telle situation.

Nous demandons au Haut Commissariat des droits de l’homme d’agir et d’assumer ses responsabilités afin de protéger ces prisonniers politiques sahraouis, menacés dans leur intégrité physique et psychique.

Devant cette situation grave, nous vous demandons également d’agir urgemment auprès du royaume du Maroc et d’exercer les pressions suffisantes afin de sauver ces vies humaines qui risquent à tout moment de céder à la mort.

Nous vous réiterons ainsi notre demande de prendre toutes les mesures possibles afin que Mohammed El Hafed Izza ainsi que tous les autres prisonniers politiques sahraouis retrouvent la liberté et pour que la vérité sur le sort de plus de 651 disparus sahraouis aux mains du Maroc soit enfin révélé.

Veuillez agréer, Madame le Haut Commissaire, l’expression de ma Haute Considération.

(Signé par) M. Mohamed Abdelaziz
Secrétaire Général du Front POLISARIO»