Monsieur, Pierre Galan, Président de la Eucoco,
Membres de la Task Force,
Mesdames, Messieurs, chers amis,
Au nom du peuple et du gouvernement sahraoui je voudrais exprimer notre profonde gratitude au mouvement de solidarité en Espagne et plus particulièrement en Andalousie et à Séville.
Je voudrais aussi exprimer notre profond respect à l’égard des pionniers du mouvement européen de solidarité et rendre un hommage appuyé à ceux parmi ce mouvement qui ne sont plus de ce monde mais qui nous ont légué un héritage devenu l’exemple de l’amitié et de la solidarité entre les peuples permettant à ce mouvement, au fil des années, de se diversifier et de s’élargir à tous les autres continents.
Mesdames, Messieurs,
Le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance reste une dette envers la communauté internationale et la non application de ce droit n’ira pas dans le sens des aspirations de l’humanité, car la justice, le Droit et les droits de l’homme sont un tout indivisible et les doubles standards dans leur application ne peuvent que conduire à des risques accrus fragilisant la paix et la sécurité dans le monde.
Les tergiversations et les obstacles dressés, en toute impunité, par le gouvernement marocain sèment le doute à propos de la validité d’une solution pacifique et ouvre les portes des tensions et des dérives ; cela doit pousser la communauté internationale à réagir avec urgence et fermeté. Jusqu’à quand, en effet, cette communauté internationale tolérera-t-elle cette immense injustice ? Pourquoi n’impose-t-elle pas les pressions et les sanctions suffisantes contre l’agresseur jusqu’à ce qu’il accepte une solution pacifique, juste et démocratique ?
L’échec des Nations Unies dans l’application de ses propres résolutions, vingt ans durant, à propos d’une question simple et claire ne peut être compris lorsque l’on constate la célérité et l’efficacité dans l’action qui ont caractérisé les mécanismes du Conseil de Sécurité et de l’ONU à propos d’autres questions et conflits bien plus tardifs que la question sahraouie.
Les revendications du peuple sahraoui sont, pourtant, simples et claires, légales et réalistes. Le peuple sahraoui revendique la démocratie en revendiquant l’application du référendum d’autodétermination. Il revendique l’application du droit international humanitaire et les droits de l’homme au Sahara occidental.
L’Europe est appelée à participer efficacement dans la recherche d’une solution juste et définitive du conflit au Sahara occidental. Elle ne doit pas contredire ses propres principes et valeurs en se précipitant pour protéger les droits de l’homme et les civils par tous les moyens, y compris militaires, dans plusieurs régions du monde tout en feignant de ne pas voir que les droits de l’homme et la légalité sont bafoués au Sahara occidental par la force d’occupation marocaine.
Le XXème a connu une véritable agression et une grave violation de la Charte et des résolutions des Nations Unies par le royaume du Maroc qui a occupé le 31 octobre 1975 un autre pays, le Sahara occidental, lequel était en instance de décolonisation et d’autodétermination ; et par l’Espagne, puissance coloniale et administrante du territoire, qui manqué à ses engagements internationaux.
Aujourd’hui, nous avons encore l’espoir que l’orientation définie dans le programme électoral de l’actuel gouvernement espagnol permettra à l’Espagne de corriger sa position et jouer, en ce XXIème siècle, un rôle efficace conforme à ses responsabilités politique, juridique et morale envers le peuple sahraoui.
Mesdames, Messieurs,
Le peuple sahraoui a démontré sa sagesse et sa patience face à toutes les formes d’oppression et d’injustice et a mené, depuis le 21 mai 2005, une Intifada pour l’indépendance, pacifique et civilisée donnant naissance, en novembre 2010, aux manifestations de Gdeim Izik qui ont été sauvagement réprimées par les autorités d’occupation marocaines mais qui furent la flamme illuminant le chemin des peuples qui lutte pour la liberté, la justice, la démocratie et la paix.
Aujourd’hui encore, 23 prisonniers politiques sahraouis, ayant participé à la révolte pacifique de Gdeim Izik, se trouvent dans les prisons marocaines et les autorités d’occupation menacent de les traduire devant un tribunal militaire.
Le mouvement de solidarité est plus que jamais appelé à accompagner la résistance pacifique que mène le peuple sahraoui afin de casser le quadrillage militaire et médiatique imposés aux territoires occupés sahraouis et pour soutenir les militants et militantes de l’Intifada de l’indépendance qui font l’objet d’une répression féroce.
La résistance pacifique sahraouie a besoin d’être constamment d’être soutenue et d’être portée devant les médias et les forums des droits de l’homme.
Les défenseurs des droits de l’homme, les journalistes, les observateurs indépendants, les solidaires et les témoins doivent se rendre massivement sur place car les pratiques de l’occupant dépassent l’entendement. Le cas de Said Dembar, jeune sahraoui assassiné par un policier marocain, et qui n’est toujours pas enterré ni autopsié parce que le gouvernement marocain ne veut pas que la vérité soit connue, est la preuve de la barbarie de l’occupation.
Nous demandons à l’ONU d’assumer ses responsabilités envers le territoire et d’intervenir pour libérer Yahia Mohamed El Hafed Izza et tous les prisonniers politiques sahraouis et pour faire connaître la vérité sur le sort de 651 disparus sahraouis dont l’Etat marocain est responsable.
Nous demandons également que soit crée mécanisme onusien qui permette à la MINURSO de faire le monitoring des droits de l’homme.
Aussi, il est temps d’arrêter ce crime contre l’humanité que représente le mur militaire Marocain qui sépare le peuple et le territoire du Sahara occidental. Ce mur, long de 2700 km, est truffé de millions de mines et autres engins de la mort, qui causent de terribles dommages contre la population et l’environnement.
En même temps que nous enregistrons avec satisfaction la décision du Congrès américain de conditionner l’aide au Maroc par le respect des droit de l’homme et que nous notons le refus par le Parlement européen du renouvellement de l’accord de pêche parce qu’ils viole le droit et implique les peuples d’Europe dans la rapine et la spoliation des ressources d’un pays occupé ; nous condamnons le pillage illégal et intensif par le Maroc des richesses de notre pays et nous appelons à en mettre un terme par le rejet de tout accord incluant le territoire occupé et sa zone maritime.
A ce sujet, nous ne pouvons qu’exprimer notre solidarité avec les pêcheurs espagnols qui ont été touchés par le non renouvellement de l’accord de pêche. Ils sont victimes, comme les Sahraouis, des politiques colonialistes du gouvernement marocain qui reste le seul responsable de leur tragédie. Celle-ci, à l’instar de la tragédie desSsahraouis, prendra certainement fin avec la résolution du conflit sahraoui. Les pêcheurs pourront dès lors travailler dans la légalité, la paix et la stabilité.
Mesdames, Messieurs,
Je saisis cette opportunité pour rendre un hommage chaleureux à ce mouvement de solidarité qui ne cesse de grandir et s’affermir au fil des ans.
Nous lui exprimons la gratitude du peuple sahraoui qui apprécie hautement ses activités, ses luttes et ses sacrifices et nous condamnons les provocations et la répression qui ont été perpétrées par les autorités d’occupation contre ses membres comme ce qui s’est passé récemment à El Aaiun occupée contre l’eurodéputé Willy Meyer.
Je saisis également cette occasion pour exprimer notre vigoureuse condamnation de l’action terroriste, lâche et criminelle ayant eu pour conséquence l’enlèvement des trois coopérants humanitaires : Ainoa Fernandez, Enric Gonyalons, Rossella Urru.
Nous appelons cette Conférence et la communauté internationale à condamner ce crime et à exprimer leur solidarité envers les familles des victimes.
Nous réitérons ici l’engagement de la République sahraouie, liée par la convention africaine de lutte antiterroriste, à œuvrer par tous les moyens afin de libérer les otages le plus rapidement possible.
Par ailleurs, nous exprimons notre préoccupation et notre regret de voir le royaume marocain voisin devenir le plus gros producteur et exportateur de cannabis au monde. Ce pays n’exporte pas seulement les théories de l’expansion et du colonialisme mais aussi de la drogue qui ne saurait être dissociée des activités terroristes mettant en péril la stabilité de la région.
Parler du Mouvement de solidarité nous mène à parler de l’Algérie sœur qui est demeurée attachée à la légalité internationale en défendant le droit à la décolonisation et à l’autodétermination. L’Algérie a accueilli des dizaines de milliers d’enfants, de femmes et de vieillards sahraouis qui fuyaient le bombardement par le Napalm et le Phosphore blanc de l’aviation marocaine. Elle leur a généreusement ouvert son territoire, ses hôpitaux, ses écoles.
Nous saluons le peuple marocain frère qui, comme nous, est victime des politiques d’un régime dictatorial et nous saluons les positions exprimées par des partis, ONG et personnalités marocaines, à l’instar de la Voie démocratique, l’AMDH et autres qui ont exprimé leur attachement aux principes de la liberté, de la dignité et de la lutte pour la justice, la démocratie et le respect des droits de l’homme conformément au droit international.
Mesdames, et Messieurs,
La lutte du peuple sahraoui durant 37 ans et sa résistance face à touts les formes d’extermination et d’anéantissement de son existence politique et socioculturelle est une preuve éclatante que la volonté des peuples ne peut être vaincue et que le peuple sahraoui est définitivement attaché à son droit sacré à l’autodétermination et à l’indépendance quel que soit le prix à payer ou le temps que cela prendra.
Le XIIIème Congrès du Front POLISARIO, tenu à la fin de l’année dernière, a confirmé les choix stratégiques du peuple sahraoui de sa libération et son indépendance. Il a tracé les priorités de l’action nationale qui met l’action sur le développement humain, la consolidation des institutions de l’Etat, le soutien de la résistance pacifique et l’amélioration de la gestion et des services.
Dans la perspective des négociations entre le Front POLISASRIO et le Maroc, le Congrès a également réaffirmé le droit du peuple sahraoui à défendre ses droits par tous les moyens que lui offre la légalité internationale en réitérant la volonté sincère de la partie sahraouie de coopérer pleinement avec l’ONU. Nous espérons que le Maroc coopère lui aussi sincèrement et qu’il abandonne sa volonté de bloquer le processus de décolonisation en empêchant un référendum d’autodétermination libre, juste, transparent et conforme à la légalité internationale.
Par ailleurs, le slogan de ce Congrès : « l’Etat sahraoui indépendant est la solution » traduit l’irréversibilité de cette réalité et confirme la volonté du peuple sahraoui à être indépendant et à bâtir une société démocratique, contemporaine, fondée sur les principes de liberté, de justice, d’égalité des genres et la coexistence pacifique entre les religions et les cultures.
Et nous pouvons être fiers aujourd’hui du rôle important des femmes dans les différentes instituions de l’Etat et à tous les niveaux. Nous sommes également fiers de la place de la jeunesse dans la lutte pour la libération, place que nous comptons consolider et renforcer aujourd’hui et demain.
Néanmoins, le peuple sahraoui se trouve aujourd’hui face à des difficultés liées à l’aggravation de la crise internationale et dont l’effet pourrait être visible sur les camps de réfugiés qui vivent quasi exclusivement sur l’aide humanitaire.
Nous n’avons pas de doute que le mouvement de solidarité accentuera ses efforts pour pallier à ces difficultés. Nous sommes convaincus que la solidarité de nos amis fidèles sera encore plus intense dans les moments les plus difficiles.
Soyez assurés que les sahraouis, sous la direction du Front POLISARIO, partout où qu’ils se trouvent, en dépit des atrocités de la guerre et de la souffrance de l’attente, sont unanimes quant à leurs choix patriotiques et décidés, plus que jamais, à défendre leurs droits sacrés par tous les moyens légitimes jusqu’à parachever la souveraineté de leur République sur tout son territoire national.
Au nom du gouvernement et du peuple sahraoui, permettez-moi de vous renouveler notre profonde gratitude et reconnaissance pour votre engagement historique et de principe en faveur de la juste cause de notre peuple.
Je souhaite tout le succès aux travaux de votre Conférence.
Je vous remercie. (SPS)
010/090/100 041522 JAN 2012 SPS