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Sahara Occidental: soutien renforcé de l'ONU, la décision de Trump largement rejetée

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Chahid ElHafedh, 14 déc 2020 (SPS) Les Nations unies ont renforcé leur appui à la cause sahraouie en insistant sur l’application de leurs résolutions pour régler le conflit au Sahara occidental, au lendemain de l'annonce par le président américain sortant Donald Trump de la reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le territoire occupé, une décision largement dénoncée.
L'ONU qui ne cesse de souligner que sa position à l'égard du conflit sahraoui reste "inchangée", a réaffirmé être "convaincue qu’une solution à la question du Sahara occidental est possible conformément aux résolutions pertinentes du Conseil de sécurité", selon les déclarations vendredi d porte-parole du SG de l’ONU, Stéphane Dujarric.
Ces propos ont été de nouveaux confirmés le lendemain par le SG de l'ONU lui-même, Antonio Guterres. "Nous l’avons dit très clairement, pour nous (ONU), en ce qui concerne le Sahara occidental, tout reste inchangé. Et la solution au (conflit) ne dépend pas de la reconnaissance des Etats individuellement. Cela dépend de l’application des résolutions du Conseil de sécurité, dont nous sommes les gardiens", a-t-il déclaré.
Le SG de l'ONU s'est exprimé ainsi en marge d'un sommet sur le climat, en réponse à une question sur la décision de Trump, de se démarquer du consensus au sein du Conseil de sécurité sur le règlement de cette question de décolonisation.
Le soutien des Nations unies à la cause sahraouie vient d'être renforcé également par l'adoption vendredi, sans vote, par l'AG d'une résolution dans laquelle elle appuie la solution garantissant au peuple du Sahara occidental son droit à l'autodétermination.
Dans cette résolution, l'Assemblée générale réaffirme son appui au processus de négociation en vue de "parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l'autodétermination du peuple du Sahara occidental".
Dans le texte, elle rappelle "le droit inaliénable de tous les peuples à l'autodétermination et à l'indépendance, conformément aux principes énoncés dans la Charte des Nations unies et dans sa résolution 1514 (XV) du 15 décembre 1960 et d'autres résolutions qu'elle a adoptées".
Aussitôt, la nouvelle résolution onusienne a été saluée par les Sahraouis, par le biais du représentant du front Polisario à l'ONU, Si Mohamed Omar, y voyant "un coup dur pour l'occupation marocaine et ses tentatives visant à dénaturer la cause sahraouie".
Il s'agit selon le diplomate sahraoui, d'une résolution qui "va renforcer la position annoncée par le SG  de l'ONU, Antonio Guterres, sur le statut légal du Sahara occidental en tant que question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers le peuple sahraoui en exerçant son droit immuable à autodétermination".
En parallèle, les réactions dénonçant la normalisation des relations israélo-marocaines moyennant la reconnaissance par Donald Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental se poursuivent à travers le monde.
Dans ce contexte, l'ex-envoyé spécial de la Mission des Nations unies pour le référendum au Sahara occidental (MINURSO), Francesco Bastagali, a appelé au rejet de la décision du président américain sortant invitant la nouvelle administration de Joe Biden "à revenir sur cette décision conformément à la légalité internationale comme cadre pour résoudre la question sahraouie".
S’exprimant lors d’une conférence parlementaire européenne pour le soutien au peuple sahraoui, organisée samedi par visioconférence, M. Bastagali a affirmé que le Conseil de sécurité "doit prendre une position contre cette démarche unilatérale", car "elle porte atteinte à la paix et à la sécurité internationales".
Dans une déclaration publiée à l'issue de ses travaux, la conférence interparlementaire européenne de solidarité avec le peuple sahraoui a condamné la déclaration de Trump affirmant que cette démarche constitue "une violation grave de la Charte des Nations Unies et de l’ensemble des résolutions internationales tant de l'ONU que de l'Union Africaine (UA)".
Réitérant son appui indéfectible à la cause juste du peuple sahraoui, l'Algérie a réaffirmé dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, que "le conflit du Sahara occidental est une question de décolonisation qui ne peut être résolue qu'à travers l'application du droit international et de la doctrine bien établie des Nations Unies et de l'UA en la matière", c'est-à-dire l’exercice authentique par le peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance.
Dans ce cadre, est-il ajouté, la proclamation du 4 décembre, annoncée le 10, est "sans effet juridique, car elle contrevient à l’ensemble des résolutions des Nations Unies et notamment à celles du Conseil de Sécurité sur la question du Sahara occidental, la dernière étant la résolution 2548 du 30 octobre 2020, rédigées et défendues par le "porte-plume" américain.
S'agissant de la décision de Trump également, l'Algérie, par la voix du ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement, Amar Belhimer a affirmé que "l'initiative du président Trump de plébisciter l'occupation du Sahara occidental en lui reconnaissant une pseudo marocanité, moyennant la reconnaissance par le Makhzen de l'occupation des territoires palestiniens par l'entité sioniste, est un choix stérile et vain face à la volonté invincible des peuples contre l'occupation et la tyrannie".
Et pour le Comité national algérien de solidarité avec le peuple sahraoui (CNASPS), Donald Trump a violé le droit international en reconnaissant la prétendue souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara occidental, et "crée un risque majeur d'entraver le processus de paix au Sahara occidental conduit par le Secrétaire général de l'ONU".
Pierre Galand, président du Comité européen de solidarité avec les populations de Saguia El Hamra et Ouad Eddahab (EUCOCO), a quant à lui estimé que le Sahara occidental n'est "pas à vendre", dans une réaction à la décision de Trump.
Pour sa part, la présidente de US Western Sahara Foundation, Suzanne Scholte, a dans une lettre envoyée à la Maison Blanche, demandé au président Trump de "revenir" sur sa reconnaissance de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, et de "reconnaître plutôt" la République arabe sahraouie démocratique (RASD).
Quant à Sarah Yerkes, membre du Programme Moyen-Orient du Carnegie Endowment for International Peace, citée par le New York Times, elle a estimé dans une interview publiée par le journal New York Times que la décision de Trump n'"est qu'une déclaration sur laquelle Joe Biden peut facilement affirmer que son administration ne l’approuve pas, et de soutenir ainsi, un règlement de cette situation par les Nations Unies".
Côté sahraoui, la position du président Trump sur le Sahara occidental est perçue comme "un précédent dans la politique de l'administration américaine à l’égard de la question sahraouie" et "une violation flagrante du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination", selon les propos du représentant du Front Polisario en France, Mohamed Sidati.
De son côté, la Conseillère du président sahraoui, Nanna Lebatt Rachid, a qualifié samedi de "non événement" la reconnaissance par Trump de la prétendue souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, estimant que le régime du Makhzen "a vendu la cause palestinienne pour un tweet". (SPS)
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