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Sahara occidental : la France et l'Espagne responsables du statu quo (Kheddad)

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Chahid El Hafed, 13 mai 2015 (SPS) La France et l'Espagne sont responsables du statu quo au Sahara occidental en empêchant toute perspective de solution du conflit dans ce territoire occupé depuis une quarantaine d'année par le Maroc, a indiqué mercredi à Chahid El Hafid (camps de réfugiés sahraouis), le coordinateur sahraoui avec la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (Minurso), M'hamed Kheddad.

 

"Ces deux pays (France et Espagne) ont la responsabilité historique de faire perdurer le conflit au Sahara occidental en empêchant toute perspective de solution de ce conflit dans ce territoire occupé par le Maroc", a déclaré M. Kheddad dans un entretien à l'APS.

 

Il a relevé que "l'Espagne a failli à ses responsabilités en 1975 pour ne pas avoir appliqué la légalité internationale par l'organisation d'un  référendum d'autodétermination au Sahara occidental".

 

"La France a, quant à elle, soutenu le Maroc et le régime mauritanien de Mokhtar Ould Daddah à l'époque, en intervenant militairement sur le terrain avec ses avions Jaguar contre les combattants du Front Polisario", a-t-il rappelé, expliquant que "la France a toujours bloqué l'application des résolutions de l'Onu relatives au droit du peuple sahraoui à l'autodétermination".

 

Pour M. Kheddad, "ce sont des calculs géopolitiques et intérêts sordides qui ont emmené ces deux puissances européennes à empêcher qu'il y ait la moindre percée vers une solution du conflit en soutenant à bout de bras le régime marocain au niveau des instances européennes et internationales".

 

Il a ajouté que la France et l'Espagne "bafouent du pied les principes de la Charte des Nations unies et en même temps bloquent la moindre solution au conflit car cela permettra une construction maghrébine harmonieuse et un Front maghrébin uni et prospère face à l'Europe".

 

Pour arriver à leur dessein, "les deux pays continuent à soutenir le Maroc, qui est l'un des pays de la rive sud de la Méditerranée qui reçoit le plus d'aides de l'Union européenne".

 

"Cette aide européenne est utilisée par le royaume chérifien pour notamment réprimer le peuple sahraoui dans les territoires occupés ou pour renforcer ses dispositifs militaires au Sahara occidental comme l'achat de radars", a-t-il affirmé, ajoutant qu'"il est injuste de soutenir un régime héréditaire qui mène une guerre coloniale depuis 40 ans et prend en otage toute la sécurité régionale".

 

L'ONU doit assumer ses responsabilités

 

M. Kheddad a exprimé, par ailleurs, la "déception" de son gouvernement suite à l'adoption, en avril dernier, par le Conseil de sécurité de l'ONU d'une résolution prorogeant, encore une fois, d'un an le mandat de la Minurso, appelant les Nations unies "à assumer pleinement leurs responsabilités".

 

"Nous sommes déçus par la manière avec laquelle le secrétariat général des Nations unies a traité la question cette année au niveau du Conseil de sécurité", a-t-il indiqué, relevant que "la résolution est restée la même que celle de 2014 et qu'au lieu de progresser il y a eu du surplace".

 

"Le statu quo est inacceptable. Il est même dangereux pour la stabilité régionale et les Nations unies doivent assumer pleinement leurs responsabilités", a-t-il dit.

 

Pour M. Khaddad, "il y a une certaine volonté de jouer les prolongations, donc l'instabilité, et la France, en particulier, assume une grande responsabilité à cet égard".

 

Le coordinateur sahraoui avec la Minurso a appelé, à cet égard, les Nations unies "à réserver le même traitement aux deux parties en conflit (Maroc et Front Polisario)".

 

"Il faut que les deux parties soient traitées, en ce qui concerne les relations avec les Nations unies, avec les mêmes droits et devoirs et qu'il n'y ait pas deux poids deux mesures".

 

Il a affirmé que contrairement au gouvernement du Sahara occidental, "le Maroc continue à ignorer les résolutions du Conseil de sécurité qui garantissent au peuple sahraoui le droit à l'autodétermination à travers l'organisation d'un référendum libre".

 

"Le royaume chérifien a même refusé, pendant plusieurs mois, de recevoir l'envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross", a-t-il relevé, rappelant que, "depuis 2012, il n'y a pas eu de rounds de négociations entre les deux parties en conflit à cause du blocage marocain".

 

La patience des Sahraouis a des limites

 

M. Kheddad a affirmé que "le pourrissement de la situation est très dangereux surtout que le peuple sahraoui n'a pas une patience illimitée".

 

"Après 40 ans d'occupation marocaine, la partie sahraouie est prête à toute éventualité", a-t-il assuré, ajoutant que "les Sahraouis ont démontré pendant un quart de siècle leur volonté de paix et de coopération, de bonne foi, avec les Nations unies".

 

Il a affirmé que "seule l'application rigoureuse des accords déjà signés et acceptés par les deux parties reste la seule issue de la résolution politique et pacifique au conflit du Sahara occidental".

 

"Le peuple sahraoui demande la démocratie et le respect de la légalité internationale. Il revendique depuis quatre décennies son droit à la liberté et l'indépendance", a-t-il dit.

 

"Mais si le Maroc continue a faire la sourde oreille, la communauté internationale sait que le peuple sahraoui peut faire la paix, mais sait aussi qu'il peut très bien faire la guerre". (SPS)

 

020/090/700 131537 MAI 015 SPS