Alger, 28 déc 2020 (SPS) La France et l'Espagne, deux Etats membres de l'Union européenne (UE), sont complaisants avec l'occupant marocain en ce qui concerne le conflit au Sahara occidental, a affirmé le représentant du Front Polisario en Europe et à l'UE, Oubi Bouchraya, déplorant l'attitude de ces deux pays qui ont montré leur disposition à piétiner leur propre droit pour plaire au régime d'occupation marocain.
Dans une déclaration à l'APS, le membre du Secrétariat national du Front Polisario a indiqué que, "tous les Etats membres de l'UE sont dans la même position générale du respect de la légalité internationale, mais la France et l'Espagne sont très complaisants avec le Maroc". "L'extension des accords commerciaux au Sahara occidental en est la preuve", a-t-il expliqué, précisant que "ces deux pays sont allés jusqu’à piétiner leur propre droit pour plaire à Rabat".
"Cette complaisance vis-à-vis du Maroc et l’inaction de l'UE pour accélérer le processus de règlement du conflit au Sahara occidental sur la base des résolutions des Nations Unies a conduit l’organisation européenne à devenir une partie du problème et non une partie de la solution", a-t-il regretté.
Néanmoins, il a salué la position des autres pays européens, à l'instar des pays scandinaves et de l'Allemagne qui a récemment convoqué une réunion du Conseil de sécurité de l'ONU pour discuter du conflit au Sahara occidental.
Par ailleurs, M. Oubi a rappelé que, le Front Polisario "a introduit deux appels au niveau de la Cour de justice européenne (CJUE) contre l'extension des accords commerciaux de l'UE avec le Maroc, au Sahara occidental" et que "les résultats devraient être connus au plus tard au mois de juin 2021".
"Le jugement est prévu pour le mois de mai ou le mois de juin de l’année prochaine" a-t-il expliqué, assurant avoir beaucoup d’espoir quant à l’issue du verdict qui devrait être dans la lignée des autres décisions de la CJUE rendues en 2016 et en 2018 en faveur du Sahara occidental.
S’agissant du règlement du conflit sahraoui, au niveau de l’ONU, le diplomate pense que cette dernière "doit faire un exercice d’évaluation profond des raisons de son échec pendant 30 ans ayant mené à l'effondrement de ses plans et du cessez le feu, et s’appuyer sur un nouveau format en terme de plan, de médiateur et de dispositions légales".
Par ailleurs, M. Oubi estime que, "le Conseil de sécurité doit afficher une volonté de résoudre ce conflit sur la base des résolutions pertinentes de l’ONU".
D’autre part, le responsable sahraoui a rappelé qu’en ce qui concerne l’Union africaine (UA), "le Maroc avait fait le pari sur la possibilité d’avoir un impact sur la présence de la RASD au sein de cette organisation".
"En demandant son admission à l'UA, le Maroc a essayé d’influencer la position de la RASD comme un pays fondateur membre de l’Union africaine.
Après avoir échoué de l’extérieur pendant 30 ans, il a connu le même échec à l’intérieur de l’organisation africaine", a-t-il fait observer, assurant que, la position de la RASD s’est consolidée et a même été beaucoup plus visible sur le plan régional et international.
Passant en revu les principales décisions de l’UA, M. Oubi précise, en outre, que le dernier sommet extraordinaire de l'UA tenu le 6 décembre dernier a envoyé un signal très fort à Rabat à travers "une décision à la double importance".
Le responsable sahraoui rappelle notamment que l’UA considère la République sahraouie et le Maroc comme étant deux Etats membres en conflit et leur demande d’engager des négociations directes pour arriver à un accord sur un nouveau cessez le feu qui est différent du format précédant.
"L’UA a également appelé le Conseil pour la paix et la sécurité (CPS) à se saisir de nouveau de la question du Sahara occidental, ce qui constitue une volonté bien affichée de sa part de récupérer son rôle fondamental dans la recherche d’une solution à ce conflit", a-t-il noté.
Concernant le développement de la situation au Sahara occidental et la reprise de la lutte armée par le Front Polisario, le responsable sahraoui assure qu’il s’agit d’une réalité qui a été imposée par le Maroc à travers la violation du cessez le feu le 13 novembre dernier.
"C’est une décision qui a été prise par le peuple sahraoui, c’est le Maroc qui devrait être tenu pour responsable sur cette issue malheureuse mais aussi sur les conséquences sur la paix et la stabilité régionale", a-t-il tranché. (SPS)
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