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La France, acquise au Maroc, serait-elle en retard sur son appréciation de la situation au Maghreb, s’interroge une publication française

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Paris, 28 déc 2011 (SPS) La France, acquise au Maroc dans son occupation coloniale du Sahara occidental, serait-elle en retard sur son appréciation de la situation au Maghreb, s’interroge la publication française, "Sahara info", dans un éditorial à paraître début janvier, critiquant "la complaisance" de Paris à l’égard du royaume chérifien, "au nom des multiples intérêts d’Etat" et affirmant que les Sahraouis "méritent mieux".

 

L’éditorialiste, Mme Régine Villemont, présidente de l’Association française des amis de la RASD (AARASD) fera sa lecture de l’Intifada qui a culminé avec le camp de Gdeim Izik, de  la loi adoptée le 20 décembre dernier au USA, imposant au Département d’Etat de s’assurer du respect des droits de l’homme au Sahara occidental, avant de prendre toute décision d’affectation de crédits en 2012 au Maroc, et la résolution du Parlement européen contre la prorogation de l’accord de pêche UE/Maroc.

 

Voici le texte intégral de cet éditorial :

 

Une année a passé depuis l’immense protestation de Gdeim Izik, mais les Sahraouis, ont du revenir à la clandestinité, à la peur, même si chaque jour des expressions résistantes construisent un futur qui ne veut pas être marocain. Nous en recevons l’écho, avec l’espoir qu’elles soient davantage entendues et comprises.

 

Cet intérêt pour ce qui se passe au Sahara occidental, derrière le théâtre d’ombres de la « collaboration » avec le Makhzen, n’est pas partagé par notre Ministre des Affaires Etrangères. En effet, l’Ambassade de France au Maroc, contrairement à certaines de ses homologues, ne souhaite pas prendre connaissance en direct, du point de vue des Sahraouis qui s’opposent à la présence marocaine. Ainsi les conseillers de l’Ambassade, chargés du dossier, s’interdisent de rencontrer les associations sahraouies « non conformes » quand ils se rendent à El Aïoun.

 

La complaisance à l’égard du royaume chérifien, au nom des multiples intérêts d’Etat, économiques, financiers, doit-elle raisonnablement s’exonérer de toute prise en compte sérieuse du point de vue de l’autre partie ? Les Sahraouis, toujours résistants en dépit d’une occupation de 35 ans, méritent mieux.

 

C’est ainsi que l’apprécie, le Congrès américain qui vient d’adopter une loi ce 20 décembre imposant au Département d’Etat de s’assurer du respect des droits de l’homme au Sahara occidental, avant de prendre toute décision d’affectation de crédits en 2012, pour aider les FAR (Forces Armées Royales marocaines). Décision de première importance qui vient après le vote, par une majorité de parlementaires européens, contre la prorogation de l’accord de pêche UE/Maroc, peu respectueux des intérêts des Sahraouis du territoire et contraire au droit international.

 

C’est un double camouflet infligé au Maroc et la manifestation sérieuse d’une perte de confiance de la part des traditionnels alliés du royaume.


La France serait-elle là, comme en d’autres circonstances, en retard sur son appréciation de la situation au Maghreb ?

 

Le 13éme Congrès du Front Polisario qui vient de s’achever, a rappelé que la solution de l’autonomie défendue par le Maroc avec le soutien de notre pays, était dépassée.

 

Il faut strictement revenir au droit de la décolonisation pour relancer le processus des négociations et déboucher sur un règlement politique qui donne enfin la parole aux intéressés, avec un référendum libre et sans contrainte.

 

Quelques jours avant l’ouverture du Congrès, le 9 décembre, les grévistes de la faim de Salé décidaient d’arrêter leur grève qui durait depuis le 31 octobre. Décision prise, suite à la rencontre avec deux responsables du CNDH (Conseil National marocain des droits de l’homme). Des engagements ont été formulés, sans doute bien en deçà de ce que les prisonniers pouvaient espérer, puisqu’il est toujours question de juridiction militaire alors que tous sont des civils.

 

C’est une première victoire, résultat de leur courage et  de leur détermination que nous saluons. Mais la vigilance s’impose. Elle sera celle de tous les militants sahraouis engagés au Sahara occidental, celle du Front Polisario et de la RASD, celle des associations solidaires, avec l’espoir désormais qu’ils seront davantage entendus.

 

Le respect de la libre expression des opinions  et des droits de l’homme  au Sahara occidental est depuis le début de ce conflit au centre des enjeux, ce que le Maroc a toujours tenté de nier en essayant d’imposer par la violence ou les prébendes, la « marocanité du Sahara ».

 

Gdeim Izik a dit tout autre chose et s’est mieux fait entendre.


Régine Villemont

 

010/090/666 0033 DEC 2011 SPS