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Présence des ONG internationales dans les camps des réfugiés sahraouis: au-delà de l'humanitaire, la symbolique politique

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CHAHID EL-HAHEFDH (Camps des réfugiés sahraouis), 25 nov 2013 (SPS)- La présence des ONG internationales dans les camps des réfugiés sahraouis, qui obéit au souci de venir à la rescousse d'une population en détresse, à travers un soutien matériel et financier, détient surtout une forte symbolique politique que les activistes de ces organisations signent inexorablement.



Depuis de longues décennies, les Organisations non gouvernementales
(ONG) font partie du décor des camps des réfugiés sahraouis à Tindouf (sud-ouest algérien) et activent sur plusieurs fronts, notamment celui de l'aide humanitaire ,de l'éducation et de la formation pour divers métiers.

Se fondant avec la population, les membres de ces ONG prennent le temps de la connaître et de discuter avec elle, de sonder ses attentes et besoins.

 

Les liens tissés au fil de leur "fusion" dans le tissu social sahraoui ont fini par créer de forts liens humains entre les deux communautés unies avant
tout par le langage du "coeur" et par la noble cause qui consiste à secourir
autrui.

 

Rencontrée à Hassi Rabouni (environ 15 km de Tindouf), la représentante de l'ONG internationale "Mundubat Foundation", Barbara Magdalino, est une espagnole bien connue et appréciée des Sahraouis: elle fréquente les camps depuis 2006 et y a vécu pendant 5 ans de manière permanente et régulièrement pour continuer sa mission consistant à fournir l'aide alimentaire aux écoliers sahraouis.

 

Sa longue présence dans les camps lui a permis d'apprendre les rudiments de l'arabe qui lui permet d'appréhender les personnes ne pratiquant pas l'espagnol, un atout qui la fait davantage rapprocher des gens.

 

L'action de son ONG, explique-t-elle, est complémentaire de celles du Haut Commissariat aux réfugiés (HCR), du Programme alimentaire mondial (PAM) et d'autres ONG internationales qui assistent les réfugiés via de multiples projets.

Magdalino déplore que les retombées de la crise économique dans son pays limitent le champ d'intervention de l'ONG espagnole dans les camps, et fait état, à ce propos, d'une réduction conséquente des subventions de " Mundubat Foundation" depuis quelques années: de 1,5 million d'Euros fournis en 2008, les fonds sont passés à 200.000 Euros en 2013.

Mais la crise économique en Europe n'est pas la seule responsable de cet état de fait, observe-t-elle amèrement: le soutien politique qu'exprime "sans ambages" la fondation espagnole à l'égard de la cause sahraouie lui vaut le "refus" de certains gouvernements et ONG étrangers de soutenir financièrement ses actions.

"Nous sommes conscients de cela, mais nous sommes déterminés à ce que notre engagement soit également politique quitte à ce que cela signifie des subsides en moins. Lorsque nous sommes venus ici pour la première fois, notre objectif était d'apporter notre soutien politique aux Sahraouis et ensuite nous avons voulu être efficaces autrement par des actions ciblées", explique cette militante de la cause sahraouie.

Mme Colette Blais:"J'ai honte de la position de la France"


Grâce à une présence remontant à 21 ans d'"Enfants réfugiés du Monde", (antenne du pays de la Loire-Bretagne), les camps des réfugiés sahraouis ont été dotés d'une école de formation de sages-femmes, d'infirmières et, depuis peu, de puéricultrices.

 

Le financement de ces formations est assuré par le HCR, les Conseils régional et général de la Loire Atlantique, indique la représentante de l'ONG, Mme Colette Blais, qui active sur le terrain depuis 14 ans.
Elle se "réjouit" de ce que le budget habituel n'ait pas pâti de la crise économique en Europe. La soixantaine bien entamée, elle met à profit sa retraite pour être plus "efficace" dans les camps des réfugiés.
Se faisant, elle a surtout le sentiment de s'inscrire à contresens de l'engagement "aveugle" de son gouvernement aux côtés du Maroc, lequel lui procure, malgré elle, un sentiment de "culpabilité ".

 

"J'ai vraiment honte de la position de la France. Notre présence ici est extrêmement complexe, nous sommes souvent interpellés par les sahraouis qui nous disent +comment le pays des droits de l'Homme peut-il être aussi sourd à notre cause et à nos aspirations à la liberté ?+" martèle-t-elle, non sans une pointe de dépit.


La française engagée pour l'indépendance des Sahraouis s'indigne ainsi de la position des dirigeants de son pays, y compris celle des socialistes qui "tournent casaque" dès qu'ils sont au pouvoir: "Lorsqu'ils sont dans l'opposition, ils laissent entendre qu'ils sont favorables à la cause sahraouie mais une fois élus, ils s'alignent sur la position de la droite", argumente-t-elle avant de déplorer "l'omerta" politique et médiatique qui entoure cette question.


Mme Colette Blais se souvient ainsi de l'"indifférence" affichée par les médias français lorsque, elle et d'autres collègues, ont voulu sensibiliser l'opinion publique de son pays sur la nécessité de secourir les populations sahraouies à la suite des inondations qui ont eu lieu en 2006 dans les camps des réfugiés.

Si l'on devait répertorier les domaines d'intervention des ONG étrangères dans les camps des réfugiés sahraouis, la liste serait bien exhaustive. Néanmoins,une chose est sûre: la population qui bénéfice de ce soutien multiforme n'en éprouve que "gratitude" et surtout "réconfort".

"Nous nous sentons moins seuls et surtout moralement et symboliquement soutenus dans notre combat pour le recouvrement de notre indépendance et dignité ", nous assure-t-on souvent. (SPS)088/700