Alger, 29 mars 2016 (SPS) Le recours du Maroc au démantèlement de la Mission des Nations unies pour l'organisation du référendum d'autodétermination au Sahara Occidental (Minurso) est motivé par "ses appréhensions grandissantes quant à l'élargissement de cette mission au contrôle des droits de l'Homme, se sont accordés à dire, mardi à Alger, des chercheurs universitaires.
Lors d'une conférence sous le thème "Tentative du Maroc de saper le processus de paix et de décolonisation au Sahara occidental à travers le démantèlement de la Minurso", M. Amari Tahar Eddine, professeur de Droit à l'université de Tizi Ouzou, a estimé que "la décision du Maroc de démanteler la Minurso est motivée par ses craintes de l'élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l'Homme et par conséquent la mise à nu des violations et des crimes commis par l'occupant marocain à l'encontre du peuple sahraoui".
Le professeur Amari a affirmé qu'en démantelant la Minurso, le Maroc "détourne les discussions sur l'élargissement de la mission de la Minurso au contrôle des droits de l'Homme vers la redynamisation de cette mission onusienne".
Il a précisé qu'entre autres raisons qui ont poussé le Maroc à prendre cette décision "le coup dur" qu'il a essuyé sur le plan économique à travers l'annulation par la Cour européenne de l'accords agricole entre le Maroc et l'Union européenne (UE) en raison de l'exploitation illicite des ressources naturelles sahraouies ce qui confirme l'"absence de souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental".
Il a déploré également la position du Conseil de sécurité à l'égard du Maroc sur la MINURSO qui "'na pas été ferme".
Pour sa part, l'enseignant chercheur à l'université Alger 3, Ahmed Kateb, a affirmé lors d'une conférence organisée par le Collectif national des journalistes solidaires avec le peuple sahraoui" qu'"il existait une tentative de vider la mission de la MINURSO de son contenu. Le Maroc a tenté de confiner cette dernière dans la surveillance du cessez-le-feu et les opérations de déminage dans la région alors qu'elle a été instituée pour l'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara Occidental".
"La MINURSO est la seule instance onusienne dans le monde qui ne veille pas à la surveillance des droits de l'Homme", a-t-il tenu à faire remarquer.
Dans ce cadre, le chargé d'affaires à l'ambassade sahraouie à Alger, Mohamed Cheikh, a estimé que "la décision du Maroc est un grave précédent et nous la considérons comme une déclaration de guerre".
"Nous avons accepté de signer la décision de création de la Minurso pour l'organisation du referendum d'autodétermination, mais le Maroc veut limiter sa mission au contrôle du cessez-le-feu", a-t-il dit.
Concernant les déclarations du Maroc à l'encontre du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, M. Cheikh a indiqué que ces agissements "ne sont qu'un prétexte du Maroc pour faire durer son occupation du Sahara Occidental".
"Le peuple sahraoui veut une solution immédiate, et si le conseil de sécurité n'assume ses responsabilités, il reprendra la lutte armée", a-t-il ajouté.
De son coté, le représentant du collectif national des journalistes solidaires avec le peuple sahraoui Mustapha Ait Mouhoub a indiqué que " la décision du Maroc de se retirer de la Minurso est très grave, car le contrôle du cessez-le-feu ne sera pas garanti, ce qui constitue une menace pour la stabilité de la région" estimant que le Maroc profite des développements dans la région pour attiser les tensions".
"Il est impossible de trouver une solution juste à la question du Sahara occidental sans passer par l'organisation d'un referendum d'autodétermination".
Le Maroc qui a procédé à l'expulsion de 73 membres des effectifs civils de la Minurso s'est également attaqué dernièrement à la composante miliaire de cette mission en fermant le bureau de liaison militaire de l'ONU à Dakhla dans les territoires occupés.
Déployée depuis plus d'un quart de siècle pour surveiller le cessez-le-feu dans les territoires occupés, la mission a réussi à apporter une certaine stabilité et baisser les tensions même si sur le terrain elle n'a pas satisfait les revendications légitimes du peuple sahraoui à savoir l'organisation d'un référendum d'autodétermination. (SPS)
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