Bruxelles, 23 juil 2017 (SPS) Le ministre délégué, représentant du Front Polisario pour l'Europe, Mohamed Sidati a appelé dimanche l'Union européenne (UE) à "une intervention urgente et ferme" auprès du Maroc pour mettre fin à "l'escalade de la répression" à l'encontre des Sahraouis et le contraindre à cesser sa politique d'"occupation" et d’"oppression".
"Nous demandons à I'Union européenne une intervention urgente, et ferme auprès du royaume du Maroc pour qu’il mette un terme à l'escalade de la répression et qu'il cesse cette politique d'occupation et d’oppression", a écrit le responsable sahraoui dans une lettre adressée à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.
Alertant l'UE sur sa responsabilité dans la politique d'occupation et de colonisation du Sahara occidental "menée sans répit par le royaume du Maroc", Mohamed Sidati a affirmé que cette politique "expose dangereusement l’opération de paix engagée par l’ONU au Sahara occidental".
Le représentant du Front Polisario pour l'Europe a exhorté, dans ce contexte, l'UE à "condamner les sentences injustifiées" prononcées mercredi dernier à l'encontre des prisonniers du groupe de Gdeim Izik et à "exiger la libération de tous les prisonniers politiques sahraouis".
En février 2013, 25 militants et défenseurs de droits de l’Homme sahraouis ont été condamnés par un tribunal militaire marocain à de lourdes peines en raison de leur participation, en 2010, au camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik. Les condamnations ont été prononcées sur la base d’aveux obtenus sous la torture, à l’issue d’un procès inique marqué notamment par le refus d’entendre des témoins cités par la défense, ont dénoncé des ONG de défense des droits de l’Homme telles qu’Amnesty international, HRW et l’ACAT.
Le 27 juillet 2016, la Cour de cassation marocaine avait annulé, sous la pression d'organisations internationales de défense de droits de l'Homme et de juristes militants, la condamnation injuste prononcée par un tribunal militaire à l'encontre de ces militants sahraouis.
Au terme d’"une nouvelle mascarade judiciaire" qui a duré près de 7 mois, le verdict est tombé mercredi dernier. Les prisonniers sahraouis sont condamnés, encore une fois, à de lourdes peines par la Cour d’appel de Salé (Rabat) qui n’a fait que transposer les sentences militaires de 2013.
Pour le représentant du Front Polisario en Europe, ce verdict "jette une lumière crue" sur l'occupation illégale du Sahara occidental, et sur ses corollaires, l'oppression et la répression violente des Sahraouis qui y habitent.
La justice marocaine, a-t-il poursuivi, s'est bien gardée de juger les 24 Sahraouis à El-Aaiun, près de leur domicile et près du lieu de "commission des faits", comme le droit international humanitaire (notamment les Conventions de Genève) l'y obligerait si elle le respectait.
La volonté des autorités judiciaires et politiques marocaines de condamner ce groupe parce qu'ils sont des Sahraouis défendant le droit à l'autodétermination de leur peuple "ne fait aucun doute", a-t-il soutenu, soulignant que les prisonniers, eux-mêmes, ont décidé dès l'audience du 16 mai de "boycotter collectivement un tel simulacre de procès".
Face à ce verdict qu'il qualifie d'"affront" pour le peuple sahraoui qui a choisi de lutter pacifiquement pour l'application de ses droits internationalement reconnus dont le droit essentiel à disposer de lui-même, M. Sidati a estimé que "l'UE doit réagir".
Réaffirmant l'attachement des Sahraouis au processus de paix qui "ne peut aboutir sans la ferme volonté de faire appliquer le droit", M. Sidati a affirmé que l'UE "peut indubitablement agir pour cette application du droit, et participer ainsi à la solution juste, pacifique et définitive du conflit de décolonisation du Sahara occidental".
Malgré "la position systématiquement favorable à l’expansionnisme marocain de certains de ses Etats membres", l'UE "a suffisamment les moyens d'influer sur le Maroc en se prévalant des accords d’association et de partenariat qui les lient", a-t-il préconisé.
En n'appliquant pas la décision de la Cour de justice de l'UE qui a conclu que le Sahara occidental est distinct du Maroc, et que l'exploitation et la commercialisation de ses produits naturels ne peut se faire sans le consentement du peuple sahraoui, "l'UE ne fait et ne ferait qu'empirer le conflit", a-t-il soutenu.
Selon le représentant du Front Polisario pour l'Europe, "le Maroc est désormais dans l'escalade" et "multiplie les provocations", citant pour preuve le renvoi de la composante civile de la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso) ou encore la violation du cessez le feu lorsqu'il a tenté de construire une route à Al-Guerguerate, dans le sud du territoire sud du Sahara occidental. (SPS)
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