Paris, 01 aout 2020 (SPS) Les propos du haut représentant de l’Union européenne (UE), rejetant la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, devraient faire échos auprès des membres de l’UE, à fortiori la France, a indiqué la présidente de l'Aarasd, Régine Villemont.
"C’est en effet une très bonne nouvelle, car cette déclaration de Josep Borrell devrait faire échos auprès de chacun des membres de l’Union et tout particulièrement de la France", a affirmé la présidente de l'Association française des Amis de la République arabe sahraouie démocratique, Mme Villemont, dans une déclaration, en réaction à la récente déclaration du Haut représentant de l’UE pour les Affaires étrangères, Josep Borrel, qui rejetait la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental.
M. Borrell, a affirmé récemment que la position de l'UE sur le Sahara occidental est guidée par les résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU qui considèrent le Sahara occidental comme un territoire non autonome, dont le statut final reste à déterminer par les résultats des processus dirigés par l'ONU, que l'UE soutient pleinement.
Mme Villemont a soutenu, dans sa déclaration, que les Arrêts de la Cour de Justice européenne (CJUE) en 2016 et 2018, avaient "clairement rappelés les principes de droit, en statuant que le Sahara occidental est distinct du Maroc et tout accord de commerce doit respecter ce droit".
"Les Arrêts de la CJUE rendent désormais incertains les investissements des firmes occidentales, souhaités par le Maroc au Sahara occidental occupé", a-t-elle affirmé.
Elle a ajouté que "cette incertitude économique va peut-être entraîner un pragmatisme politique favorable au règlement d’un conflit qui depuis 45 ans fragilise toute cette région d’Afrique du Nord".
Pour la présidente de l'Aarasd, la présence "active" du Front Polisario à Bruxelles comme l’existence d’un intergroupe parlementaire pour la paix au Sahara occidental sont également "très encourageants" pour les années à venir.
La France "doit cesser son soutien à l'occupant"
A propos de l'implication de la France dans le conflit au Sahara occidental, Mme Villemont a estimé que "la France, en tant que membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU et du fait de son histoire coloniale, peut jouer un rôle important dans la résolution de ce conflit qui a trop duré".
"Dès la préparation de la marche verte en 1975, elle (La France) apporta son soutien à l’occupation du Sahara occidental par le Maroc (...) Dès lors la position française au sein du Conseil de sécurité varia peu et maintient un soutien à la position marocaine, les Représentants français à New York étant souvent les meilleurs relais des diplomates marocains", a-t-elle déploré.
Cependant, a souligné Mme Villemont, "la présence à New York, aux Nations unies, des diplomates du Front Polisario avec l’appui des pays amis ayant reconnu la RASD a ouvert des brèches et a réduit l’influence française".
"Chaque année le Conseil de sécurité rappelle l’urgence et la nécessité de la tenue d'un référendum d'autodétermination que la France est obligée d’approuver tout en rappelant sa préférence pour l’autonomie", a-t-elle appuyé.
Elle a déploré le fait que "la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) installée en 1991 avec le cessez-le-feu ne dispose pas, contrairement aux autres missions de paix, d’un mandat pour faire respecter les droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés".
Elle a poursuivi en disant que "c’est une demande faite par le Front Polisario, les Etats amis de la RASD, et de la solidarité internationale depuis de nombreuses années."
Mme Villemont a observé que c’était une demande "refusée par le Conseil de sécurité et au- devant du Conseil par la France, sur la forte pression marocaine qui entend faire croire à sa prétendue souveraineté sur le Sahara occidental et traiter à la manière d’une puissance coloniale les Sahraouis qui s’opposent à son occupation".
Evoquant l'apport de la solidarité internationale dans le combat des Sahraouis pour l’indépendance, la présidente de l'Aarasd a dit que "c’est vraiment une des caractéristiques de cette très ancienne lutte de libération que d’avoir su garder la confiance et la solidarité active de la société civile au niveau international".
Elle a ajouté que c’était une solidarité qui part d’abord de "l’Espagne, l’ancienne métropole où la société civile, les ONG et de nombreux élus n’ont pas oublié le rôle de leur pays dans l’abandon au Maroc de leur ancienne colonie".
Mme Villemont a expliqué que "cette solidarité existant en Europe, qui, s’exerce en direction du Parlement et des institutions de l’UE et du Conseil de l’Europe, mais également active en Afrique et en Amérique du sud", soutenant que "l'Algérie y tient le premier rôle depuis 1975 et n’a jamais dévié de son soutien à l’autodétermination d’un peuple".
Elle a rappelé que le Nigéria, l’Afrique du Sud et les Etats qui ont reconnu la RASD étaient "actifs au sein des institutions africaines pour résister aux coups bas exercés contre la RASD par le Maroc".
Pour elle, cette solidarité s’exprime en particulier par le collectif "Eucoco" qui coordonne l’essentiel des initiatives et organise chaque année une conférence solidaire où se retrouvent militants et élus du monde entier.
En France, a expliqué Mme Villemont, "cette solidarité fait connaître et vulgarise le combat d’un peuple qui lutte depuis 45 ans pour sa libération à travers de multiples initiatives politiques, culturelles et humanitaires".
Elle a reconnu que c’était "toujours difficile tant nos médias s’y intéressent peu et favorisent l’indifférence de l’opinion", ajoutant que "c’est pourtant depuis 45 ans une réelle histoire de solidarité et d’amitié qui s’est construite entre des citoyens et citoyennes Français et les Sahraouis".
Mme Villemont a relevé que leur activité s’articulait autour d’un travail politique de sensibilisation en direction des élus nationaux et locaux, des autorités en organisant des conférences à Paris, notamment à l’Assemblée nationale ou au Sénat, ainsi qu’un engagement humanitaire, des activités culturelles et l’accueil chaque été d’enfants sahraouis.
"C’est pour nous tous un combat important qui rassemble tous ceux et celles qui partagent les valeurs également défendues par les Sahraouis : respect du droit, tolérance, respect des personnes, accès sans discrimination à la culture, à l’école et liberté dans l’expression et d’opinion", a-t-elle encore détaillé.
Dénonçant le black-out des médias français sur le conflit au Sahara occidental, Mme Villemont a indiqué que "les liens entre le Maroc et les médias français, inaugurés avec Hassan II et bien entretenus depuis, sont d’abord amicaux et souvent généreux mais peuvent être agressifs quand un journaliste s’avise de traiter de ce sujet de manière objective".
"Dans ce cas, le journal peut être interdit de vente au Maroc", a-t-elle dit.
"La maîtrise par la RASD et le Front Polisario de leur destin, la bonne marche de leur société dans les camps de réfugiés, une gouvernance qui a su s’adapter avec pragmatisme aux besoins des Sahraouis ne semblent pas beaucoup intéresser nos médias", a-t-elle souligné.
Pour Mme Villemont la situation au Sahara occidental occupé a aussi "beaucoup de difficultés" à être médiatisée tant la pression marocaine fait barrage, ajoutant que l’importance prise par les réseaux sociaux "très utilisés" par les Sahraouis permet d’espérer de "réels progrès dans la connaissance de ces situations et de peser sur leur prise en compte".(SPS)
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