Rabat, 27 juin 2017- Des manifestants ont été "brutalement réprimés" dans de nouveaux heurts lundi les opposant à des forces de l'ordre dans la région d'Al-Hoceima (nord du Maroc), alors que les critiques d'ONG locales et internationales se multiplient.
Un "grand rassemblement" à l'appel du mouvement de contestation était programmé lundi dans la ville d'Al-Hoceima, jour de l'Aïd el-Fitr, mais les forces de l'ordre largement déployées ont "usé de la force" pour disperser ce rassemblement, selon des témoignages recueillis par des médias auprès de militants locaux.
La police a "complètement verrouillé Al-Hoceima" et "multiplié des contrôles" sur les routes menant à cette ville, épicentre d'un mouvement de contestation pacifique qui secoue le nord du Maroc depuis huit mois.
"Des manifestants venant de localités voisines, notamment d'Imzouren et de Tammassin, ont été empêchés d'y accéder", a confié un journaliste local, cité par l'AFP.
A Ajdir, près d'Al-Hoceima, des "heurts ont éclaté entre les forces de l'ordre et des manifestants qui voulaient se rendre à Al-Hoceima", a-t-il poursuivi, faisant état de "blessés" et d'une "dizaine d'arrestations" dans les rangs des manifestants.
A Al-Hoceima même, des centaines de manifestants sont parvenus à se rassembler vers 17 heures mais ont été "brutalement réprimés par les forces de l'ordre", a-t-il accusé.
Les protestataires venaient réclamer la libération des détenus du "hirak", nom du mouvement de contestation qui revendique le développement d'une région marginalisée, vivant dans un marasme économique avec un taux de chômage particulièrement élevé.
"Aucune issue à la crise n'est possible sans la libération des détenus", a estimé un élu local, cité par l'AFP.
"La situation s'est compliquée avec les arrestations", au moment où la lenteur des procédures judiciaires envenime la situation.
Les critiques d'ONG locales et internationales se multiplient pour dénoncer la "répression" et "les arrestations arbitraires", tout en appelant à la libération des détenus.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a indiqué jeudi dans un communiqué que leader du mouvement hirak, Nasser Zefzafi, a subi des violences policières lors de son arrestation en mai dernier.
"La police a arrêté et sévèrement battu le leader des manifestations sociales au Rif marocain", a déclaré l’ONG américaine, citant en cela un compte rendu d’un avocat de Nasser Zefzafi.
HRW a rapporté que Zefzafi avait demandé le 5 juin un examen médical pour documenter la violence policière qu’il avait subie mais sa demande n’a pas été satisfaite, selon Abdelaziz Nouaydi, un des avocats de Zefzafi, cité par l’ONG, affirmant que "cette situation suscite des inquiétudes sur le tribunal " qui a " manqué à son devoir d’enquêter sur ces violences policières".
L’ONG a dénoncé les lourdes accusations portées par le procureur contre Zefzafi, dont l’une est passible de peine de mort, alors qu’aucune preuve n’a été apportée sur sa présumé volonté de nuire à la sécurité de l’Etat.
Le gouvernement marocain a refusé de répondre à la demande de Human Rights Watch qui voulait s’enquérir de la situation de Zefzafi.