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Sahara occidental: l'arrêt de la CJUE est "contraignant" pour l'UE et ses Etats membres

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Paris, 14 mai 2017 (SPS) L'arrêt de la Cour de justice de l'Union  européenne (CJUE) qui stipule que les accords UE-Maroc ne sont pas  applicables au Sahara occidental, est "contraignant" aussi bien pour la  Commission européenne que pour les Etats membres de l'UE, rappelle  l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles, Amar Belani, à la suite des  informations selon lesquelles la Commission a sollicité l'accord des pays  de l'Union pour un nouveau mandat de négociation en vue de "corriger"  certaines dispositions de ces accords.
"Au plan du droit, théoriquement cela devrait être hautement improbable  dans la mesure où les dispositions de l’arrêt de justice de la Cour de  justice de l’UE du 21 décembre 2016 sont claires et stipulent que les produits et ressources du territoire du Sahara occidental doivent être exclus du champ d'application des accords commerciaux conclus entre l'UE et le Maroc", a estimé M. Belani dans un entretien accordé à la revue  Afrique-Asie.
Selon Afrique-Asie qui cite l'ONG internationale +Western Sahara Resource Watch+, la Commission européenne a sollicité l'accord des Etats membres de  l’UE pour un nouveau mandat de négociation en vue de corriger certaines  dispositions de l'accord commercial avec le Maroc afin d'y inclure les marchandises du territoire du Sahara occidental, occupé par le Maroc depuis  1975.
A ce sujet, le diplomate algérien a rappelé que "la décision irrévocable  de la justice européenne est contraignante aussi bien pour la Commission  européenne que pour les Etats membres de l'UE. Elle découle du statut  distinct et séparé reconnu par le droit international et la Charte des  Nations unies au Sahara occidental en tant que territoire non autonome".
Cependant, a dit M. Belani, "l'analyse des déclarations de certains hauts  responsables de l'UE et le ballet de visites effectuées en toute discrétion  par ces responsables à Rabat, suggèrent que les deux parties travaillent  main dans la main pour trouver les moyens techniques de contourner cet arrêt de justice, ce qui explique l'opacité avec laquelle sont menées ces  tractations et les interrogations incessantes des eurodéputés quant à leur  teneur.
"Les autorités marocaines, d'habitude si promptes à réagir au quart de  tour au moindre rappel par l'UE des principes du droit international, tel  que le statut non autonome du territoire du Sahara occidental ou son  éligibilité à l'autodétermination, affichent ces derniers mois un calme  olympien comme si des garanties leur ont été données quant à l'issue de ces discussions", a noté l'ambassadeur d'Algérie à Bruxelles.
"Celles-ci pourraient par exemple prendre la forme d'une disposition  prévoyant des consultations préalables avec des institutions factices,  crées de toute pièce par le Maroc, et l'élimination de toute référence au  terme +peuple du Sahara occidental+ (tel qu’énoncé dans les référents  onusiens ainsi que dans l’arrêt de la CJUE) et son remplacement insensé par  +population locale+, ce qui serait une véritable forfaiture", a-t-il  prévenu.
Pour M. Belani, "il serait regrettable, en effet, que l'UE décide, au nom  d'un pragmatisme de mauvais aloi, de fouler au pied les principes et  valeurs sur lesquels elle a été construite et dont elle se prévaut dans ses  relations avec le reste du monde".
Il s'est dit, par ailleurs, "confiant" quant au fait que le droit  prévaudra en dernier ressort. "Je suis conforté dans ce sentiment par les  annonces en cascade d'entreprises européennes qui ont décidé de se  conformer à la légalité internationale en mettant fin à l'exploitation des  ressources du territoire du Sahara occidental, à l'instar de la décision  prise récemment par la multinationale suisse +Glencore PLC+ spécialisée  dans l'exploration pétrolière offshore", a rappelé Amar Belani.
M. Belani s'est, en outre, félicité de "la fin de l'impunité avec laquelle  le Maroc menait en toute illégalité ses opérations d'exportation de  ressources du territoire du Sahara occidental, comme l'illustre la saisie  par un juge sud-africain d'un bateau transportant 54.000 tonnes de  phosphates d'une valeur de 5 millions de dollars destinée à la  Nouvelle-Zélande, provenant des mines de Boucrâa dans les territoires  sahraouis occupés par le Maroc".
Au sujet de la "tergiversation" du Maroc quant à son accord pour la  désignation d'un nouvel envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU  pour le Sahara occidental, prélude à la relance des négociations entre le  Maroc et le Front Polisario, M. Belani a indiqué que "le Maroc est empêtré dans ses propres contradictions" rappelant "le discours triomphaliste à New  York au sortir de la session du Conseil de sécurité le 28 avril dernier où  le représentant permanent subordonnait la relance du processus de  négociation, tel que proposée par le SG de l'ONU et soutenue par le Conseil de sécurité, au départ des éléments du Front Polisario de la zone tampon d’El Guerguerat", chose qui a été faite par le Front Polisario dans une optique  d’apaisement et pour administrer la preuve et de sa bonne disposition à la  négociation.
Cependant, déplore le diplomate algérien, "le Maroc en rajoute une couche en  exigeant que son accord pour la nomination de Horst Köhler au poste  d'envoyé personnel de M. Antonio Guterres (SG de l'ONU) aient pour seule et  unique base sa proposition d’autonomie de 2007, s’arrogeant ainsi le droit  de dicter ses conditions au Conseil de sécurité et au secrétaire général de  l'ONU, ce qui est contraire aux dispositions de la résolution qui appelle à  des négociations directes et sans conditions préalables".
"A cela s'ajoute une attitude schizophrénique du Maroc qui consiste, d'une  part, à vouloir à tout prix intégrer l'Union africaine (UA) en se prévalant  du soutien de la majorité des Etats membres de l'institution panafricaine  et, d'autre part, de ne pas reconnaître la compétence ni se soumettre aux  mécanismes de règlement de conflits propres à celle-ci, alors que le Maroc  a adhéré sans réserve à sa charte constitutive", a conclu M. Belani. (SPS)
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