Paris, 11 sept 2024 (SPS) La secrétaire générale de l'Association française d'amitié et de solidarité avec les peuples d'Afrique (AFASPA), Michèle Decaster a critiqué le soutien apporté par le président français au pseudo plan d'autonomie marocain pour le Sahara occidental, affirmant que non seulement "Emmanuel Macron ne rompt pas avec l'histoire coloniale de la France", mais "il sert ainsi les intérêts marchands des milieux d'affaires".
"La politique française est fortement marqué par un passé colonial de près de deux cents ans", a-t-elle rappelé, dans une contribution publiée par le journal "L'Humanité", soulignant que "décidemment, les valeurs universelles ne semblent pas être applicables à tous les peuples".
Dans une lettre adressée, en juillet, au roi du Maroc, le président français Emmanuel Macron a affirmé considérer que "le présent et l'avenir du Sahara occidental s'inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine".
Selon cette militante, "le président (français) qui semble gouverner comme on navigue à vue, tente de contrecarrer la perte d'influence de la France en Afrique". Elle a jugé, à ce titre, qu'il était "temps qu'au XXIe siècle le colonialisme soit aboli de même que sa variante néocoloniale".
Le choix du président français exprimé officiellement, a-t-elle poursuivi, "aide Mohamed VI dans sa quête de soutiens à l'occupation illégale du pays voisin, dont le royaume tire profit des richesses du sol, du sous-sol et de l'océan depuis le cessez-le-feu de 1991".
La secrétaire de l'AFASPA a relevé, à ce propos, que "les milieux d'affaires sont à la fête avec les contreparties attendues sur le marché marocain et les perspectives du sous-sol sahraoui aux richesses minières en grande partie inexploitées".
S'indignant du renforcement du soutien de la France au prétendu plan marocain pour le Sahara occidental, Michèle Decaster a soutenu que "le roi n'a jamais douté de la France, qui lui apporte son appui au Conseil de sécurité de l'ONU à chaque renouvellement du mandat de la mission des nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (MINURSO), en veillant scrupuleusement depuis trente-trois ans à ce que les droits de l'homme ne soient pas inclus dans ses missions". Elle a rappelé, dans ce contexte, que son pays a aussi "combattu militairement le peuple sahraoui".
"En 1912, en détruisant la ville de Smara et sa bibliothèque, riche de 5.000 documents, en 1958 avec l'opération « Ecouvillon » au côté de l'Espagne de Franco et en 1977 et 1978 avec l'opération « Lamantin » qui bombarde l'Armée populaire de libération sahraouie", a-t-elle indiqué.
En outre, "des Conseillers militaires français ont contribué en 1986 à la construction du mur de défense marocain de 2700 km, truffé de mines, qui balafre le Sahara occidental du Nord au Sud", a-t-elle encore ajouté.
Evoquant l'interdiction totale faite de facto aux observateurs et journalistes étrangers d'entrer sur le territoire du Sahara occidental, la première responsable de l'AFASPA a précisé que "depuis janvier 2014, nous sommes 296, venus de 21 pays et de 4 continents, à avoir été expulsés par les autorités marocaines". (SPS)